PROCESS OF ELIMINATION
Tantei Bokumetsu – Japon – 2021
Support : Playstation 4, Nintendo Switch
Genre : Aventure, Visual Novel
Développeur : Nippon Ichi Software
Éditeur : NIS America
Musique : Inconnu
Durée de jeu : Moyenne
Langue : Anglais
Date de sortie : 14 avril 2023
LE PITCH
Le Duc Ecartelé, un tueur en série tristement célèbre pour avoir assassiné plus d’une centaine de personnes, a plongé le pays dans le chaos à cause de ses actes ignobles. Pour mettre fin à son massacre, l’Alliance des Détectives, composée des meilleurs enquêteurs du monde entier, se réunit pour lever le voile sur l’identité du tueur. Cependant, au cours d’une série d’événements imprévus, un jeune mais remarquable détective, nommé Wato Hojo, se retrouve par hasard dans leur enquête. En rejoignant les détectives de l’Alliance sur la mystérieuse île de Morgue pour mener l’enquête sur le Duc Ecartelé, il découvre avec effroi que le tueur se trouve parmi eux ! Est-ce que ces détectives arriveront à prouver leur innocence et découvrir l’identité de la personne qui se cache derrière le Duc Ecartelé ?
The game is afoot
Nouvelle proposition pour les créateurs de Disgaea, Yomawari et Bokuhime Project, qui proposent une Murder Party à leur façon. C’est la mode en ce moment et ce retour à la cérébralité ludique d’Agatha Christie ou Conan Doyle n’a absolument rien de déplaisant, même s’il semble évident ici que la principale cible reste la saga des Danganronpa et leur petit jeu de massacre un brin sadique.
Nippon Ichi aime à titiller les frontières du genre qui l’a rendu célèbre : le Tactical RPG. A tel point que parfois on se demande même quelle mouche a pu les piquer ! C’est un peu le cas ici avec une aventure dont on retrouve partiellement le fameux damier et l’exploration de zones bien définies en 2D isométrique. Nos braves héros n’explorent pas des donjons ou des zones de batailles peuplées de pingouins belliqueux mais les pièces et les divers recoins d’un manoir et d’une ile sur laquelle ils ont été conviés. Ils ne sont pas guerriers, magiciens ou fils du diable, mais des détectives de l’extrême tentant de mettre la main sur Le Duc Ecartelé, un sérial killer qui terrifie le pays et qui semble être lui aussi retranché sur l’île de Morgue. Pas de combats enfin, mais une recherche dans ces zones de différents indices, d’informations, où il faudra autant récolter des éléments qu’aider les personnages à les analyser dans un temps limité afin de mettre le plus de billes possibles dans les mains du joueur. Là aussi il est ainsi question de mise en place stratégique car chacun de ces détectives affiche ses propres capacités, ses facilités, et il devient rapidement utile de former des équipes plus équilibrées et modulables. Plutôt intéressant même si parfois un peu redondant, ces passages sont les phases centrales de l’expérience, encadrées par de très longues phases dialoguées (dommage c’est uniquement en anglais).
Le crime est leur affaire
C’est que le scénario a été plutôt travaillé et que les personnages demandent à être connus et rencontrés, afin de révéler les grandes lignes de l’affaire et de disséminer d’autres indices ou liens. L’ouverture demande toujours de suivre sans grande interactivité l’ensemble des scènes pré-écrites, de bien enregistrer toutes les informations, tandis que la dernière rebondissant autant sur cette mise en place que sur la phase d’enquête, va venir tester l’attention et la perspicacité du jeune héros Wato Hojo par le biais de dialogues à réponses multiples où en cas d’erreurs répétés toute confiance sera perdu de la part des collègues enquêteurs et le game over pointera le bout de son nez. Un dispositif assez intéressant mais dont la structure cyclique en six chapitres aux déroulés tous identiques, en atténue forcément l’originalité, voir même n’évite pas totalement une certaine monotonie. Trop découpées, les trois phases s’enchainent de manière mécanique, et ne peuvent alors jamais vraiment faire oublier le comportement caricatural de certains personnages, un humour gamin qui tranche trop avec l’atmosphère glauque voulue, des twists un peu prévisibles et une trame qui s’enfonce un peu trop généreusement dans le surnaturel pour convaincre. L’habillage technique souffle lui aussi le choix et le froid avec une 2D pixélisée typique de NIS mais aux décors trop limités et des séquences dialoguées façon Visual Novel aux dessins très anime bien pêchus mais où là aussi les arrière-plans sont terriblement passe-partout.
On sent que le studio expérimente, s’amuse de quelques greffes hasardeuses, afin de surprendre les joueurs, mais on a souvent l’impression que lui non plus n’est pas totalement convaincu du résultat. Dommage, il y avait clairement du potentiel.