YURUKILL : THE CALUMNIATION GAMES
Enzai Shikkou Yuugi: Yuru Kill – Japon – 2022
Support : Playstation 5, Nintendo Switch, PC
Genre : Aventure, Shoot’em Up
Développeur : G.Rev
Éditeur : NIS America
Musique : Yuko Komiyama
Durée de jeu : Moyenne
Langue : Textes en français, voix japonaises
Date de sortie : 08 juillet 2022
LE PITCH
Accusé d’avoir provoqué un incendie criminel ayant causé la mort de 21 personnes, le protagoniste, Sengoku Shunju, est forcé de prouver son innocence et combattre pour sa liberté. En tant que l’un des six « Prisoners », il doit faire équipe avec l’une des cinq victimes, appelées les « Executioners », au sein d’un étrange parc d’attractions isolé : Yurukill Land. C’est ensemble que chacune des cinq équipes devront surmonter les prétendues « attractions » du parc afin d’obtenir ce qu’ils désirent.
La liberté au bout du laser
Toujours en quête de concepts atypiques, voir What the fuck ?, NIS nous a encore dégotté une petite perle avec Yurukill. Un visual novel criminel délirant s’achevant en shoot’em up grandiloquent imaginé par Homura Kawamoto créateur du manga Gambling School.
Pas si loin que ça de l’incontournable référence Danganronpa, Yurukill embarque un groupe de personnages hétéroclites, tous enfermés à vie pour les crimes les plus odieux, dans un parc d’attraction malsain dans lequel ils devront faire la preuve de leur innocence. Tous sont regroupés par équipe de deux, sur des principes de rapprochement parfois bien abusés, et deviennent chacun leur tour le centre d’intérêt des juges qui décideront in fine s’ils doivent pardonner ou exécuter. Accusé d’un meurtre qu’il clame ne pas avoir commis, Sengoku Shunju aimerait être le dernier debout, celui qui aura le droit à sa liberté retrouvée. Un pitch idéal pour un jeu assez prenant dans lequel Homura Kawamoto sait parfaitement nous proposer une galerie de personnages bien tarés, entre humour décalé et réflexions parfois ambiguës, en tout cas rarement anodines, et nous tenir en haleine jusque dans les dernières heures où les ultimes masques vont tomber. Bien orchestré et joliment dessiné aussi puisque les designs des protagonistes ne manquent pas de charactère et sont qui plus est accompagnés d’animations certes sommaires dans les dialogues, mais avec un poil plus de variété que d’habitude. Mais finalement s’il ne suffisait que de palabrer pour découvrir là (les ?) vérité, celle sur les organisateurs de ce jeu de massacre et sur la culpabilité avérée du héros, YuruKill ne serait sans doute qu’un soft parmi d’autre.
Pluridisciplinaire
Mais le jeu se compose en plusieurs étapes distinctes qu’il va falloir mener à bien à chaque chapitre. Une entrée en matière se fait ainsi sous la forme d’un Escape Game, succession de salles verrouillées dont il faut trouver la clef en résolvant quelques énigmes permettant de découvrir quelques indices sur l’affaire en question. Suit alors un long interrogatoire dans lequel il faut démêler le vrai du faux, prouver ses connaissances, user de sa jugeotte afin d’utiliser les indices au mieux…. Tout cela sous la pression bien entendu. Enfin, la phase finale et la plus spectaculaire, se déroule dans une salle d’interrogatoire virtuelle où l’accusé doit enfin affirmer son innocence en prenant les commandes d’un vaisseau spatial et se lancer dans un shoot’em up 3D des années 2000 ! Un mélange des genres un peu déstabilisant, parfois déséquilibré, mais qui donne véritablement du sel et du moulin à cette affaire déjà bien tarabiscotée. Forcément, les scènes d’actions, sous haute influences Gradius et R-Type, constitués de coups de boulettes fleuries, d’attaques chargées et de murs de défense à dézinguer, n’a pas la précision et les exigences de ses illustres modèles, mais reste suffisamment bourrin et nerveux pour faire illusions. Et pour ceux qui seraient largement plus à l’aise avec l’aspect cérébral du titre, la difficulté peu être largement réduite assurant quasiment une victoire sans effort.  Â
Détonnant dans le paysage des grosses sorties estivales, Yurukill est une expérience assez unique, inégale mais toujours surprenante, qui vient au passage démontrer toute la folie de certains studios de création japonais. Et comme pour une fois les textes ont entièrement été traduits en français, la curiosité est plus que jamais un très joli défaut.