C’est ainsi du côté du studio de FuRyu que s’est faite la gestation du titre, un spécialiste des RPG exigeants à la japonaise, cherchant très souvent dans ses gameplays complexes une alternative à l’occidentalisation galopante du genre. Dans la foulée donc du précédent Lost Dimension, le présent The Legend of Legacy est une aventure qui avance immédiatement des arguments de poids. Son habillage esthétique tout d’abord, qui tout en restant pas très loin du poétique Bravely Default, porte clairement la marque de l’illustratrice Tomomi Kobayashi (SaGa Frontier 2) avec ses personnages adorables, ses décors bucoliques et légèrement esquissés, le tout traité avec une colorisation presque pastelle. Une imagerie charmante, de conte de fée, qui rappelle immédiatement justement la grande, et trop rare, série des SaGa… Rien de plus naturel lorsque l’on se souvient que l’excellent compositeur Masashi Hamauzu (Final Fantasy XIII) y a fait ses plus belles mélodies et que le game designer Kyoji Koizumi est responsable des systèmes de combats de Romancing SaGa 3, des SaGa Frontier et d’Unlimited SaGa. De très grands noms du genre pour un opus qui a tout de l’épisode non-officiel et qui donc, développe un effeuillage à la dure. Sous la beauté des images et la fraicheur de la douce Heroic Fantasy, The Legend of Legacy n’est pas une promenade de santé. Extrêmement riche, complet, modulable et même tactique, le gameplay du soft ne se laisse aborder que par petites touches.

Seul avec ses c… et son épée

Pas de tutorial pour se mettre en bouche, le héros choisi (parmi sept dont un chevalier grenouille… référence…) est immédiatement embarqué avec deux acolytes et se lance dans la bataille, se découvrant peu à peu de nouveaux pouvoirs, quelques affinités et poussant passer des alliances avec les éléments naturels pour se dégotter de nouveaux pouvoir. Oui mais voilà, le joueur doit découvrir par lui-même comment tout cela s’équilibre, devinant peu à peu quel type d’invocation peu retourner l’issue d’un combat… en particulier lorsque l’ennemi réagit à ce même élément ou l’attire définitivement de son côté. Un système de combat bourré de petites finesses, mais dont beaucoup de joueurs ne verront que la partie émergée. Un peu dommage, surtout que la partie exploration est on ne peut plus agréable, laissant les personnages découvrir graduellement les différents environnements disposés sur la carte du monde (avec un effet pop-up volontaire), lui permettant d’éviter les combats et même de fuir ces derniers en cas de défaite annoncée (sauf sur les boss ce qui est là aussi logique). Dans ce cas-là, la petite troupe se retrouve immédiatement au début de la zone sans perdre les gains d’item ou de niveaux. Impossible de ne pas trouver ici un grand plaisir à parcourir The Legend of Legacy, à apprécier les nombreuses trouvailles du jeu, même si pour motiver les courageux il aurait été bienvenue de creuser un peu le récit. Une quête qui va rester pratiquement jusqu’à la fin dans une brume opaque, le grand roi de l’île se contentant d’encourager le joueur à parcourir de long en large les frontières, sans vraiment d’autre finalité. On aurait pu s’attendre à mieux de la part de Masato Kato célèbre scénariste de Chrono Trigger, Chrono Cross, Baten Kaitos et Xenogears. Ainsi, même si l’on peut faire le choix entre plusieurs personnages très variés en début de chaque partie, l’incidence même de cette décision est quasiment nulle pour la suite. Un angle étonnant qui devrait en décevoir beaucoup alors qu’il aurait du mieux mettre en valeur le travail effectué sur ce RPG.

Une proposition toujours pleine d’ambitions, aux ambiances féeriques et enivrantes, mais qui met essentiellement en avant son gameplay, complexe, au détriment de l’histoire et de personnages. Ce qui cependant est toujours aussi réussi dans The Legend of Legacy est sa direction artistique, délicatement magnifié dans ce HD Remastered par un écran de jeu bien plus large, un affichage beaucoup plus fluide et des modélisations plus douces. Mais la beauté ne fait pas tout.