DÉLIVRANCE : L’HISTOIRE DU FILM CULTE DE JOHN BOORMAN
France – 2023
Genre : Cinéma
Auteur : David Chappat
Nombre de pages : 206 pages
Éditeur : L’Harmattan
Date de sortie : 03 mai 2023
LE PITCH
Le tournage périlleux de Délivrance est mené par un jeune réalisateur qui prendra tous les risques après avoir affronté James Dickey, le génial et turbulent auteur du livre original. Débutant par une ballade ensoleillée, Délivrance a choqué le monde en basculant à mi-chemin dans un récit de survie déviant et horrifique. S’achevant sur une note mystérieuse et chargée de sens, il incarne l’esprit contestataire et virtuose du Nouvel Hollywood.
Dark Horizons
Cinquante ans après sa sortie, le film Délivrance garde son aura intacte. Le choc de la première vision continue à imprimer les rétines. Derrière le film de John Boorman, il y a le roman écrit par James Dickey et derrière tout cela, il y a aujourd’hui ce livre de David Chappat.
Spectateur ayant été marqué lui aussi par le film, il a le souvenir de cette première vision qui lui colle à la peau, il l’a vu, revu et analysé le spectacle dans tous les sens. Ce diplômé en sciences politiques et en droit a bifurqué pour critiquer des films sur le web et animer une émission radio sur le septième art. Comme tout passionné, il aime partager et c’est ainsi que tout naturellement naquit Délivrance : L’histoire du chef-d’œuvre de John Boorman sorti chez L’Harmattan.
L’auteur a la bonne idée de structurer son livre en deux parties bien distinctes. Quand l’une se concentre avec moult détails sur la création du film, la seconde se consacre à l’analyse de l’œuvre dans son contexte social et politique. Loin de jeter tous les lauriers au réalisateur, il n’oublie pas tout l’apport apporté par le scénariste écrivain et vice-versa, sans oublier le travail conséquent de Vilmos Zsigmond au poste de directeur de la photographie. Un travail d’équipe aux horizons divers. Si le film fut un énorme succès commercial et critique, il se vit ravir toutes les récompenses annuelles par un certain film de Coppola : Le Parrain.
En profondeur
La première partie pourrait s’apparenter à un long making of qui prendrait l’aspect d’un journal de bord. David Chappat y déballe de façon précise toutes les étapes et difficultés de l’accouchement du roman en film tout en s’attardant aussi bien sur l’auteur que sur le réalisateur. Loin d’être toujours d’accord, leurs deux caractères radicalement opposés (l’un est un homme de droite tandis que le second penche volontiers à gauche) finit par devenir un atout pour le film. On y apprend sans vraiment être surpris tant le ton du film lui correspond que Sam Peckinpah était le premier metteur en scène pressenti. Tourné en milieu naturel, l’hostilité ne fut pas uniquement du aux caprices de la faune. L’équipe a eu fort à faire avec les autochtones qui voyaient d’un mauvais œil l’image que leur donnerait le film sans compter les problèmes de censure. La durée du viol fut jugée trop longue et la MPAA aurait été moins regardante si la victime avait été une femme (!!!)
Dans sa seconde partie, Chappat y va de ses analyses. Le film comme le livre lui offre plusieurs couches de lecture notamment l’ancrage écologique de Délivrance et la place du consumérisme dans la société encombrée par la technologie de plus en plus envahissante. Mais au-delà de tout cela, il fait un parallèle intéressant sur l’homme et les frontières, l’ancien et le nouveau monde. Les deux s’imbriquent difficilement, les visions sont différentes. La cohabitation n’est possible que dans le respect de l’autre. Si les points d’entrées sont nombreux, ils ont tendance à rester en surface. On aurait aimé qu’il approfondisse davantage ses réflexions. Mais l’exercice est suffisamment appréciable pour prolonger la lecture et de se replonger dans le visionner le film.
Plus qu’un film, Délivrance ouvre le champ au nouvel Hollywood contestataire. Les illusions sont tombées, la guerre du Vietnam est passée par là. Les esprits sont marqués, David Chappat ne s’en est pas remis.