OBSERVER : SYSTEM REDUX
Pologne – 2017 / 2020
Support : PC, Playstation 5
Genre : Science-Fiction, Policier
Développeur : Blooper Team
Editeur : Koch Media
Musique : Arkadiusz Reikowski
Durée de jeu : Élevée
Langue : Voix anglaises, textes français
Date de sortie : 23 juillet 2021
LE PITCH
Nous sommes en 2084. Dans un univers cyberpunk et sombre, bouleversé par les maladies et les guerres, vous êtes un neuro-enquêteur qui pirate l’esprit des autres. Servez-vous de leurs sentiments, pensées et souvenirs pour résoudre l’affaire et arrêter l’insaisissable tueur. Vous êtes un Observer.
Comme des larmes sous la pluie
Apparu sur PC et consoles une première fois en 2017 le >OBSERVER_ de Blooper Team a connu une petite refonte graphique et quelques menus ajouts en 2020 avec une version nommée System Redux uniquement disponible en téléchargement. Une proposition désormais disponible aussi en version physique collector incluant un CD de la bande originale et un mini artbook.
Déjà à l’origine du flippant et sensoriel Layers of Fear, le studio Blooper Team propose avec Observer un autre jeu d’aventure, mais s’égarant cette fois-ci vers la référence absolue de Blade Runner. Le film de Ridley Scott auquel, sans le nommer mais il n’y a pas besoin, le jeu reprend clairement et nettement une grande part de sa toile de fond, sa vision d’un futur décadent et oppressant mais aussi l’un de ses acteurs, le regretté Rutger Hauer qui prête ses traits et sa voix au fatigué et cynique Daniel Lazarski, recherchant son fils, et un serial killer, dans un immense hôtel en quarantaine. La particularité de ce détective étant justement d’être un Observer, capable de s’introduire dans le subconscient des autres à la recherche d’indice. Un jeu d’enquête, d’exploration à l’ancienne ne reposant jamais sur l’action, mais sur l’examen approfondi des environnements, la résolution de quelques énigmes et de nombreux dialogues. Pas une foudre de guerre, le Daniel, voir même carrément mollasson et lourdaud dans son gameplay, il est heureusement aidé par trois options de vision : organique, infrarouge et technologique, permettant de souligner et d’accéder à des indices différents.
mémoire retour
Pas mal de possibilités et surtout un scénario solidement construit, passionnant et surprenant, qui se permet même quelques incartades cyberpunk supplémentaires grâce à une poignée de quêtes annexes qui évoquent chacune à leurs manières d’autres thèmes de l’œuvre de K. Dick. Mais la force du soft réside bien entendu dans ces plongées troubles et inquiétantes dans la psyché des autres personnages. Des phases artistiquement beaucoup moins réalistes alternant les délires psychédéliques, les séquences paranoïaques, l’horreur organique et l’étrangeté façon David Lynch. Des tableaux souvent mémorables et des étapes marquantes aussi bien dans la construction du jeu que dans la mémoire du joueur. Proposition étonnante et courageuse, Observer doit malheureusement toujours composer avec quelques menus défauts typiques d’une production indépendante de ce type, c’est à dire une maniabilité pas toujours au point (les pseudo-phases d’infiltration sont assez tristes) et une poignée de fausses bonnes idées comme cette gestion du stress de Lazarski (avec trouble de la vue et du son) se réglant d’un coup de cacheton généreusement planqué dans le décor. De tous petits hiatus qui ne gâchent jamais durablement l’ambiance poisseuse d’Observer, désormais accompagnée dans cette mouture System Redux de quelques quêtes secondaires supplémentaires et surtout d’une refonte imposante des graphismes.
Un bon coup de Ray Tracing, des textures et modélisation largement affinées ne lui donne pas des airs de production PS5 triple A, mais tout de même un coffre assez solide pour ne pas avoir honte d’y être porté.