Saga phare de l’ère Xbox 360 / PS3, la trilogie Mass Effect aura certainement changé la donne, en particulier dans le milieu alors très fermé du RPG occidental. Un vrai pont entre certaines mécaniques nippones et une origine très ancrée dans le pendant américain (on pense forcément aux KOTOR mais aussi des tonnes d’expérimentations PC), qui construit avec ampleur un univers de Space Opera extrêmement complexe, vaste et dépaysant. Une richesse de décors, de créatures et de cultures parfois digne d’un Star Wars ou d’un Star Trek, un mélange d’action et de gestion RPG parfaitement dosé qui s’affine de chapitre en chapitre et surtout une histoire globale imposante, épique et passionnante. Celle-ci repose d’ailleurs autant sur une ligne directrice belliqueuse que métaphysique et civilisationnelle, et surtout développe avec passion ses personnages, Shepard et les autres, par une succession de dialogues, de décisions et de rapprochements qui se répercutent à chaque jeu. Fabuleux, mais aujourd’hui un peu daté techniquement forcément, Mass Effect passe par la case attendue du Remaster. Une offre d’office bien plus généreuse que le tout-venant puisque cette Édition Légendaire propose directement les trois opus accompagnés de tous (ou presque) leurs DLC autrefois vendus un bon bras. Ces derniers sont d’ailleurs intégrés de manière naturelle dans le reste de l’aventure. On dépasse alors aisément les 100 heures de jeu.

Frères d’armes

Un vrai travail d’homogénéisation a d’ailleurs été effectué, avec certaines options comme la création du commandant Shepard, systématiquement calquées sur celles de Mass Effect 3 bien plus abouties. Cela ne sauve cependant pas toujours les petits accros du premier épisode avec son gameplay aujourd’hui un peu lourd avec ses changements d’armes laborieux et ses mises à couvert imprécises et trop risquées. Datant de 2007 le soft n’est plus aussi fringuant qu’autrefois, mais le lifting attendu se montre tout de même très efficace transformant des textures uniformes en surfaces beaucoup plus nuancées, redonnant un peu de vitalité aux visages des personnages jouables ou des dizaines d’espèces alien, élargissant les panoramas grandioses grâce à une définition 4K et un défilement 60fps sur les dernières machines, même si parfois l’abus de lens flare fait un peu penser à un cache misère. Un poil plus récent, les épisodes 2 et 3 affichent des différences moins flagrantes de ce côté-là, mais ont eu aussi été soigneusement rehaussés, voir dopés dans certaines missions particulièrement spectaculaires. Ne pouvant tout de même pas concourir avec quelques productions AAA de ces dernières années, n’accédant pas par exemple à la gueule rutilante du sympathique Mass Effect Andromeda, cette Édition Légendaire redonne un petit coup de jeune nécessaire à une trilogie qui, en dehors justement de son moteurs vieillissante, n’a rien perdu de sa superbe dès lors qu’il est question de se laisser à nouveau embarquer dans ce grand moment de science-fiction moderne, vidéoludique ou non, où l’on se souvient certainement moins des batailles à coups de laser et de pouvoirs biotiques que les heures passées à discuter avec son équipage et à comprendre l’organisation de cet univers unique et à découvrir, avec émerveillement, de nouvelles planètes. Toujours aussi mémorable.