DUNGEON CRAWLER CARL T.1
Etats-Unis – 2020
Genre : Science-Fiction, Comédie
Auteur : Matt Dinniman
Nombre de pages :512 pages
Éditeur : Lorestone
Date de sortie : 7 novembre 2024
LE PITCH
En un éclair, chaque construction humaine érigée sur Terre s’effondre, créant un gigantesque donjon : un labyrinthe infernal de 18 niveaux remplis de pièges, de monstres et de butins. Seulement quelques survivants osent s’aventurer à l’intérieur, mais une fois que vous y pénétrez, impossible d’en ressortir. Vous n’avez que quelques jours pour trouver l’escalier vers le niveau suivant ou c’est game over. Dans ce jeu, ce n’est ni votre force ni votre dextérité qui vous aidera à survivre, mais votre popularité et votre nombre de vues. Ils l’appellent Dungeon Crawler World. Mais pour Carl, c’est tout sauf un jeu.
Anteractif
Déjà plébiscité chez nos cousins anglo-saxons, la LitRPG débarque en France grâce au nouveau label Lorestone. Une littérature qui reprend à son compte tous les codes du jeu vidéo, jusqu’à la gestion des EXP et des level de zone. Si Primal Hunter (édité à la même date) en est le versant sérieux, Dungeon Crawler Carl en est le coté plus délirant et parodique.
Au départ auto-édité par son auteur en 2020 cette œuvre imaginée par et pour les fans de jeu de rôles (vidéo ou non), est d’ores et déjà devenu une success story et peut s’enorgueillir de six autres volumes déjà publiés aux USA. Un vrai engouement pour ce qui peut ressembler de prime abord à un pur délire de gamer, méchamment éméché après une nuit passée à jouer en ligne sur World of Warcraft. Ici le monde post-apocalyptique n’est pas une vision du futur mais bien une réalité qui est tombé sur la terre comme une tartine de confiture, toujours du mauvais côté, détruisant en moins d’une seconde toutes les constructions humaines et éradiquant presque toutes formes de vie abritées par la civilisation. Tout ça pour quoi ? Pour un jeu de survie retransmis dans le reste de l’univers et dont le vainqueur peut espérer reprendre possession de la terre à un énorme consortium médiatique galactique. Du grand n’importe quoi qui ne va pas s’encombrer de cohérence et d’élégance, bazardant dans les 18 niveaux de ses sous-sols à explorer, des tonnes de créatures belliqueuses (rats humanoïdes, goblins débiles, lamas mortels…), des toilettes dont les bugs incluent quelques explosions ou aspirations de la clientèle, et des boss géants sordides allant de la clodo obèse explosant les murs recouvert d’ordures à une boule de chair constitué de cochons pervers en tenues SM. Matt Dinniman aime l’humour douteux, les vannes en-dessous de la ceinture autant que le programme même du Dungeon Crawler World affiche un fétichisme relativement gênant pour les pieds. C’est gras, parfois drôle, souvent assez lourd, jamais politiquement correcte, comme une version trash d’un Borderlands fusionné avec un Fallout 76.
Guide du joueur volume 42 – Annexe
Un récit parodique et ultra référentiel qui détourne et s’amuse de tous les clichés du JDR et du MMORPG, mais qui tire autant à boulet rouge sur la téléréalité et l’individualisme moderne, mais qui surtout jongle allègrement avec les tropes du jeu de rôle. Comme tout bon ouvrage de LitRPG, Dungeon Crawler Carl fait donc apparaitre au cœur même de la fiction des scènes de tutorial, de la gestion d’EXP, la répartition des objets récoltés à droites à gauche dans son équipement, les augmentations de stats, les potions diverses et autres bonus temporaires et même des séances de crafting pouvant accoucher… d’une superbe bicyclette sidecar à charbon. Tout un art du collage et de l’accumulation qui aboutit à ce fameux Carl, brave gars sans histoire et plutôt tranquille, qui se trimbale en caleçon avec une armure sur les épaules et des genoux à pointes. Il est devenu l’acolyte de Princesse Donut, la chatte de son ex, qui grâce à un buff d’intelligence lors de leur entrée dans le jeu se révèle bien plus intelligente que lui, capable de parler et de balancer des missiles avec ses yeux. Leur relation par toujours de tout repos est vraiment plaisante à lire, tout autant que leurs confrontations à de vrais choix moraux (comme dans un titre d’Obsidian et donc avec des conséquences à prévoir…) et leurs évolutions parfois bien spectaculaires, mais l’humour raz-les-pâquerettes et un poil beauf peut parfois autant lasser que les séquences répétitives de loot et d’ouvertures de coffres bonus, constituante un peu obligatoire justement de ce genre de bouquins.
Amusant et original (pour le moment), Dungeon Crawler Carl ouvre la voie à une nouvelle forme de littérature, totalement imbriquée dans les entrelacs du monde du jeu vidéo, qui va forcément parler à tous les amateurs des MMORPG et autres Final Fantasy ou Elder Scrolls, qui s’imagineront s’embarquer avec mimine sur la voie du tank.