UNICORN OVERLORD
Japon – 2024
Support : Playstation 5, Xbox Series, Nintendo Switch
Genre : Stratégie, RPG
Développeur : Vanillaware
Editeur : SEGA
Musique : Mitsuhiro Kaneda
Durée de jeu : Elevée
Langue : Japonais et Anglais (voix), Français (textes)
Date de sortie : 8 mars 2024
LE PITCH
Affrontez le destin et embarquez dans une aventure royale afin de reconquérir votre royaume aux côtés d’alliés dignes de confiance.
Échec et mat
Chantre d’une esthétique 2D certes anachronique mais très loin au-dessus des facilités du Pixel Art, Vanillaware (Odin Sphere, Dragon’s Crown, 13 Sentinels…) a une place très particulière dans le cœur des amateurs de RPG. Tournant toujours autour des codes classiques du genre sans jamais s’y reposer, le studio s’essaye avec Unicorn Overlord au Tactical RPG et délivre une nouvelle fois une prestation de haute volée.
Impossible comme toujours avec le studio de ne pas être frappé dès le lancement du jeu par le soin toujours aussi particulier, voir maniaque, apporté à l’approche graphique de l’aventure. Que ce soit dans les tableaux, toujours vivants et délicatement détaillés dans lesquels se développent les dialogues et les éléments du scénario, les gigantesques map d’exploration fourmillant de petits éléments et de légers mouvements, où bien entendu les batailles et attaquent spectaculaires des nombreuses unités du jeu, Unicorn Overlord multiplie à nouveau les prouesses. Les designs sont fins et élégants, les animations économes mais fluides, les éclairages travaillés, les décors généreux, et le tout est admirablement enrobé par la prestation musicale épique et mélodieuse de Mitsuhiro Kaneda (13 Sentinels, Tactics Ogre : Reborn, Caravan Stories…). Un écrin de toute beauté, pour une aventure qui, avouons-le, s’avère tout de même légèrement décevant dans son scénario. L’atmosphère médiévale fantastique est là, mais ce énième récit de reconquête du royaume par un gentil et fier héros, un ennemi particulièrement méchant, et plus généralement un univers extrêmement basique et au bestiaire on ne peut plus classique, ne pousse pas forcément à se perdre dans la grande aventure que se voudrait être Unicorn Overlord. Un peu triste de la part d’une équipe qui a signé il n’y a pas si longtemps le beaucoup plus expérimental 13 Sentinels.
Les mains dans le cambouis
Là où on retrouve cependant toute l’inventivité du studio, c’est dans son approche globale du jeu de stratégie en temps réelle. Des mécaniques forcément jamais très loin de références comme Ogre Battle ou la série des Fire Emblem, mais qui pousse sans doute plus loin que jamais les principes stratégiques et l’aspect crucial de la préparation. Sur des champs de bataille fermés, le soft oppose donc des unités, pouvant accueillir au maximum 5 personnages différents, qu’il faut déplacer en temps réel en prenant toujours en compte à la fois les conditions de victoires énoncées (conquête, protection d’une place forte, aide à un allié isolé…), la jauge de temps et bien entendu les particularités et techniques de chaque héros engagé. Lorsqu’une unité alliée entre en collision avec un ennemi, l’affichage change pour une vision en side-scrolling 2D avec deux petites grilles opposées où sont disposés les personnages (ligne avant, ligne arrière) et où l’intégralité du combat va se dérouler de manière automatique. Si une fois le combat lancé, le joueur n’est plus que spectateur, c’est qu’il a eu accès au préalable à un énorme menu lui permettant de paramétrer à l’extrême les mouvements, attaques et réponses de ses différentes unités avec un système de commandes dont les articulations font parfois penser à Final Fantasy XII. Il ne s’agit donc pas seulement de mettre un guerrier en mode attaque ou défense, mais bien de caler l’ordre de de ceux-ci, de spécifier qui fera quoi et à quel moment, et dans quelles circonstances. Vaste, profond, complexe il faut l’avouer, mais absolument passionnant et doté d’un aspect tactique d’autant plus vertigineux qu’il faut en autre garder en tête les rapports de force habituels entre les différents types de belligérants, leur capacités spéciales (actives et passives) et avoir sérieusement étoffé l’équipement de tout ce beau monde en amont.
Des paramètres et des options de gameplay comme s’il en pleuvait pour des batailles essentiellement cérébrales au détriment, en effet, des sensations plus percutantes. Peu importe, Overlord Unicorn sait aussi offrir de nombreuses respirations en proposant de longues phases d’exploration en quête de matières premières pour reconstituer les villes et villages reconquis, de nouveaux alliés (60, qui dit mieux ?) avec chacun leurs petits backgrounds plus ou moins développés, de nouveaux commerces ou de points de départs de quêtes annexes… De quoi récolter des points de renommés qui seront par la suite utilisés pur débloquer de nouvelles fonctionnalités améliorées qui feront clairement la différence lors des batailles à venir.
Même si on peut regretter un récit relativement banal par lui-même (le seul véritable défaut du jeu), Unicorn Overlord permet une nouvelle fois à VanillaWare de créer l’évènement en proposant un Tactical RPG visuellement toujours aussi renversant et dont la construction stratégique vient totalement écraser la concurrence par son pointillisme et son implacabilité. Déjà une référence au Japon et surement très rapidement par chez nous.