THE DIOFIELD CHRONICLE
Japon – 2022
Support : Playstation 5, Xbox Series X & S, PC, Nintendo Switch
Genre : Stratégie Temps Réel
Développeur : Lancarse
Éditeur : Square-Enix
Musique : Ramin Djawadi, Brandon Campbell
Durée de jeu : Longue
Langues : Anglais, Japonais (voix), Français (textes)
Date de sortie : 20 septembre 2022
LE PITCH
L’ère mythologique cède la place à une ère de grand chaos… Le monde des hommes est embourbé dans une guerre qui n’en finit pas.
Un groupe de mercenaires d’élite se faisant appeler « Renards bleus » s’élève au milieu des flammes et du chaos. On chantera leurs destins et leurs courageux exploits pour les siècles à venir. Mais au bout du compte, le nom des Renards bleus sera-t-il associé à l’espoir, ou à la plus sombre des tragédies ?
La force trop tranquille
Square Enix est en feu. Les projets pleuvent et les sorties se suivent, pour le meilleur et pour le pire. Après un Triangle Strategy très apprécié, l’éditeur revient pour nous proposer un autre RPG remue-méninges : The Diofield Chronicle. Mais là où le premier appartient au genre du tactical, le dernier est un RTS. En d’autres termes, la stratégie reste au cœur de vos décisions mais cette fois, la rapidité d’exécution sera un facteur déterminant du gameplay. Maintenant que les présentations sont faites, prenons le temps de voir si cette nouvelle licence ne confond pas vitesse et précipitation.
Les histoires narrant la géopolitique du pouvoir ont le vent en poupe ces dernières années. Le jeu vidéo n’échappe pas à cette vague et Diofield Chronicle s’inscrit parfaitement dans ce mouvement. Au premier contact, le titre présente un synopsis très alléchant, avec un contexte de changement d’ère propice à la rupture d’anciens équilibres, génératrice des troubles qui vont alimenter l’histoire. Mais si on est pris au lancement, sur la durée, le jeu ne tient pas vraiment ses promesses. L’introduction, quelque peu brouillonne, pose des bases intéressantes mais le développement de l’histoire ne va pas toujours de soi et l’ensemble s’essouffle assez rapidement par son manque d’événements marquants et son ambiance trop posée, au final. On n’est jamais amené à vraiment spéculer sur ce qui se passe et encore moins à écarquiller les yeux quand une rare révélation se dévoile. On avance assez placidement et, au bout du compte, avec un certain détachement.
Ce manque de tension est aussi lié à une bande son qui manque d’ambition et reste globalement très discrète. Le jeu semble privilégier la mise en place d’une ambiance de réflexion sur fond d’intrigue mystérieuse qui se joue en arrière-plan. Mais cette ambiance n’accompagne pas efficacement les variations de rythme du jeu, notamment sur certains combats clés, parfois difficiles. Quand on sait que des compositeurs comme Ramin Djawadi (Pacific Rim, Game of Thrones), ont participé à la bande son du titre, on se dit qu’on est peut-être passé à côté de quelque chose en termes de sonorisation épique.
Entreprenant comme un novice
Les combats reposent sur une mécanique au noyau solide. Le RTS est un genre qui exige du joueur une bonne préparation et, sur ce point, Diofield n’a pas à rougir. Il nous donne les moyens de gérer finement nos équipements, nos recrutements et nos équipes, ainsi que nos classes, classiquement dédiées à des habilités offensives, défensive ou de soutien. Et nous avons aussi droit à des invocations assez spectaculaires !
Sur le terrain, les ennemis laissent derrière eux des items qui tendent à récompenser la prise de risque si on les intègre raisonnablement dans nos prises de décisions. L’environnement est également mis à contribution, avec même la possibilité d’interagir avec certains éléments du décor. Enfin, des quêtes annexes viennent arrondir les fins d’EXP pour les plus prudents et les perfectionnistes. Bref, il y a de quoi varier les plaisirs.
Le jeu est pédagogue mais exigeant. Il ne tolère pas bien longtemps les entreprises de têtes brûlées, parties sabre au clair sans préparation. Il faudra comprendre ce que l’on fait. Pour ce faire, un gros effort a été consenti par le développeur pour que Diofield puisse se jouer à la manette. C’est indéniable. Cependant, la prise en main reste difficile. La variété des actions proposées couvre bien l’ensemble des besoins d’un RTS et l’ergonomie globale est réellement travaillée. Mais bien des détails restent encore à peaufiner dans la manière de choisir ses unités, de donner ses ordres et toutes ces opérations de base qui composent un RTS. En l’état, c’est gérable mais il y a encore de la marge pour améliorer la proposition.
2004 en temps réel
Ce manque de finition se retrouve un peu partout dans le jeu. L’histoire ne s’encombre pas d’explications et entraîne souvent le joueur et ses héros dans des situations dont on ne comprend pas toujours l’enchaînement. Rien de rédhibitoire mais le titre aurait gagné à éclairer certaines situations. Au niveau graphique, c’est la même impression qui se dégage : c’est encore dru. On a l’impression de jouer avec un rendu CG de l’ère Playstation 2. Le rendu CG, c’était le top des cinématiques à l’époque. Mais ce qui était très beau en 2004 paraît un peu brut aujourd’hui… même si, pour être tout à fait honnêtes, les anciens joueurs peuvent trouver un certain charme dans ce genre d’esthétique.
En tant que vieux joueur, ce côté mal fini nous a étrangement séduit et on a envie de dire que Diofield Chronicle ne manque pas d’atouts. L’histoire est certes un peu mollassonne mais son style de jeu est exigeant et assez plaisant pour peu que l’on s’habitue à sa prise en main. Pour autant, il reste encore trop faible pour plaire au plus grand nombre. Surtout que, dans la profusion de son catalogue, Square Enix lui-même propose des alternatives plus convaincantes, comme Triangle Strategy, que nous avons déjà évoqué et que nous recommandons encore, même s’il ne s’agit ici d’un tactical et non d’un RTS.
Si vous êtes fans des productions de l’éditeur, le titre pourrait bien vous plaire. Il faudra juste garder en tête que ce Diofield Chronicle incarne le lancement d’une licence pleine de potentiel qui reste encore immature.