RENCONTRE AVEC MELVIN ZED
LE spécialiste de la saga Mad Max
Après la sortie du documentaire Archeologist of Wasteland en 2019 ((bientôt disponible chez Ecstasy of films) puis un an après d’un formidable livre consacré au premier Mad Max, Melvin Zed « illustrateur Madmaxologue », comme il se définit lui-même, est devenue une référence de l’univers créé par George Miller, et plus généralement du cinéma australien ou « Ozploitation ».
Nous avons ainsi pu le rencontrer récemment lors d’une soirée Mad Max organisée au cinéma Omnia à Rouen où il est venu discuter de Mad Max 2 et dédicacer son livre Mad max, Ultraviolence dans le cinéma, Partie 1, qui a été nominé par le syndicat de la Critique pour le prix du meilleur album sur le cinéma 2022.
Melvin, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?
J’ai passé les 90’s à travers la scène punk hardcore, j’y ai fait tous mes premiers fanzines, mais également toutes mes premières illustrations, pour des affiches, des pochettes de disque etc… J’ai également pris goût à l’aventure en allant faire des tournées en Europe de l’est, particulièrement en Roumanie ou en ex-Yougoslavie, juste après la fin de la guerre civile. Depuis une quinzaine d’années, j’ai abandonné la musique, mais pas le dessin, du coup je continue à faire des illustrations, pour le festival Bloody Weekend, par exemple, dont je réalise les affiches depuis quelques années, mais je fais également du graphisme pour l’éditeur Ecstasy of Films. Il y a quelques années, j’ai publié quelques articles sur le cinéma dans la revue marseillaise AAARG !. Globalement, depuis 10 ans, je suis pris entre mes boulots d’illustrations et mon taf sur Mad Max.
Comment as-tu découvert la Saga Mad Max ?
Ça ne nous rajeunit pas ! J’ai découvert les trois premiers Mad Max lors d’une soirée spéciale au cinéma, j’avais 14 ans et j’ai pris une sacrée claque ! Les Mad Max ne sont pas mes films préférés mais sans doute ceux qui me parlent le plus. Le premier, qui est mon favori, a un véritable côté Punk (même s’il n’y a pas vraiment eu de mouvement Punk en Australie). Une certaine poésie, voire une naïveté, se dégage du film de Miller. C’est d’ailleurs le plus australien de la Saga.
Peux-tu nous dire ton ressenti sur les autres films de la Saga ?
Bien sûr, comme tout le monde, j’aime beaucoup le second, on gagne un univers plus marqué, qui sera à l’origine de l’image populaire que renvoie la saga : un monde désertique où évoluent des personnages hystérique aux costumes rocambolesques, mais on perd ce qui faisait la particularité australienne du premier film. On est sur un terrain plus vague, plus international, alimenté par des thématiques plus générales. Après, le film est une réussite éclatante à tous les niveaux, même si je préfère la puissance évocatrice du premier.
Mad Max 3 semble faire l’unanimité contre lui…
Le troisième est forcément plus compliqué, mais je préfère retenir ses qualités plutôt que de ma lamenter sur ses défauts. Je note donc l’incroyable photo de Dean Semler, et la richesse de son univers. Dans la réinvention constante de l’univers, Mad Max 3 est un film incroyablement généreux. Et puis, de manière paradoxale, c’est celui qui est le plus « grand public », mais c’est aussi celui qui est le plus méconnu et sur lequel circule le plus de bêtises. Je suis vraiment las de lire les mêmes âneries à propos de Byron Kennedy, qui serait mort durant un repérage pour le film (c’est faux), sur George Ogilvie appelé à l’aide suite au décès du producteur (c’est faux) ou sur le partage du travail entre Miller et Ogilvie (l’action pour l’un, les dialogues pour l’autre, ce qui est encore une fois tout à fait faux). Si Mad Max 2 est bien plus réussi que le troisième opus, il n’y a pas vraiment de débat à ce sujet, l’ambition du troisième film et sa production sont absolument passionnantes. C’est un peu le cas avec Fury Road et ce retour incroyable sur la franchise, dégageant, après la trilogie de Max (les trois premiers films), une nouvelle trilogie passionnante, celle de la « Green Place ». Un thème présent dans le 2, le 3 et au cœur de Fury Road. Ce dernier film est gorgé de qualités, mais reste également tout à fait discutable sur un nombre incroyable de points.
Comment en es-tu arrivé à écrire cette véritable bible qu’est ce « Mad Max, Ultraviolence dans le cinéma. Partie 1 » ?
Dès l’adolescence, j’ai commencé à collectionner tout ce qui était possible en rapport avec la saga. Quand j’ai commencé à écrire dans les fanzines, l’idée a germé d’en faire un livre. J’ai effectué des recherches pendant près de quinze ans puis en 2013, tout a basculé : j’ai décidé d’aller là-bas en Australie, rencontrer du monde (acteurs, techniciens…), voir les lieux de tournage, m’imprégner d’une terre tellement différente de chez nous…. Après ce Tome 1 consacré au premier volet, suivront un tome 2 et 3 sur les autres épisodes.
Quelle fut la genèse de ton excellent documentaire Archeologist of Wasteland ? Comptes tu en refaire un ?
Non, c’était un « one shot », une occasion que j’ai saisie. Mais ça n’était absolument pas prémédité. Disons qu’un jour Adrian, le propriétaire du Musée Mad Max 2, m’a parlé de son souhait d’aller creuser dans le désert pour faire des fouilles et retrouver des trucs abandonnés là après le tournage de Mad Max 2. J’ai trouvé l’idée fascinante, et il était prévu que je sois là pour filmer tout ça, c’était en 2015, j’y suis resté pendant deux mois. L’idée, à la base, était de réaliser un petit doc que j’aurai balancé sur Youtube. Et puis, de fil en aiguille j’ai fini par trouver un plan pour être produit, on m’a donc envoyé un peu de matos et lorsque je suis revenu avec mes rushs, on m’a présenté au monteur Richard Riffaud qui a mis tout en forme. Le film a été tourné en 2015, puis il est sorti en 2019 et devrait sortir, bientôt j’espère, chez Ecstasy of Films en Bluray. Je retourne voir Adrian cette année !
Enfin, parlons de la maison d’édition qui a sorti ton livre, Rififi…
Alors Rififi c’est la maison d’édition créée par Steve Bellentani, un très vieux pote que je connais depuis les années 90. Tu devrais plutôt lui poser cette question, car c’est son projet ! Moi, je ne suis que le premier auteur a avoir signé chez lui !
Ciao Steve ! Nous avions déjà évoqué sur notre site la deuxième sortie de Rififi, l’autobiographie d’Enzo Castellari « Inglorious Bâtard »…Peux-tu nous parler de ton parcours et de cette maison d’édition qu’on suit de très près chez Regard Critique ?
Steve Bellentani : Alors, j’ai d’abord étudié le cinéma et les arts plastiques, j’ai également participé à pas mal de courts métrages. Je suis ensuite parti vivre en Italie où je suis traducteur. Je vis donc entre la région parisienne et l’Italie où vivent mes enfants.
Pour Rififi, en gros c’est moi ! Melvin s’occupe de la partie graphique, mise en page des livres et nous avons deux correcteurs indépendants avec qui nous collaborons. Une copine s’occupe du site internet, on fait donc tout par nous-même dans un esprit « fait maison » mais carré !
C’est ce qui explique qu’on ait pas une sortie par mois comme d’autres éditeurs, nous on fait ça en plus de notre boulot et ça prend énormément de temps…sans compter les aléas : les problèmes financiers, d’impression… et on a ouvert Rififi en pleine période Covid !
En ce moment, nous travaillons sur le volume 2 de Mad Max et sur un autre livre dédié à un autre réalisateur de genre italien. On cherche aussi à négocier quelques traductions de livres sortis à l’étranger.