GHOST’N GOBLINS RESURRECTION
帰ってきた 魔界村 – Japon – 1985 / 2021
Support : Xbox Series, Playstation 5, Nintendo Switch, PC
Genre : Survival platformer
Musique : Masato Kouda, Kento Hasegawa, Ryuta Hida
Développeur : Capcom
Éditeur : Capcom
Durée de jeu : Longue
Langue : Français disponible (texte)
Date de sortie : 31 mai 2021
LE PITCH
Alors que le roi Arthur et sa bien-aimée contaient fleurette sous le ciel azuré, le seigneur démon est venu tout gâcher. D’un mouvement vif, il délesta Arthur de sa reluisante armure et enleva la princesse en détresse. Affublé de son mythique caleçon blanc à cœurs rouges, Arthur se lance à la poursuite du démon et s’enfonce dans un monde englouti par les ténèbres…
Le bandit manchot
Vous avez saigné les Souls, les Bloodhorn, les Sekiro… Vous venez même de finir Returnal. Avec un tel CV, toutes les cases du hardcore gamer sur console sont cochées. Pourtant, cette gloire vidéo-ludique cache un lourd secret… Où sont les Tortues Ninja, les Battletoads, les Ninja Gaiden… ? Nous avons tous une liste de jeux qui nous ont brisés dans les années 80, alors que nous n’étions que des enfants. C’est cette époque de dingue que Capcom vient nous rappeler avec la dernière mouture de son atroce série Ghosts’n Goblins. Et en 35 ans de difficulté absurde, nous n’avons rien de mieux trouvé à dire qu’un: « Aller ! On remet ça ? ». Que voulez-vous, c’est un vieux copain !
Il n’y a pas à dire ! Le cœur de la formule n’a pas changé : Ghosts’n Goblins Resurrection (GnGR) est un simulateur de harcèlement qui ne fait absolument pas dans la dentelle. Partout où le joueur posera la pied, le jeu l’accueillera avec une montagne de trolls (dans le sens »internet » du terme). Il faudra composer entre des projectiles qui arrivent de toutes parts, des monstres qui sortent de terre, des murs ou des airs, des éléments du décor qui se retournent contre vous et même des coffres bonus aléatoirement piégés. C’est vraiment absurde ! En fait, pour faire simple, le level design est pensé comme un ennemi à part entière, littéralement. Et le joueur est voué à mourir souvent… mais alors TRÉS souvent.
Pour ajouter à la difficulté globale, la maniabilité du personnage n’est pas la plus souples, non plus. Arthur n’est pas très rapide et le saut, en particulier, vous donnera du fil à retordre. En effet, une fois en l’air, il n’y a plus de contrôle possible. Votre personnage restera emporté par son élan tant qu’il n’aura pas touché le sol. Depuis 35 ans, l’inertie de ce saut est resté la marque de fabrique de la série. Il y a bien eu l’apparition d’un double saut sur l’épisode Super Nintendo mais l’inertie étant la même, le jeu restait toujours aussi difficile. Non, réellement, il n’y a aucune alternative : le joueur est vraiment voué à mourir souvent… mais alors TRÉS souvent.
Je t’aurai à l’usure
GnGR ne change pas le cœur de sa mécanique mais apporte tout de même son lot de nouveautés afin de donner le change. Il faut bien qu’on puisse y jouer, tout de même. Sur ce point, d’entrée de jeu, le titre permet de choisir entre plusieurs niveaux de difficulté, en faisant tout de même comprendre que le niveau de difficulté normal est celui proposé par défaut. On a presque l’impression d’entendre GnGR nous chuchoter que tous les autres choix sont des niveaux pour les faibles ! Un mode coopératif est également disponible. Le deuxième joueur prendra le contrôle d’un spectre qui change de forme suivant le pouvoir choisi par le joueur. Ce spectre volant représente une aide réellement précieuse pour qui voudrait avancer dans le titre avec plus de minutie, notamment pour accumuler les trésors, les succès et collecter plus de pouvoirs. Ces pouvoirs représentent la grosse nouveauté de cet épisode. Arthur pourra élargir son panel d’actions grâce à Yggdrasil, l’arbre cosmique de la mythologie nordique, qui est aussi un arbre de compétence dans le jeu. Chaque pouvoir pourra s’acheter en récupérant des fées cachées un peu partout dans le monde du jeu. Certains pouvoirs existaient déjà dans les épisodes précédents, d’autres sont complètement inédits. Sachez également que ces pouvoirs sont cumulables. Ils finissent donc par représenter un petit arsenal très utile pour votre avancée même s’il reste toujours difficile à exploiter, chaque pouvoir demandant un temps de chargement avant d’être lancé.
L’avancée en elle-même, enfin, bénéficie d’un système de sauvegarde automatique plutôt salvateur face à la difficulté du titre. Le joueur peut reprendre sa partie depuis l’un des points de relais qu’il a débloqué. Ces points sont plus ou moins nombreux suivant le niveau de difficulté. En cours de jeu, chaque mort renverra le joueur au dernier point débloqué. Exit, donc, la formule de l’épisode PSP où je joueur revenait au même point tant qu’il avait des vies. Dans Resurrection, le chemin à refaire sera plus long mais les vies sont infinies. Quelque soient les détails la formule, on reste sur du GnG! Si les nouveautés ont de quoi plaire, les vieux de la vieille retrouveront la même maniabilité, la même inertie, la même pression que par le passé et ne bouderont pas leur plaisir. Les nouveaux comprendront l’orgueil des anciens qui les tannent avec leur « moi, de mon temps ». Et tous s’accorderont pour dire à l’unisson que c’est chaud mais c’est bon, avant de relancer une partie.
Ghosts’n Ghoblins Resurection, c’est du Ghosts’n Ghoblins! C’est genre en soi. C’est un shoot’em up avec un avion qui ne peut pas voler. C’est un plateformer avec un saut défaillant. C’est une anomalie vidéo ludique pensée pour vous briser les ailes… Et pourtant, il parvient systématiquement à nous faire croire que la prochaine partie sera la bonne. Et on se relance avec une confiance en soi à chaque fois renouvelée, alors même qu’on dépasse le milliard de morts en jeu. Que ce soit avec plaisir, rage vengeresse ou mauvaise foi (c’est toujours la faute du jeu !), on y revient inlassablement. Le jeu faisant passer la pilule de la difficulté avec une esthétique légère, attachante, presque enfantine, et son thème musical si entêtant, un peu doux dingue, complètement en phase avec son univers…
Depuis 35 ans, il y a là une magie vaudou qu’on ne s’explique pas mais qui est toujours à l’œuvre aujourd’hui. Elle fonctionne comme jamais, et c’est tant mieux !