SHIN MEGAMI TENSEI III : NOCTURNE HD REMASTER
真・女神転生III-NOCTURNE – Japon – 2003/2020
Support : Nintendo Switch, Playstation 4, PC
Genre : RPG, Science-Fiction
Développeur : Atlus
Editeur : SEGA
Musique : Shoji Meguro
Durée de jeu : élevée
Langue : Voix Anglaises et japonaises, Textes français
Date de sortie : 18 mai 2021
LE PITCH
Alors que Tokyo s’apprête à connaître une nouvelle journée ordinaire, le cataclysme surnaturel de la Conception s’abat sur le monde. Le chaos se répand, les démons envahissent les ruines de la capitale, et tandis que des forces divines et maléfiques se livrent une lutte sans merci, vos choix pourront déterminer qui doit vivre, renaître ou mourir… et qui triomphera.
Legend of the Overfiend
Passé un peu sous le radar, comme tous les Shin Megami Tensei lors de sa sortie en France sur PS2, Nocturne revient sous la forme d’un tout nouveau HD Remaster entièrement doublé et avec textes français. Une aventure ardue mais marquante indéniablement.
Trop occupés à explorer la série des Final Fantasy qui, seule, faisait évènement auprès du grand public dans ces premières années de découvertes des grands RPG à la japonaise, les petits français auront mis du temps à offrir l’accueil qu’il se doit aux titres estampillés Shin Megami Tensei, sans doute longtemps décontenancés par une approche beaucoup moins permissive et un univers contemporain mêlé de mythologies cosmopolites finalement plus exotiques que la simple Fantasy aussi steampunk soit-elle. Bref, depuis le succès remarquable du spin of Persona, en particulier le dernier Persona 5 sur PS4, un titre comme Shin Megami Tensei III peut tout à fait retrouver sa place en tant que classique moderne du genre. Dix ans après les premiers opus 2D sur Super Nintendo, Nocturne marquait le pas avec son installation sur console Sony et donc une approche graphique 3D dans l’air du temps. Mais si l’épisode impose d’emblée sa différence c’est en transposant son univers ésotérique, peuplé de démons en tous genres, au lendemain d’une apocalypse depuis longtemps annoncée. Non pas un post-apo, mais un juste-après-apo, dans lequel le jeune héros, lui-même devenu mi-démon doit décider du tournant que prendra le monde dans sa reconstruction. Un cheminement qui passe en l’occurrence par de nombreux dialogues, induisant des choix multiples et des prises de positions morales, avec des personnages particulièrement bien écrits, évitant les constructions binaires.
Le RPG de demain
SMT a toujours su se départir d’un regard manichéen et c’est sans doute encore plus évident dans Nocturne, RPG au tour par tour d’autant plus intriguant qu’il cultive une atmosphère particulièrement sombre, pour ne pas dire désespérée, dans des décors urbains souvent décharnés et angoissants. Une note atmosphérique qui n’est pas étrangère non plus à la partition musicale, toujours aussi remarquable, de Shoji Meguro. Toujours aussi carrée dans son approche des combats au tour par tour, SMT approfondit encore ici sa relation avec les nombreux démons et autres créatures mythologiques (inspirées de tous les panthéons mondiaux), ennemis qui peuvent être séduits pour devenir de solides alliés voire le matériau à quelques fusions spectaculaires façon Pokémon (ou est-ce l’inverse ?). Toujours vaste, profond et… méchamment sévère, le titre cultivant une difficulté astreignante entre une poignée de premières heures baladant sans grandes explications (pas de tutorial ici) le joueur face à quelques hordes surpuissantes et des boss qui ne laissent aucun répit. Un petit coté RPG à l’ancienne donc, où chaque avancée, chaque nouvelle découverte se mérite. Pas étonnant que pour cette ressortie, l’éditeur ait décidé de glisser dans le pack un mode dit « Permissif » permettant justement de baisser la difficulté à tout moment.
Un petit pas vers un public plus large mais qui sera bien le seul puisque qu’un HD Remaster n’est pas un remake, et que les nouveautés ou petits bonus à télécharger sont en définitive des DLC payants. Reste un petit rafraîchissement de rigueur avec une qualité, forcément, revue à la hausse, mais qui travaille encore et toujours les mêmes modélisations et textures aujourd’hui bien dépassées et les mêmes environnements un peu vides. Seuls les personnages imaginés par l’excellent Kazuma Kaneko, bien plus soignés et légèrement redessinés, gagnent vraiment au change. Un remaster un peu léger donc, mais le jeu proprement dit est toujours aussi incontournable.