DESTINATION AMITYVILLE
France – 2024
Genre : Horreur
Auteur : David Didelot
Nombre de pages : 300 pages
Editeur : Faute de frappe
Date de sortie : 24 septembre 2024
LE PITCH
Retour à Long Island, dans la plus célèbre des maisons hantées. 2023 : deux lycéens français sont accueillis au 108 Ocean Avenue, chez un petit couple bien sous tous rapport. Mais les apparences sont trompeuses, et leur voyage scolaire pourrait bien se transformer en cauchemar… C’est du moins ce que pense David Monny, vieux flic à la retraite qui était là en novembre 1974 : quand il fallut débarrasser les corps après le massacre d’Amityville… Non, la fameuse baraque n’a pas dit son dernier mot !
Satan l’habite !
Après les rééditions précieuses de La Nuit des Morts-vivants, Wishmaster ou encore Slugs, la maison d’édition française Faute de Frappe récidive avec la quatrième livraison de sa collection [COMPACT] ET sa première totale création. Destination Amityville, signé David Didelot, est un retour à la maison de l’horreur…
Amityville. Rien que le nom de la plus célèbre maison hantée de l’histoire du genre suffit à évoquer un certain nombre d’images angoissantes liées à un fait-divers on ne peut plus sordide : les assassinats perpétrés en 1974 par Ronald Junior, fils aîné de la famille DeFeo, qui tua au fusil de chasse ses parents et ses frères et sœurs pendant leur sommeil. Dans l’inconscient collectif, Amityville, c’est également une série de films d’une extrême médiocrité, entamée par une œuvre plus iconique que réussie. Amityville : la Maison du Diable, réalisé par Stuart Rosenberg et sorti en 1979, raconte le cauchemar vécu par la famille Lutz, qui emménage dans les lieux deux ans après le massacre. C’est de toute évidence dans son deuxième opus, Amityville 2 : Le Possédé, signé Damiano Damiani en 1982, que la mythologie marque les esprits, par son côté extrêmement déviant et particulièrement glauque, cette séquelle est en fait un retour aux sources du mythe, illustrant directement les évènements tragiques de 1974, avec une certaine fidélité dans l’approche malsaine des rapports de la famille DeFeo. Et c’est là qu’on en arrive au roman Destination Amityville de David Didelot. Car cette nouvelle incursion dans la demeure maudite s’appuie très clairement sur l’atmosphère poisseuse et malaisante du film de Damiani, davantage que sur les différentes et médiocres itérations de la franchise. L’auteur s’avère être un très fin connaisseur, pour ne pas dire l’un des spécialistes français du mythe Amityville, puisqu’il y a consacré écrits et publications, notamment un mémorable numéro de son fanzine Vidéotopsie en 2016. Visiblement fasciné, Didelot sait ce qui fait de la légende Amityville un élément fondamental de la pop-culture et pourquoi cette maison infernale s’est forgée une réputation bien au-delà de la plupart des succédanés qui lui succéderont. Et la plupart de ces réponses se trouvent dans ce roman de 300 pages, qui prend soin de distiller progressivement une descente aux enfers, une atmosphère si particulière qui se dégageait déjà du film de Damiano Damiani. David Didelot en reprend les codes, la putrescence et la tendance au malsain, à l’interdit, aux dérives incestueuses entre des personnages jeunes et proies faciles d’une entité malfaisante.
Cochon de l’enfer
Puisque David Didelot évoque intelligemment ce qu’il connaît très bien (et grand bien lui fasse), l’auteur de Gore – Dissection d’une Collection (consacré à la légendaire collection de bouquin, paru aux éditions Artus Films en 2014) situe son intrigue entre Amityville… et le Bourget, les deux villes étant jumelées depuis 1978. Ce grand écart entre les États-Unis et la France lui permet implémenter dans la mythologie des personnages purement français, qui plus est issus du milieu lycéen, puisque Didelot est lui-même enseignant et professeur. On retrouve deux jeunes cabossés par la vie, issus d’une famille explosée : un père alcoolique et violent, une mère totalement absente, qui partent en voyage scolaire avec leur prof d’Anglais dans une famille américaine. En l’occurrence, la mauvaise, puisque les deux Français vont rapidement être « happés » par la maison d’Ocean Avenue et ses occupants. Didelot y décrit une plongée dans l’horreur mélangeant scènes oniriques, horrifiques et clairement érotiques. Les tendances et pulsions des uns et des autres s’auto-alimentant sous le joug de la demeure diabolique et d’un cochon des enfers. A cela s’ajoute un couple de seniors, lui ancien flic à la retraite ayant découvert les cadavres des Defeo, elle atteinte d’un cancer au stade terminal. Deux personnages touchant qui font le lien avec l’affaire sordide, cinquante ans plus tôt. Cette nouvelle plongée dans l’horreur du 108 Ocean Avenue se dévore littéralement sans temps mort. Dans un style très direct, Didelot y fait montre d’une belle maîtrise de son sujet et pousse à continuer la lecture avec un mélange de fascination, de répulsion et une bonne dose d’interdit. Ce page-turner absolument captivant s’achève dans un déferlement de violence et d’épouvante.
Cerise sur le gâteau de cette nouvelle sortie de Faute de Frappe, Destination Amityville bénéficie d’une préface inédite signée Chris McKinnell, fondateur et PDG de la Warren Legacy Foundation for Paranormal Research, qui poursuit le travail de ses grands-parents, Ed et Lorraine Warren, personnages qui ont inspiré la saga Conjuring, et qui ont un temps enquêté sur l’affaire Amityville…