NOBODY WANTS TO DIE
Pologne – 2024
Support : PC, Playstation 5, Xbox Series
Genre : Action, Aventure, Science-Fiction
Développeur : Critical Hit Games
Musique : Mikolai Stroinski, Aleksander Zabłocki
Durée de jeu : Courte
Langue : Français disponible (texte)
Éditeur : Plaion
Date de sortie : 17 juillet 2024
LE PITCH
New York 2329. Dans cette vertigineuse dystopie, l’immortalité est possible, mais il faut en payer le prix. Après avoir frôlé la mort, le détective James Karra se voit confier une affaire confidentielle, aidé seulement de la jeune officière de liaison Sara Kai. Sur la piste d’un dangereux tueur, le temps dévoilera des secrets jalousement gardés par les hautes sphères de la ville.
Noir is beautifull
Vous cherchez à être malheureux et cynique sans effort ? Vous voulez de la qualité triple A sans en payer le prix? Vous voulez perdre vos proches à moindre frais ? Bref, vous voulez une vie en noir ? C’est exactement ce que vous promet Nobody Wants to Die: pour un prix défiant toute concurrence et une qualité d’un équilibre particulièrement pointu, vous aurez une existence crasse dans un monde lugubre. Alors ? Elle est pas belle la vie ?
La plus grande partie du charme de Nobody Wants to Die vient de sa maîtrise des codes du film noir, usés jusqu’à la corde. Vous incarnez un policier bien malheureux, qui abuse du tabac et est à un doigt de l’alcoolisme (« deux doigts !» corrige John McClane), affichant un cynisme à toute épreuve mais qui reste pourtant au service de la justice. On vous le dit, c’est un magnifique cliché… Mais celui-ci s’est développé autour d’une ambiance retro futuriste ambitieuse et particulièrement élégante, dans un New York du vingt quatrième siècle où l’architecture est restée bloquée au style art déco mais où la société a adopté les avantages et les tourments du cyberpunk. Avec ses proportions dystopiques propre aux vielles villes du futur, la cité se situe quelque part entre Bioshock et Fallout sur bien des aspects et bien qu’on ne puisse pas vraiment l’explorer, sa mise en scène dans le jeu met la ville bien en valeur. Au final, la cité dégage une ambiance très particulière, réellement accrocheuse et contribue grandement à l’identité du titre. Dans le même temps, la qualité globale de la photographie et du design sonore ne sont pas en restes. À tous les niveaux, le jeu se donne du mal pour nous mettre dans le bain. Le pad en main, on se voit portant l’imper et le chapeau, décrivant l’avancée de notre enquête, une clope froide au bec avec un lent morceau de jazz en arrière-plan, en attendant la fin de la pluie. Monde de merde !
Être pro c’est dure.
Vraiment, à ce niveau de prix, c’est à dire moins de 25 euros, on peut difficilement faire mieux sur le plan technique et artistique. Mais une telle limite sur le prix implique forcément des limites sur le game design. Le titre évolue principalement sur deux phases : la première se concentre sur l’exploration d’une scène de crime, durant laquelle on récolte les indices et on tente de reconstituer le fil des événements à coups de technologies du futur très dirigiste. La seconde phase se concentre sur les indices récoltés. Il s’agit de les connecter pour comprendre les tenant et les aboutissants de l’affaire. On associe des icônes questions avec une photo ou un enregistrement trouvé lors de l’exploration et on se laisse guider. Cette dernière mécanique n’est pas vraiment convaincante. Il y a trop de noms, les questions posées ne sont pas toujours claires et, au final, les liens de cause à effet ne nous parlent pas du tout. On se contente presque de suivre la procédure le temps de passer à autre chose. Cette rigidité est toutefois cassée par les quelques possibilités scénaristiques à découvrir en explorant les diverses répliques que l’ont choisi durant les dialogues. Ce qui donne au jeu une rejouabilité intéressante pour ceux qui ont été sensibles à l’ambiance décrite plus haut. Et à la fin d’une première partie, alors qu’on a fini par intégrer les noms et les codes de l’univers, on se surprend à vouloir relancer le jeu.
Comme le flic qui s’accroche à une vie qui le maltraite, nous nous sommes attachés à Nobody Wants to Die. Simple et efficace, il sait poser son ambiance et gérer ses limites. Ou plutôt, il se joue de nous à travers ses limites. Le jeu nous immerge dans une ville immense et convaincante alors qu’on n’en voit finalement pas beaucoup. L’affaire derrière notre enquête a des ramifications tentaculaires mais on n’y comprend pas grand-chose à la première partie. Et pourtant, l’ambiance de l’enquête nous prend peu à peu et fini par nous prendre. Entre petit budget et grandes ambitions, Critical Hit a signé là une pépite d’équilibre qui mérite notre attention car il annonce un avenir potentiellement intéressant pour le développeur.