HONG KONG ACTION : LE SABRE, LE POING ET LE FUSIL
France – 2021
Genre : Cinéma
Auteur : Marvin Montes
Nombre de pages : 188 pages
Éditeur : Aardvark Editions
Date de sortie : 14 septembre 2021
LE PITCH
Une histoire du cinéma de Hong-Kong, de ses débuts à la rétrocession de l’archipel à la Chine Populaire en 1997, …
Hong Kong on Fire
La Shaw Brothers, Bruce Lee, Jackie Chan, Tsui Hark, John Woo, Donnie Yen, et tant d’autres. Un seul ouvrage ne suffirait pas à résumer la richesse, la virtuosité, le rayonnement et l’influence du cinéma hongkongais. C’est pourtant là toute l’ambition de Marvin Montes, co-animateur de l’émission Hkast, épaulé pour l’occasion de six autres camarades partageant ses goûts et son érudition. Passionnant sur le fond, le résultat risque pourtant de décevoir sur la forme.
On est tout d’abord surpris par le format choisi. 14 x 21 cm, ce n’est pas bien grand. Pratique pour une lecture tout terrain, certes, mais un peu riquiqui pour un tel sujet. Et puis il y a ce manque flagrant d’illustrations, de photos et de couleurs. Le noir et blanc semble aux antipodes d’un cinéma coloré, fantasque et azimuté. À tort ou à raison, on s’attendait à ce qu’Hong Kong Action se rapproche davantage de Kaiju, Envahisseurs & Apocalypse de Fabien Mauro, également édité par Aardvark, indispensable pavé consacré aux monstres géant du pays du soleil levant. Enfin, et certains diront que ce n’est qu’un détail, il y a la texture du papier, rêche et grossier, très loin de l’élégance du papier glacé.
Le fait est que Marvin Montes a volontairement cherché à se démarquer d’ouvrages de référence, qu’il s’agisse de L’Encyclopédie du cinéma de Hong Kong d’Emrik Gouneau et Léonard Amara (chez Les Belles Lettres) ou encore Police vs Syndicats du Crime d’Arnaud Lanuque (chez Gope) et même des VHS et des DVD d’HK Video dont on se souvient encore des textes percutants jadis rédigés par des pointures du niveau de Christophe Gans. Courageux, Montes s’engage dans une voie parallèle, entre l’historique, l’essai universitaire et le guide du débutant. Résultat, l’expert et le cinéphile aguerri y salueront l’érudition avant d’aller voir ailleurs tandis que les curieux et les non-initiés y trouveront toutes les portes d’entrée nécessaire pour découvrir un cinéma sans aucun équivalent.
A toute épreuve
Chaque genre constituant la moelle épinière du cinéma hong-kongais offre l’opportunité de narrer l’évolution de l’industrie de l’archipel. Ainsi, le wu xia pan (ou film de sabre) est intimement lié à l’hégémonie des studios de la Shaw Brothers. Histoire qui se complète avec l’émergence du kung-fu pian et le succès de Bruce Lee. Dont le décès prématuré laissera la place à Jackie Chan et ses amis qui emmèneront le genre kung-fu sur le terrain de la comédie et ses innombrables déclinaisons. Et ainsi de suite jusqu’à la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, le départ (puis le retour) de ses auteurs vers Hollywood et l’héritage de l’âge d’or, piqûre de nostalgie en plein marasme créatif.
Les sept premières parties du livre se concluent par un choix d’oeuvres représentatives et immanquables – l’occasion pour les compères de Montes de signer quelques textes bien senties – assorties d’une watchlist en bêton armé. On saluera ainsi le grand écart de la kung-fu comedy entre Le marin des mers de Chine et le tardif mais terminal Crazy Kung-Fu de Stephen Chow ou encore un retour bienvenu sur le trop vite oublié The Big Hit de Kirk Wong, authentique bizarrerie avec Mark Walhberg. Le volet consacré à la Nouvelle Vague Hong-kongaise ne manque pas non plus d’intérêt et a le bon goût d’ouvrir nos horizons au-delà de l’évidence Tsui Hark.
Comme nous vous le disions plus haut, Hong Kong Action aurait sans nul doute bénéficié d’un regain d’ambition dans sa présentation. En l’état, la sincérité et l’intelligence de Marvin Montes font pencher la balance du bon côté pour un ouvrage méritant bien plus qu’un coup d’œil rapide.