RESIDENT EVIL VILLAGE
Japon – 2021
Support : Playstation 5, Xbox Series, PC
Genre : Survival Horror, Action
Durée de jeu : Court
Langue : Français disponible (texte)
Musique : Collectif
Développeur : Capcom
Éditeur : Capcom
Date de sortie : 07 mai 2021
LE PITCH
Quelques années après les événements terrifiants de Resident Evil 7, Ethan Winters et son épouse Mia ont quitté le pays pour commencer une nouvelle vie paisible, enfin libérés de leur passé tortueux. Mais le sort s’acharne de nouveau sur eux lorsque Chris Redfield enlève leur petite fille. Ethan doit de nouveau affronter l’enfer pour sauver un proche.
Cours Forest !
Nous connaissons tous la récente évolution de cette série phare. Après 3 épisodes développés sur la formule établie par Resident Evil 4, Resident Evil 7 prenait le contre-pied de ses aïeux pour explorer des horizons complètement inattendus. Quatre années et 10 millions d’exemplaires plus tard, Resident Evil 8 reprend le flambeau avec la même mécanique mais dans un village terne, face à une population locale hostile et une ambiance plus orientée action… Vous l’aurez compris : l’ombre de RE4 plane sur le dernier épisode. Qu’en est-il de son aura ?
L’ensemble de l’action de RE8 se divise en 4 grandes phases s’articulant autour d’un nœud central : le fameux village. Les domaines associés à chaque phase explorent une ambiance horrifique particulière qui, dans la plupart des cas, bénéficie d’une mise en scène de l’angoisse très bien posée. Les jeux de lumières, l’environnement sonore ou encore la finesse des graphismes : il n’y a pas à dire, c’est du grand art. Tout concourt à nous immerger dans cet univers que l’on rejette corps et âme. Et à part sur la phase finale, qui joue plutôt la carte de l’action, l’ensemble de l’aventure réussit son pari. Réellement, la manette en main, il arrive souvent qu’on n’en mène pas large. On a régulièrement eu les chocottes (enfin, les autres, hein ! Pas nous !).
Si le jeu est impeccable sur la forme, au niveau de l’histoire, en revanche, on reste sur sa faim tout le long de l’aventure. Certainement conscient de cet écueil, le jeu cherche assez maladroitement de se placer comme le nouveau point d’origine de la saga en expédiant trois ou quatre mémos et quelque clin d’œil en fin de partie. Rien n’y fait ! Sur ce point, on reste très loin de la densité de l’histoire de la famille Ashford dans RE: Code Veronica.
Le game design suit la même légèreté. En effet, on enchaîne les énigmes sagement, sans avoir à les chercher et sans motivation précise. Là où les anciens RE nous proposaient des puzzles géants, à l’échelle d’une villa, d’un château, voire presque d’une ville, Village est bien moins ambitieux et ne titille que trop rarement notre curiosité. Il nous propose une série de portes nécessitant des clés souvent cachées juste à côté. Les énigmes ne sont pas bien complexes et, contrairement à ce qui se faisait par le passé, elles ne racontent quasiment rien sur les lieux explorés.
De la même manière, on enchaîne les antagonistes sans avoir le temps de réellement les cerner. Leurs motivations ne sont pas toujours claires, très vite résumées dans un extrait de journal intime opportunément posé sur notre chemin. On en a même tuer certains sans trop de conviction. Et peu à peu, en parcourant tous ces environnements, on ne peut s’empêcher d’avoir le sentiment que le jeu nous file entre les doigts. Bien sûr, on nous a mis en tête qu’il fallait sauver notre fille en début de partie mais dans l’action, on oublie trop souvent le poids de cet enjeu. Tout va très (trop) vite et l’aventure se boucle en une douzaine d’heures, exploration comprise.
McClane vs les vampires
RE8 puise une partie de son ambiance dans l’action qui avait caractérisé RE4. Les ennemis peuvent attaquer en groupe et on peut se barricader dans une maison en bloquant les portes avec des meubles. Mais là où RE4 proposait au joueur tout un panel d’actions pour répondre aux assaillants avec efficacité et variété, RE8 est furieusement limité, au point d’en devenir assez frustrant parfois. Tout au plus, le jeu propose un système de garde peu clair, qui est plus aveuglant qu’efficace. En effet, le personnage place ses mains devant le visage alors qu’on joue en vue à la première personne. Il n’existe pas d’action d’esquive et tirer dans les jambes de nos assaillants ne les ralentira pas. On garde bien le demi-tour rapide pour pouvoir fuir mais…
… mais Ethan ne sait pas courir ! Il fait juste un petit footing, littéralement. On l’entend gémir, crier, souffrir, oui… mais la manette en main, on n’a pas du tout l’impression qu’il cour pour sa vie. Face à des ennemis bien plus vifs que nous, on en vient parfois à se détacher complètement. Il nous est même arrivé de préférer attendre qu’un coup lent nous touche plutôt que de chercher à manœuvrer notre personnage et privilégier l’attaque. Pourtant, RE8 nous invite clairement à jouer au jeu du chat et de la souris. Le level design ne laisse aucun doute et on voit bien que tous les combats ne sont pas à mener. Mais avec notre allure, on a plus l’impression de ressembler à Forest qu’à McClaine en baladant nos ennemis dans les couloirs.
Gloire au Saint Gun
RE8 compense toutefois le faible panel d’actions de son personnage par un large arsenal, facilement accessible et aux munitions relativement abondantes grâce à des ennemis plutôt généreux quand ils sont abattus. L’exploration est également payante et il ne faudra pas hésiter à faire des détours pour maximiser son pouvoir d’achat. Le retour d’un marchand permet au titre de mettre en place une économie simple qui pourvoira à nos besoins en poudre. Mais même surarmé, nous avons gardé un sentiment amer sur notre manque de capacité. C’est une question de goût : nous avons tendance à préférer une jouabilité dynamique aux joies pyrotechniques. RE8 opte clairement pour la dernière option. Chez Capcom, on en est certain : « 7 + 4 = 8 » est une opération correcte. Pour notre part, nous n’avons pas suivi tout le sens de cette formule. À n’en pas douter, le jeu est somptueux, son exploration sympathique et son ambiance horrifique très réussie. Cependant, nous n’avons pas adhéré au game design qui utilise des ficelles un peu vieillottes et qui s’avère extrêmement linéaire. Et surtout, nous avons été foncièrement déçus par la mollesse d’Ethan alors que le jeu ambitionne clairement de nous proposer de l’action.
Le titre propose au joueur qu’un seul style d’action : celui de »bourrin du gun ». Vu sous cet angle, objectivement, la formule fonctionne car elle est équilibrée. On ne pourra pas reprocher à RE8 de tromper son monde en ne sachant pas choisir son camp. De plus, si le jeu est court, il est vraiment peu cher, même sur next gen.