Pour les vieux de la vieille, les Metal Slug  fleurent bon les assauts nerveux contre une horde de méchants soldats armés jusqu’aux dents. Un gameplay de run & gun ultra arcade, un esprit Rambo décalé et une esthétique de cartoon à tomber par terre, ont fait la légende d’une licence dotée de 7 grandes épisodes, et des poussières, rejetons Neo Geo longtemps cajolés par les talents de SNK. Le dernier opus datant de 2008 (sur DS) et n’ayant pas vraiment connu la gloire attendue, le titre est quelque peu tombé en désuétude. C’est là qu’intervient DotEmu, grand spécialiste de la résurrection videoludique et de la nostalgie 2D qui après avoir donné de jolis coups de fouet aux Tortues Ninja et Street of Rage a porté son intérêt sur Metal Slug. On pouvait s’attendre à un nouvel épisode cajolé à l’ancienne, démultipliant son gameplay de jeu d’action et son rythme haletant…. Le choix a pourtant été porté sur un changement complet d’approche. Metal Slug Tactics est donc bel et bien, comme son nom l’indique, un RPG Tactics.

Guerre d’usure

Un genre très particulier, marqué par les grands classiques Ogre Battle et Final Fantasy Tactics, dont le jeu en question ici reprend sérieusement toutes les grandes lignes à commencer bien entendu par ces zones de jeu quadrillées sur lesquels on déplace progressivement ses trois unités, ses alternances entre attaque de proximité, à distance et de zone et la complémentarité des personnages. Classique sauf que bien entendu, Metal Slug Tactics apporte ses petites particularités maison avec, pour respecter les racines Run & Gun, une mise en avant des déplacements qui permettent d’obtenir des points d’esquive (pour se défendre) et d’adrénaline (pour débloquer des attaques spéciales comme l’assaut aérien). Peut-être plus important encore, en préservant une proximité de groupe et en plaçant efficacement ces derniers, on peut profiter d’attaques supplémentaires de synchronisation. On peut aussi sur le terrain se dégoter quelques véhicules polluants mais destructeurs (tanks & co…), se mettre à couvert ou rebondir sur des obstacles locaux. Quelques données qui ajoutent une bonne dose de piment aux batailles qui reposent sur trois approches distinctes (escortes, élimination de cible ou destruction de bâtiments adverses) mais assez répétitives. D’ailleurs le jeu se déroule finalement toujours de la même manière avec le choix d’une région sur la carte, l’enchainement de trois missions et en cas de réussite l’arrivée du boss de zone (une gigantesque machine de guerre). L’occasion de débloquer un camp temporaire, de dégotter de nouveaux équipements et des améliorations attendues, avant de repartir au turbin.

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Certes le groupe de héros va s’étoffer peu à peu (reprenant tout ou presque les bidasses croisés tout au long des anciens softs) et chacun propose plusieurs gameplay et équipements assez différents, mais leur caractérisation et plus généralement le scénario même de Metal Slug Tactics est bien celui d’un pur jeu d’action et ne pousse pas, comme aurait pu le faire un RPG plus classique, à véritablement avancer dans l’aventure pour en découvrir la profondeur dramatique. Une proposition intéressante et dotée de très belles idées, mais qui se heurte effectivement à la nature même des Metal Slug, et à ses limites.
Là où cependant ce Tactics fait un sans-faute, c’est sur son approche esthétique. Spécialistes des graphismes 2D et des animations léchées, le studio frenchy Leikir Studio fait honneur à la tradition des Metal Slug, retrouvant les designs très typés, les environnements à l’ancienne et les morts graphiques tout en leur apportant une finition toute contemporaine. Un peu dommage qu’un tel travail soit parfois un peu gâché par de petits ralentissements ou des temps de chargement un peu long, et une ergonomie pas forcément pensée, par exemple, pour la Switch en mode portable (préparez vos loupes).

Voilà un pari plutôt risqué mais finalement assez habillement habillé. L’univers visuel des Metal Slug est respecté à la lettre, toutes les spécificités de la saga sont joliment tordues pour s’intégrer dans les codes inattendus du RPG Tactics et les assauts en eux-mêmes sont particulièrement bien négociés, entre bourinnage et réflexions stratégiques, mais il manque tout de même un moteur dramatique à tout cela, une motivation autre que de profiter des superbes dessins et des excellentes musiques de Tee Lopes (Sonic Mania, Street of Rage 4…).