Pour faire un résumé de ce qu’est The Invincible, il suffit de présenter son introduction. D’entrée de jeu, on est accueilli par le plus vieux cliché de l’univers vidéo-ludique  : l’héroïne que vous incarnez se réveille… et elle souffre d’une légère amnésie. Mauvais diagnostique en vue  ? Très souvent, ce genre de banalité peut s’avérer rapidement indigeste si elle s’intègre mal dans notre quête principale. Heureusement pour le joueur, The Invincible utilise ce poncif uniquement pour lancer l’intrigue et faire un petit tutoriel des contrôles. Cette très courte introduction est à l’image du reste du jeu  : simple, direct et étrangement efficace, prenant bien le temps de poser les bases de son récit qui, pendant toute l’aventure, est clairement resté la priorité des réalisateurs du titre. Pour tenir une vision aussi claire, The Invincible joue la carte de la sobriété. Tout ce qui ne sert pas l’histoire est inutile. Les énigmes se limitent à une série de poignées à tourner ici, ou lire un enchaînement de lampes allumées là. Quelques tâches annexes viennent parfois ajouter un petit challenge optionnel ailleurs. Globalement, le game design s’articule autour d’un triptyque  »écoute, dialogue et contemplation ». Même si tout se joue à la première personne, il faut bien comprendre que le gameplay passe au second plan.

En avant l’histoire

L’ensemble des objectifs de l’aventure peuvent se résumer à  »comment réussir à quitter cette planète désertique  ? ». Et quand on dit désertique, on parle bien de désert partout. Tant et si bien que, si le titre peut offrir des visuels très intéressants, The Invincible risque aussi de tomber dans la monotonie à tout moment. C’est un piège qu’il réussit à déjouer plutôt habilement grâce à un rythme particulièrement bien calibré et à une mise en scène très efficace. Sans jamais être rocambolesques, les révélations balisent bien la progression du joueur et le poussent à aller toujours un peu plus loin pour en savoir un peu plus. Quelques décisions à choix multiples permettent aussi de mieux impliquer le joueur, même si elles n’ont pas d’impact significatif sur votre parcours. Seulement sur la conclusion. Vous pourrez peut être sauver ou non un camarade ou donner une issue sinistre à votre aventure. Quoi qu’il arrive, l’idée de bonne ou mauvaise fin n’a pas réellement de sens ici. On le dit et on le répète, dans The Invincible c’est l’histoire qui prime. On regrettera cependant que certains mystères restés présents durant toute une partie ne soient pas résolus dans tous les cas. Mais il faut bien reconnaître que c’est également l’un des thèmes du jeu: peut-être que certaines questions n’ont pas besoin de réponse.

Comment ne pas recommander The Invincible  ? Il est à la portée de toutes les bourses et reste largement accessible à tous les publics. Si vous êtes sensibles aux charmes des jeux contemplatifs qui prennent le temps de raconter leur histoire, vous serez certainement séduits par ce titre. Il présente une sobriété vidéo-ludique qui pourrait passer pour un manque de moyen, mais qui est en réalité totalement pensé autour son propos narratif et plastique  : de la survie extra-planétaire dans un style hard SF retro où le pourquoi du comment reste l’unique carburant du joueur. The Invincible, c’est un peu l’histoire du Nostromo dans Seul sur Mars avec une esthétique guerre froide. C’est un livre lent, parfois tendu, mais toujours interactif.