BLOODY GLOVE
France – 2016
Genre : Horreur
Auteur : Marc Falvo
Nombre de pages : 230 pages
Éditeur : Faute de frappe
Date de sortie : 12 décembre 2024
LE PITCH
« Tous des enflures. Coupables désignés. Cibles idéales de ta colère. Pourquoi essayer de mourir alors que des salauds vivent ? Pourquoi se punir soi-même quand tant d’autres le méritent ? » Cinéphile averti, révolté contre le monde, Fred a enfin trouvé sa voie. Elle sera aussi tarée que sanglante. Et rendra hommage au septième art, le vrai. Le grand. Celui qui tache.
Les griffes du zonard
Après les adaptations officielles de La Nuit des morts vivants, Wishmaster et Slugs et un chapitre totalement inédit de la saga Amityville, la saison 2024 de la collection [compact] s’achève par la réédition de Bloody Glove, variation gore et ultra référentielle autour d’un certain tueur résident à Elm Street.
Un petit bouquin à contre-courant du confort littéraire de l’édition française et qui avait déjà fait sa petite sensation en 2016 lorsqu’il avait été publié chez L’Atelier Mosésu. Sa reprise ici au sein d’une collection entièrement tournée vers les classiques du cinéma d’horreur est on ne peut plus logique puisque Bloody Glove se veut un hommage plus qu’appuyé au mythique Les Griffes de la nuit de Wes Craven et ses multiples suites, et surtout bien entendu à son incontournable croquemitaine : Freddy Krueger. Mais le roman n’est pas un hypothétique huitième opus (à la rigueur un scénario possible pour l’ancienne série Freddy, le cauchemar de vos nuit), ce brave Freddy se contentant ici de jouer les mauvais esprits, l’une des voix qui vient susurrer de bien mauvaises idées à l’oreille du pauvre Fred Parmentier. Un pauvre garçon, commercial un peu raté, looser invétéré et soumis tristoune à sa jolie Tina qui vient justement de le larguer, après l’avoir fait ruminer pendant de nombreux mois, pour se taper un adepte de la salle de sport. Son seul bonheur dans la vie ? Revisionner pour la énième fois sa saga préférée et collectionner les éditions, les posters et autres accessoires à l’effigie de la franchise New Line. Tellement triste et pathétique. Fred imagine alors commettre l’irréparable, mais même son suicide, il le foire… où alors il ne peut pas mourir… comme son icône.
Cauchemar ordinaire
De pauvre type, Fred bifurque alors violemment vers tueur sous influence, se fabriquant ses propres griffes et partant en quête de ceux qui lui ont gâché la vie : son ex et son amant, sa patronne, sa mère… et ceux qui seront sur son chemin. Entre les morceaux d’un Gainsbourg baignant à plein dans les années 80, les clins d’œil cinés (à Freddy mais pas que) et une description appuyée des sévices que fait subir le protagoniste à ses victimes, Robert Slasher (l’un des nombreux pseudos de Marc Falvo) décrit par le menu la trajectoire méchamment gore d’un petit tueur dérangé, s’adonnant enfin à ses pulsions perverses et le besoin de revanche qui lui tordait les tripes. Une écriture crue, mordante, vacharde, bourrée d’humour noir et de méchanceté gratuite, où l’on s’amuse forcément des nombreux décalques de scènes ou idées visuelles échappées de l’un des sept A Nighmare on Elm Street, où l’on retient aussi quelques haut-le-cœur parfois lorsque Fredou se montre un peu trop généreux dans les détails (visages lacéré, tripes aux sols, énucléation, tortures, viol dégueulasse…) mais où malgré tout l’auteur réussit à transmettre un petit élan de sympathie pour ce pauvre garçon, massacré par le monde réel, un quotidien gris et cruel, une société gerbante… et une mère qui lui aura flingué sa jeunesse et la tête. Oui comme dans Psychose.
Une balade meurtrière trouble et morbide dans la tête d’un tueur qui certes n’a pas tous les neurones qui se touchent mais qui a au moins de très bons goûts cinématographiques.