RISE OF THE RONIN
Japon – 2024
Support : Playstation 5
Genre : Action-RPG
Musique : Inon Zur
Développeur : Team Ninja
Durée : longue
Langue : français
Editeur : SONY
Date de sortie : 22 mars 2024
LE PITCH
Japon, 1863. Dans le chaos d’un pays ravagé par la guerre, la maladie et les agitations politiques, un Ronin s’avance pour prendre en main le destin de la natio.
Une histoire à réécrire
Réputé pour ses jeux au niveau de difficulté élevé, Team Ninja se lance dans un exercice de gymnastique surprenant avec Rise Of The Ronin en invitant à la table des joueurs plus occasionnels. Et l’on peut dire que le pari est plutôt réussi.
Il est difficile, en voyant ce Rise Of The Ronin, de ne pas le comparer avec Ghost Of Tsushima, autre exclusivité Sony qui envoie le joueur en plein Japon médiéval. Il faut dire que le titre de Sucker Punch a rencontré un grand succès, notamment au Pays du Soleil levant, grâce à son ambiance d’une grande authenticité. Pourtant, le jeu de Team Ninja était déjà en développement depuis 2015 : peut-être l’arrivée de ce rival a-t-il chamboulé les plans. Quoiqu’il en soit, les deux jeux ont de gros points en commun, à commencer par le territoire visité, même s’il s’agit de deux périodes différentes (durant la première invasion mongole en 1274 pour GOT, pendant le Bakumatsu pour ROTR). On retrouve même une certaine ambivalence chez leurs protagonistes respectifs, employant tantôt des techniques de samurai au cours d’affrontements directes, tantôt des méthodes plus détournées de ninja lorsqu’il s’agit d’assassiner une cible en toute discrétion. Enfin, les deux aventures se déroulent dans un monde ouvert. C’est une première pour Team Ninja et certains seraient certainement tentés de dire que ça se voit : l’aspect technique paraît en effet assez décevant, surtout pour une exclusivité PS5, à cause de contours et de textures qui manquent de finesse ou encore d’un effet de clipping persistant ; en outre, à quelques exceptions près, les animations sommaires des PNJ et les activités un peu trop dispersées donnent l’impression d’un certain manque de vie.
Voyage à bas coût (matsu)
L’aspect monde ouvert n’est donc pas vraiment le point fort de Rise Of The Ronin. Celui-ci s’appuie d’ailleurs sur une formule très classique, entre les camps à vider des bandits qui les occupent et des ressources à ramasser pour améliorer son équipement et concocter des potions. Mais le vrai reproche que l’on pourrait relever réside surtout dans un certain manque de liberté, puisqu’il est impossible d’escalader une paroi, tandis que le grappin dont dispose le protagoniste ne fonctionne qu’à des points précis indiqués par l’icône dédiée ; néanmoins, on obtient rapidement une sorte d’aile volante rappelant les dernier Zelda et offrant quelques nouvelles perspectives en termes de voyage. Cela dit, c’est l’occasion pour les fans de Nioh de découvrir la recette de ce dernier en mettant de côté son aspect cloisonné. Car, niveau système de jeu, Rise Of The Ronin s’appuie sur celle-ci pour proposer des combats énergiques et disputés, ainsi que des éléments de RPG toujours aussi riches en la rendant toutefois bien plus accessible. En effet, si les premiers affrontements laissent peu de place à l’erreur avec des ennemis qui frappent vite et fort, imposant l’utilisation du contre éclair pour se créer de véritables ouvertures, le jeu se montre bien moins punitif à mesure que l’on progresse, d’autant que le jeu laisse le choix entre plusieurs niveaux de difficulté que l’on peut changer à tous moments. D’une part, la jauge de vie est automatiquement restaurée après chaque combat et la distribution d’objet de soin se montre très généreuse. Il est, par ailleurs, assez aisé de monter de niveau en remplissant diverses quêtes au point d’atteindre un rang nettement supérieur à celui qui est demandé : la spirale positive fait que plus l’on libère de camps, plus on est fort et plus on est fort, plus il est facile de libérer encore plus de camps. Enfin, de nombreuses missions se jouent accompagné d’un camarade contrôlé par l’IA, ou d’un autre joueur en ligne : l’assistance offerte dans ces cas-là peut occasionnellement soulager le joueur.
Ishin !
Même dans l’approche furtive, le jeu s’avère extrêmement tolérant, puisqu’il est tout à fait possible de déclencher un combat à quelques mètres d’un autre ennemi sans déclencher d’alerte. Le champ de vision restreint des gardes laisse en outre une très grande marge de manœuvre et, au final, même lorsque l’on est repéré, la situation demeure gérable lorsque le personnage a atteint un niveau suffisamment élevé. Les experts de l’infiltration risquent donc de trouver ces séquences risibles, mais, pour des joueurs moins expérimentés, elles ont le mérite de ne pas présenter d’obstacles insurmontables. Ainsi, Rise Of The Ronin se montre bien plus accessible que les productions habituelles de Team Ninja, tout en gardant une certaine énergie grâce à la touche du studio. C’est d’ailleurs ce qui manque à Ghost Of Tsushima : quand le jeu de Sucker Punch souffre d’une grande rigidité dans les sensations ressenties manette en main, Rise Of The Ronin fait preuve d’une plus grande souplesse, soulignée par les animations et les bruitages qui font ressortir toute l’intensité d’un duel à l’arme blanche. C’est ce détail qui accroche, qui fait que l’on y revient avec un certain plaisir, malgré les graphismes dépassés ou encore l’application trop dogmatique de la formule monde ouvert qui rend la progression dans l’aventure assez machinale. Ce détail mais aussi la musique signée Inon Zur, le prolifique compositeur américain déjà à l’œuvre sur des titres tels que les derniers Prince Of Persia, Fallout et Dragon Age : d’inspiration traditionnelle japonaise, la bande-son parvient à insuffler de la vie dans ces décors un peu ternes et à faire voyager le joueur à l’ère du Bakumatsu.