THE CHANT
Canada – 2022
Support : Playstation 5, Xbox Series X et S, PC
Genre : Survival
Développeur : Brass Token
Éditeur : Deep Silver
Musique : Paul Ruskay
Durée de jeu : Moyenne
Langue : Anglais, français, allemand…
Date de sortie : 03 novembre 2022
LE PITCH
Un week-end paisible tourne rapidement au cauchemar lorsqu’un chant de cérémonie entonné en groupe ouvre l’Obscurité, une dimension psychédélique terrifiante se nourrissant des émotions négatives. Interagissez avec les membres du groupe, levez le voile sur l’origine de l’île et assistez à des révélations saisissantes sur l’univers. Pour survivre, vous devez fabriquer, combattre et échapper à un sombre culte des années 1970 et aux êtres interdimensionnels qu’il a libérés. Vous seul pouvez repousser ces créatures, faire entendre raison aux survivants, et inverser le rituel en perçant les mystères de ce culte.
Jouons autour du feu
Si Resident Evil Village s’offre un nouveau petit tour de circuit avec une version améliorée, l’évènement Survival Horror serait plutôt à chercher du coté de l’outsider The Chant. Premier titre plus que prometteur pour le jeune studio Brass Token qui justement a su piocher dans les codes du modèle Capcom mais en y ajoutant un soupçon de spiritualité.
Plutôt luxueuse d’ailleurs cette première production de l’équipe canadienne qui en plus de proposer une édition collector bien chargée à un prix relativement raisonnable par rapport à la concurrence, impose d’emblée une traduction complète (avec voix française SVP) et une finition esthétique digne des plus grosses productions du genre. Certes quelques textures, finesses de visages secondaires ou décalages d’affichages rappellent que The Chant est une production indépendante, mais l’amour est clairement dans le détail et une direction artistique qui manie un réalisme appuyé, constamment perturbé par une plongée irrémédiable progressive dans une atmosphère horrifique gothique, cauchemardesque voir malsaine. Pas franchement la retraite spirituelle espérée pour Jess, hantée par le décès de sa sœur, à qui on avait vanté une guérison psychologique assurée. A la suite d’une cérémonie new age qui tourne à la messe noire complètement délirante une porte est ouverte à une force obscure. Désormais la voici obligée de parcourir de long en large cette île isolée à la recherche des autres membres du groupe afin de reproduire la cérémonie et espérer refermer la porte à cette « obscurité ». Mais plutôt que de transformer tout l’environnement du jeu en zone hostile et cauchemardesque, les développeurs se sont amusés à reproduire sensiblement ces alternances éprouvantes des anciens Silent Hill, où l’exploration s’accompagnait de visions oppressantes, de distorsions sonores et visuelles perturbantes conditionnées par les troubles psychologiques, remettant constamment en question la légitimité de la réalité qui s’étale devant nos yeux.
à grimoire ouvert
The Chant connait ses classiques. Un peu trop bien même parfois car mine de rien cette sombre histoire de secte remontant aux années 70, et l’enquête qui l’entoure, n’est pas forcément la donnée la plus originale et la plus percutante du titre. Pas si grave puisque grâce à une alternance très réussie entre les phases d’exploration, les confrontations plus physiques et des énigmes plutôt bien pensées, le rythme ne faiblit finalement que dans les combats proprement dits, pas aussi fluides que voulus et finalement assez rébarbatifs, où l’on préfèrera aussi bien pour des raisons stratégiques que par préservation, s’enfuir en courant dans l’autre sens. Attention d’ailleurs les monstres de The Chant ne s’arrête que rarement très sagement devant une porte. Un soupçon de réalisme bienvenue que l’on retrouve directement dans la gestion précautionneuse d’un équipement fabricable mais rare, customisable mais aussi assez fragile obligeant à quelques pauses de crafting. A ces petits soupçons de RPG, il faut aussi ajouter la présence de trois jauges à surveiller : la classique santé physique, mais aussi le mental mis à mal par la moindre rencontre avec l’une des créatures monstrueuses du jeu ou quelques errances trop longues dans le noir et la spiritualité qui donne accès à quelques habilitées libérées par des prismes étranges mais qui peut aussi soigner les deux autres par un peu de méditation. De quoi éviter de finir en panique totale, prostrée et à la merci d’une invocation lovecraftienne qui passait par là. Trois données d’autant plus primordiales que leurs utilisations plus ou moins prononcées pendant le jeu impactent directement l’évolution des habilitées de Jess et l’orientation vers l’une des trois fins du jeu.
Si les premières présentations et vidéos avaient pu faire leur petit effet, la découverte plus complète de The Chant assure de la naissance d’un nouveau studio, Brass Token, ambitieux, bourré de bonnes références et de bonnes idées. Si leur première création manque encore de cette petite étincelle (une astuce de gameplay, un univers plus inédit…) pour en faire un futur classique, l’expérience vaut largement le détour et promet de prochaines productions plus flippantes encore.