GHOST TRICK : DÉTECTIVE FANTÔME
Ghost Trick – Japon – 2011/2023
Support : Nintendo Switch, Xbox Series, Playstation 5, PC
Genre : Réflexion
Développeur : Capcom
Éditeur : Capcom
Musique : Masakazu Sugimori
Durée de jeu : moyenne
Langue : Textes en Français
Date de sortie : 30 juin 2023
LE PITCH
C’est sous la forme d’un fantôme que je m’étais réveillé dans la banlieue de la ville, sans aucun souvenir. Pourquoi m’avait-on tué ? Qui m’avait tué ? Et… qui étais-je ? Mon âme disparaîtra aux premières lueurs de l’aurore. Je n’ai qu’une nuit. L’enquête commence !
En R.E.venant
Entre deux grosses claques, vous prendrez bien une petite caresse ? Après Street Fighter 6 et avant Exoprimal, Capcom nous propose un peu de légèreté avec le remaster d’un jeu originalement sorti sur Nintendo DS : Ghost Trick: Détective fantôme! Une intrigante histoire relatant l’enquête conduite par un mort dans une version perfusée au R.E Engine. Sortez les chamalows ! Ça va être rigolo.
Même si Ghost Trick: Détective fantôme est resté un titre relativement discret, les bases de sa mécanique de jeu avaient déjà marqué le genre du point and click au moment de sa sortie. En effet, ce sont celles que l’on a découvert avec la série des Phoenix Wright: Ace Attorney. En fait, si ces deux licences de chez Capcom ont autant de points communs, c’est parce que le fantôme et l’avocat ont le même papa : Shu Takumi. Ainsi Ghost Trick se présente-t-il sous la forme d’un visual novel s’effeuillant comme une bande dessinée interactive où la notion d’enquête est centrale dans l’histoire. Mais cette fois, contrairement à ce qui se passe chez Phoenix Wright, il n’est plus question de démêler l’agencement des événements après coup ! Oh, que non ! Tout doit être résolu au moment même où vous jouez, et avant un délais clairement fixé, quitte à remonter dans le temps si besoin est. Et comme personne n’est prophète en son temps, des retours en arrières, il va falloir en faire.
Le chevalier du fantôme
Cette mécanique de résolution sur le moment implique une dynamique bien différente de celle de Phoenix Wright, qui plaçait patiemment ses billes scénaristiques avant de faire exploser sa mise en scène dans un renversement de situation rocambolesque. Dans Ghost Trick, la tension se joue différemment. Elle repose sur le stress d’une échéance connue, qu’il faut tenir en progressant dans un environnement inconnu. L’objectif du jeu est donc de savoir manipuler les objets de cet environnement pour évoluer dans l’espace, provoquer des événements et, de fil en aiguille, trouver une solution pour remplir sa mission. Pour ce faire, en tant que fantôme, vous vous déplacez en sautant d’objet en objet, que vous hantez. Votre capacité de déplacement hors de ces objets ayant un rayon limité, l’espace du jeu devient le puzzle d’une constellation invisible pour le commun des mortels, qu’il vous appartient pourtant de résoudre dans les temps. Sinon, il faudra simplement recommencer, ce qui peut parfois s’avérer barbant quand on tarde à trouver la bonne combinaison.
Ciel mon mari !
Qu’on le veuille ou non, une fois lancé, on est pris par ces puzzles. Autant pour le challenge qu’ils proposent que pour toute la mise en scène qu’ils donnent à voir. En effet, de nombreuses actions appliquées sur les objets suscitent toute une ribambelle de réactions chez les personnages alentour. On se retrouve alors à animer les acteurs d’une pièce de théâtre un peu guignolesque où des caricatures s’opposent. En fait, entre les poses surjouées, l’humour de répétition et les animations particulièrement savoureuses de certains de ces acteurs, le terme visual novel n’est plus vraiment adéquat pour décrire ce qui se joue sous nos yeux. Et le tout est servi avec une patte graphique particulièrement fine, évoquant l’esthétique de la grande époque du Flash d’Adobe mais remise au goût du jour, avec des aplats de couleurs vives qui donnent à l’ensemble un aspect dessin animé très bien amené. À côté de l’histoire et des énigmes, l’aspect graphique contribue également a notre envie d’avancer toujours un peu plus. L’ensemble fait de Ghost Trick de simplicité qu’on ne peut que recommander.
En nous perdant entre le théâtre et la bande dessinée, Ghost Trick: Détective fantôme brouille les pistes sans pour autant chercher à nous tromper. Le jeu sais où il va du début à la fin et nous y emmène sans détour. Il donne à voir tout un panel de petites idées de gameplay sympathiques, justes et maîtrisées, dans un habillage point and click à la fois modeste et diablement précis. Et tout se déroule avec un humour attachant qui nous donne envie de lui pardonner ses quelques redondances, mécanique du retour dans le temps oblige. Mignon, simple d’accès et proposant une espérance de vie d’une dizaine d’heures, le titre est une petite friandise bienvenue dans cette été infernal.