RINGO LAM : L’INCENDIAIRE
Genre : Livre
LE PITCH
Auteur de polars éminemment politiques comme City on Fire, Full Alert, School on Fire, ainsi que de Burning Paradise, un des plus grands films de sabre des années 1990, Ringo Lam a sondé les bas-fonds de Hong Kong et sa violence intrinsèque. Trop souvent dans l’ombre de ses confrères John Woo et Tsui Hark, il a lui aussi connu une expérience américaine, plus ou moins heureuse, aux côtés de l’acteur Jean-Claude Van Damme. Cinéaste radical et enragé, Ringo Lam aime tellement sa vil…
Dans les ténèbres de Hong-Kong
Après avoir exploré plus largement la grande époque du cinéma hongkongais, Aardvark Edition opère un zoom sur l’un de ses plus éminents architectes : Ringo Lam. L’auteur d’œuvre culte comme City on Fire, Full Alert ou Burning Paradise mais resté bien souvent dans l’ombre de cinéastes plus populaires et lumineux. Un éclairage, nécéssaire, signé Sébastien Lecocq.
Collègue des talents de la nouvelle vague HK, copain et collaborateur régulier (mais indépendant) de Tsui Hark, cinéaste ayant connu malheureusement plus d’échecs que de succès aux box-office, Ringo Lam restera toujours à part dans le paysage du cinéma chinois. Autant par son statut tour à tour célébré par le public puis rapidement oublié pour devenir la coqueluche des cinéphiles et spécialistes, mais aussi par une œuvre moins fournie que d’autres et surtout moins constante. D’ailleurs comme le rappelle l’auteur de l’essai, Sébastien Lecocq, collaborateur de Cinémag Fantastique, HKMania et de la collection Darkness, censure et cinéma, Ringo Lam a commencé sa carrière non pas sur le terrain du polar sombre et sec, mais bien de la grosse comédie cantonnaise avec Esprit d’amour ou Rien ne sert de mourir (Aces Go Places IV). C’est avec City on Fire, son film le plus connu sans doute aussi pour les emprunts que lui fera Tarantino pour son Reservoir Dog, que l’identité de Ringo Lam cinéaste va véritablement se façonner. Un regard anti-romantique du polar et du film d’action, une approche nerveuse, des tonalités sombres et désespérées, une confrontation directe à la réalité la plus brutale de Hong-Kong, citée vibrante mais toujours corrompue.
Raviver la flamme
Prison on Fire 1 & 2, School on Fire, Full Alert, Le Temple du lotus rouge, ce Ringo Lam traite bien évidement des œuvres essentielles du bonhommes, mais aussi des tentatives parfois plus surprenantes et commerciales, répondant souvent à une volontée de se reconnecter avec un public particulièrement injuste, comme Wild Search, The Adventurers, le chaotique et débridé Full Contact, le thriller horrifique Victim et bien entendu ses trois collaborations incontournables et assez fructueuses avec JCVD : Risque Maximum, Replicant et In Hell. L’auteur de l’ouvrage croise, analyse et regroupe les grandes phases et les thématiques récurrentes de Ringo Lam (quitte parfois à se répéter un peu) donnant enfin à ce dernier la lumière qu’il méritait largement. Jamais fan aveugle, il n’hésite pas non plus à déplorer la triste fin de carrière du réalisateur alternant les passionnantes expériences collectives que sont Triangle et Septet et un retour tout en compromission dans une industrie désormais sous la coupe continentale avec Wild City et Sky on Fire. Chaque grand chapitre est en outre accompagné d’une intervention d’un autre spécialiste du cinéma asiat’, avec en particulier Arnaud Lanuque et David Martinez, ce dernier permettant de reproduire ici le long entretien qu’il avait mené avec Ringo Lam en 2000 pour le mythique n°14 de la revue HK : Extrême-Orient Cinéma. L’absence d’entretien inédits avec quelques collaborateurs de Lam, est finalement la seule chose qui manque véritablement à ce Ringo Lam L’incendiaire pour être vraiment parfait.
Une lecture particulièrement intéressante dans tous les cas, informée et passionnée, qui donne (et c’est peut-être aussi le but) furieusement envie de replonger dans son œuvre et de donner quelques coups aux trains de certains éditeurs vidéo.