H.P. LOVECRAFT’S RE-ANIMATOR

États-Unis – 1987
Genre : Horreur
Auteur : Jeff Rovin
Nombre de pages : 276
Éditeur : Faute de Frappe
Date de sortie : 28 mars 2025
LE PITCH
: « Le silence retomba. Willett enjamba les dalles aspergées d’hémoglobine et leva le poignet de son collègue. — Il est mort. — Bien sûr, railla West. Le dosage était trop fort. — Vous l’avez tué. Vous avez tué le professeur Gruber… — Non, le corrigea-t-il, je ne l’ai pas tué. Herbert West demeura impassible alors que son œil passait du défunt à Willett. — Au contraire, je lui ai donné la vie ! »
The Resurrected
Pour célébrer les 40 ans du film Re-Animator, l’éditeur français Faute de Frappe publie la novélisation du chef-d’œuvre de Stuart Gordon, signée Jeff Rovin en 1987. Un ouvrage qui ravira les aficionados de séries B, et s’inscrit dans la lignée de la collection [Compact], qui célèbre le cinéma d’horreur, après des titres aussi parlants que La Nuit des morts-vivants, Wishmaster ou encore Slugs, Destination Amityville et Bloody Glove.
40 ans et toutes ses dents. Monument de gore, mais aussi furieux mélange d’horreur et de comédie noire, Re-Animator occupe une place de choix au panthéon du cinéma horrifique mondial depuis sa sortie en 1985. Très librement adapté d’une nouvelle d’Howard Phillips Lovecraft, Herbert West, réanimateur, datant de 1922, le film est la conjonction d’une série de talents et de circonstances qui se sont associés pour pondre un sacré monument de cinéma décomplexé. On parle évidemment du réalisateur tête brûlée Stuart Gordon, du scénariste Dennis Paoli auteur d’un script osé et jouissif, de la confiance audacieuse du producteur Brian Yuzna et des rôles marquants d’une galerie de comédiens en état de grâce : Jeffrey Combs, Bruce Abbott, Barbara Crampton ou encore David Gale. Pas de doute que l’écrivain de Providence serait extrêmement étonné de découvrir que sa courte nouvelle a donné lieu à un tel déchaînement de tripailles et de sexe. Mais force est de reconnaître qu’aux côtés de Braindead et quelques autres, Re-Animator a marqué l’histoire du cinéma gore. Succès modeste à sa sortie, il s’est taillé une réputation culte (et pour une fois, le terme n’est pas galvaudé), à l’occasion de sa carrière en vidéoclub, pour ensuite engendrer une très courte saga avec deux épisodes supplémentaires qui, malheureusement, baisseront en intensité et en qualité.
Nouvelle renaissance
L’auteur de H.P. Lovecraft’s Re-Animator, Jeff Rovin, est en quelque sorte un spécialiste de l’exercice de la novélisation, soit l’adaptation d’un film en écrit sous forme de roman, puisqu’on lui doit notamment les retranscriptions de films aussi pop-corn que Cliffhanger, Mortal Kombat, Broken Arrow ou The Game. Sur Re-Animator, Rovin ne change pas sa méthode : suivre au pied de la lettre l’œuvre dont il s’inspire pour en constituer une version parfaitement fidèle sur papier. On retrouve l’arrivée du jeune étudiant en médecine Herbert West à la Miskatonic University, ses excès dans le seul but de parvenir à créer le sérum permettant de ramener les morts à la vie, sa colocation tempétueuse avec son collègue Dan Cain, sa misogynie crasse et sa véritable obsession pour les expériences post-mortem. Les connaisseurs du film de 1985 ne s’étonneront donc pas de retrouver les plus impressionnants débordements gores (l’attaque des intestins dans la morgue), les scènes les plus marquantes (la résurrection du docteur Hill décapité, l’incroyable cunnilingus « à bout de bras » sur Barbara Crampton…), ainsi que la caractérisation à l’identique de chaque personnage (l’horrible docteur Hill, le présomptueux et impétueux Herbert West). Le tout dans un style aussi direct et efficace que pouvait l’être la mise en scène de Stuart Gordon, sans fioriture littéraire aucune, avec pour seule idée en tête de proposer un récit direct et dépourvu de gras. Pour tout amateur fétichiste du film, cette novélisation est donc un incontournable, tandis que les profanes pourront se délecter d’un concentré de série B d’horreur aussi osé qu’efficace.
Cependant, les connaisseurs de Re-Animator n’apprendront rien de plus que ce qu’ils savent déjà sur leur film fétiche, même si, et c’est à noter, Faute de Frappe a pris soin d’adjoindre à cette édition une préface inédite signée de Brian Yuzna, producteur du film original, puis réalisateur de ses deux suites, ainsi que Society ou encore Le Retour des Morts-Vivants 3. Un témoignage précieux donc.