PERSONA ARENA ULTIMAX
Persona 4 The Ultimax Ultra Suplex Hold – Japon – 2012 / 2022
Support : Playstation 4, Nintendo Switch, PC, Xbox 360, Playstation 3
Genre : Combat
Développeur : Arc System Works
Musique : Shoji Meguro, Yumi Kawamura, Shihoko Hirata
Durée : élevée
Langue : Anglais
Éditeur : Atlus
Date de sortie : 17 mars 2022
LE PITCH
Une semaine après le dénouement du P1 Grand Prix, le général Teddy refait surface et s’attaque cette fois à toute la ville d’Inaba. Yu et sa bande vont avoir fort à faire pour éviter une fin du monde précipitée.
Burst it
Presque un an après le reste du monde, l’Europe peut enfin se lancer dans l’arène de Persona 4 et découvrir la collaboration électrisante entre le RPG d’Atlus et la baston 2D d’Arc System Works. Un retard qui fait découvrir des serveurs multi désespérément vide, mais qui heureusement n’enlève rien à la réussite d’un titre arcade maitrisé à l’extrême.
Véritable petite bijou du RPG moderne, mêlant Dungeon-crawler et gestion de la vie quotidienne avec une tonalité nippone délicieuse, Persona 4 était revenu grignoter du temps de vie il y a quelques mois à l’occasion d’un portage réussi sur Vita. Un retour doré qui s’accompagne désormais d’un épisode inédit Persona 4 Arena qui propose de découvrir une nouvelle aventure de la petite bande de héros quelques mois après. Adepte des scénarios complexes qui se déroulent comme un drama textuel, Arc System Works peine ici clairement à retrouver l’humour, la fantaisie et la profondeur du titre original, se perdant dans des dialogues interminables, des trames parallèles qui se répètent inlassablement où seules les courtes séquences animées signée Mad House et quelques combats en un round viennent réveiller un spectateur anglophile (pas de traduction française) qui cherche désespérément une touche skip. Dommage, puisque les arts, les décors et les ambiances sonores jouent autant sur une note nostalgie que sur une finition parfaite, et que le pitch un peu poussif permet de faire revenir quelques figures de Persona 3. Le mode scénario sent clairement le rendez-vous manqué, ne comportant aucun ingrédient de RPG (choix moraux ou embranchement scénarisés, bonus d’EXP) et ne révélant au final qu’une petite anecdote estivale pour des personnages qu’on aurait aimé suivre plus longuement. Autant pour ceux qui espéraient découvrir ici un Persona 4.5.
Persona Breaks
Heureusement, pour le reste, Arc System Works se réapproprie puissamment l’univers de la licence avec ses couleurs vives et chamarrées, les caractères contrastés, leurs mouvements et des reprises très électro-rock de la bande son. Dans les oreilles et dans les mirettes ça envoie du lourd, avec une multitude d’effets pop et lumineux mais qui n’entache jamais une lisibilité parfaite malgré une excessive vitesse d’exécution et des animations ultra-fluides et maniérées. Les créateurs de Guilty Gear et BlazBlue retrouve à merveille leur génie de la mise en scène d’un combat 2D à l’ancienne, jouant à merveille sur l’espace et le mouvement, réduisant finalement les arrières plans à des restitutions d’ambiances plutôt qu’à des tableaux vivants qui feraient parasites. Encore une fois puissamment beaux, les combats sont surtout un modèle évident de précision dans les techniques déployées jouant sur le contraste entre une débauche de délires spectaculaires, et la minutie des actions de chaque personnage (13 au total) relativement bien équilibrés. L’idée est d’ailleurs une nouvelle fois de rapprocher du ring autant les pros du pad, que les joueurs défouloir, en proposant quelques enchainements évident d’accès (raccourcis sur la gâchette de gauche par exemple), un combo primaire provoqué par un martèlement d’une seule et unique touche, capable de faire basculer une rencontre, mais forcément en deçà de l’efficacité d’un enchainement plus complexe. Même sensation du côté des quelques secondes de latente (voulue) lors d’un matraquage en règle, permettant même au moins nerveux de se faufiler loin des poings ennemis. Tous les types de joueurs peuvent ainsi y trouver leur compte et de façon presque plus convaincante que sur Blazblue Continuum Shift. Il faut reconnaitre qu’Arc System Works a particulièrement bien intégré les particularismes de la série Persona en dotant chaque héros d’une double personnalité : l’humain est essentiellement un adepte du corps à corps et des coups rapides, tandis que la Persona (doté de sa jauge d’énergie) pourvoit les attaques qui compensent les manquements de son hôte. Le mélange des deux basés sur une poignée de quatre boutons est renversant d’immédiateté et de possibilité, auxquels viennent bien entendu s’ajouter des « furies » dont les manips’ rappellent les bon vieux Street Fighter II. Une prise en main délicieusement arcade, mais toujours parcourue par cette frénésie qui permet d’accumuler les percussions aériennes, d’enchainer une roulade invincible avec une projection, le tout avec une énergie cinétique diablement excitante.
Persona 4 Arena n’a donc finalement absolument rien d’un RPG, même dans ses modes les plus exotiques, mais se révèle une réinvention bien pensée de la licence d’Atlus et surtout l’un des meilleurs jeux de baston 2D.
Reprise des cours
Et à la surprise générale, Atlus et Arc System Works ont décidé de porter Persona 4 Arena Ultimax sur Switch et PS4, ainsi que sur PC, près de huit ans après sa sortie initiale : nul besoin de ressortir ses vieilles consoles pour retrouver les combats spectaculaires de Midnight Channel. Les développeurs en ont évidemment profité pour apporter un certain nombre d’ajustements. Ainsi, même si le résultat ne saute pas forcément aux yeux, les graphismes ont été retouchés avec une définition d’image un poil améliorée. Mais les connaisseurs devraient surtout accueillir avec joie l’équilibrage de la version 2.5, resté jusqu’à maintenant exclusive aux salles d’arcade ; le mode Défi offre d’ailleurs un léger aperçu des changements apportés dans certains enchaînements. Autre détail appréciable, il est maintenant possible de choisir librement la langue des doublages, alors que la version précédente imposait un mix étrange entre anglais dans les menus et japonais au cours des combats. Enfin, le contenu téléchargeable qu’il fallait acheter à part, notamment les trois personnages supplémentaires (Margaret, Marie et Adachi), est ici disponible d’office. Pour le reste, P4AU demeure toujours aussi plaisant à jouer : malgré un système qui peut se montrer complexe, avec de nombreuses mécaniques à maîtriser, la grande souplesse de sa maniabilité permet de rapidement prendre du plaisir (à condition d’avoir un adversaire de niveau à peu près équivalent…). Cela dit, quelques jours après sa sortie, les serveurs de jeu en ligne semblent quelque peu déserts. Mais avec l’introduction du système Rollback promis pour l’été 2022, on peut encore espérer que les choses s’améliorent d’ici quelques mois.