YOUNG SOULS
France – 2022
Support : Playstation 5, Xbox Series, Nintendo Switch, PC
Genre : beat’em up, RPG
Musique : inconnu
Développeur : 1P2P
Durée : moyenne
Langue : français
Editeur : The Arcade Crew
Sortie : 18 mars 2022
LE PITCH
Quand Jenn et Tristan, deux jumeaux adoptés par le Professeur, découvrent qu’il a été enlevé par des gobelins cachés sous leur ville et qui veulent envahir la surface, ils prennent les armes sans hésiter !
Coups de jeune !
Si le RPG vient depuis quelques années de plus en plus infuser les autres genres du jeu vidéo, apportant dans son sillage statistiques, montées de niveau et autres équipements, les mélanges véritablement visés sont un peu moins fréquents ; et, encore moins fréquemment, on ne voit d’hybride entre RPG et beat’em all. C’est ce mélange des genres somme toute atypique que Young Souls, issu du studio français 1P2P et son équipe réduite, va tenter d’explorer pour proposer une expérience cherchant à tirer le meilleur des deux mondes.
Répondons tout de suite à la question : est-ce que Young Souls propose une révolution parvenant à offrir le mélange ultime entre ces deux genres ? Non. Mais si la question de savoir si Young Souls parvient à proposer une quinzaine d’heures plaisantes et qui, malgré quelques écueils, offre un melting-pot fort sympathique, la réponse est un vrai oui. Car il ne faut pas oublier que l’équipe de production restait réduite, et une des vraies qualités de Young Souls est de ne – généralement – pas chercher à être plus ambitieux qu’il n’en a les moyens. Ce point, s’il fait montre d’une lucidité de la part des créateurs, et leur permet de proposer une aventure qui n’explose pas en vol, fait aussi regretter qu’ils n’aient plus eu les coudées franches, tant le manque d’ampleur se révèle frustrant devant les possibilités présentées.
Taper des gobelins dans des souterrains !
Car l’aventure de ces deux jumeaux amenés à explorer des souterrains en affrontant des hordes de gobelins afin de sauver leur père adoptif, et ce faisant la ville où ils vivent, est colorée, rythmée et pleine d’idées, mais aussi quelque peu frustrante. L’exploration se mène par un système de hubs : l’un de la ville où l’on rencontre PNJ, trouve diverses boutiques, à la fois cosmétiques et destinées à augmenter la puissance des personnages ; l’autre représentant les dédales remplis de monstres et de pièges où l’on combat des ennemis nombreux – et relativement variés – par un système de combat en temps réel allant beaucoup chercher du côté du beat’em all dans ses mécaniques. Cette organisation, qui permet une narration bien organisée et au final déconnectée du gameplay (on passe quelques niveaux de combat, on tue un boss, on a une cutscene, on équipe de nouvelles armes, on en améliore d’autres, et on recommence), permet de tout bien contenir, mais nuit aussi à l’ampleur, à la facette d’exploration qu’on attend souvent dans un RPG. Ce d’autant que les nombreux systèmes secondaires, l’amélioration des armes et des armures, les sets d’armure qui offrent des bonus, la gestion du poids de l’équipement qui influe sur la vitesse du personnage (plus on tape fort/a de points de vie, moins on se déplace rapidement), ou encore les potions (aux trop long temps de rafraîchissement pour être vraiment un élément important) ou les armes secondaires et la magie, tous ces systèmes, donc, ont le mérite d’exister, mais manque singulièrement de profondeur.
Casser des dents à la carte
Tout à l’inverse du spectre, on ne pourra que louer l’accessibilité du jeu : chaque élément de gameplay peut être réglé à la volée, en plus des trois niveaux de difficulté accessible. Supprimer ou rajouter des effets, augmenter ou diminuer les PV ennemis, et ainsi de suite, on peut vraiment se créer une expérience à la carte. Et c’est fort bienvenu, tant la difficulté est par moments erratique, avec notamment des personnages extrêmement fragiles, et soumis de base à des effets de « knockback » rendant les combats, notamment face aux boss, extrêmement laborieux, surtout en début de partie. Une fois bien équipé et quelques routines de gameplay appréhendées, la difficulté en prend un coup, l’ensemble s’essoufflant en plus assez rapidement, à cause d’un renouvellement trop faible, et d’une maniabilité au final un peu raide : faire courir les personnages est laborieux, les ennemis se déplacent souvent trop vite par rapport au personnage, les esquives/roulades sont limitées par une jauge d’endurance (compréhensible dans l’approche du jeu, mais rendant le tout plus lourd). D’autant quand on joue à un joueur, et qu’on peut se retrouver pris en sandwich jusqu’à la mort de manière un peu trop frustrante : nul doute que l’expérience à deux joueurs sur le canapé est plus plaisante.
Fort heureusement, l’ensemble, malgré quelques choix discutables (mettre tout un niveau où l’on peut être tué en un coup fait radicalement pencher le jeu du côté « jeu d’action » et beaucoup moins du côté RPG), ne s’éternise pas, et propose un scénario au final très correct après une mise en place qui pouvait laisser craindre bien plus banal : on prend donc plaisir à suivre les aventures de ces jumeaux combattants et de la petite galerie de personnages aux designs plutôt réussis, même si l’on ne peut que regretter que la balance penche vraiment au final plus vers le jeu d’action que vers le RPG, laissant la place encore grande ouverte à une hybridation incontournable entre ces deux genres au final compliqués à combiner. Mais cela ne doit pas empêcher de se plonger dans cette tentative au final plutôt réussie, et bien plus réjouissante que déplaisante !