EMIO – L’HOMME AU SOURIRE : FAMICOM DETECTIVE CLUB
ファミコン探偵倶楽部 笑み男 – Japon – 2024
Support : Nintendo Switch
Genre : Policier, Visual Novel
Développeur : Nintendo
Editeur : Nintendo
Musique : Takeshi Abo
Durée de jeu : Moyenne
Langue : Japonais (voix), Français (textes)
Date de sortie : 29 août 2024
LE PITCH
Un collégien nommé Eisuke Sasaki a été retrouvé mort, la tête couverte par un sac à papier sur lequel est dessiné un visage souriant. Ce dessin étrange n’est pas sans rappeler ceux qui caractérisaient une série de meurtres non élucidés d’il y a 18 ans, ainsi que la légende urbaine d’Emio, ou « l’Homme au sourire », un tueur en série qui offre « un sourire pour l’éternité » à ses victimes. En tant que détective de l’agence Utsugi, votre tâche consiste à enquêter sur les événements qui ont mené à la mort d’Eisuke Sasaki.
Un club très fermé
C’est un retour surprenant que celui du Famicom Detective Club, ancienne petite série de visual novel policiers développés par Nintendo à la fin des années 80. Après un double programme remake en 2021, la franchise se permet même un troisième opus totalement inédit sur Switch… et avec un PEGI 18 en prime !
Créateur des deux premiers opus, et accessoirement des anciens Metroid, Yoshio Sakamoto revient avec bonheur à son petit univers policier développé dans les précédents The Missing Heir et The Girl Who Stands Behind, initialement conçus pour la bonne vieille NES et intégralement repensés et redessinés pour une précédente compile Switch. Le jeunes enquêteur en herbe (orphelin et amnésique) et sa camarade Ayumi Tachibana ont pris du galon au sein de l’agence de détectives Utsugi, mais en dehors de quelques références à leurs passé et leur surprise de retrouver d’anciens personnages secondaires, L’homme au sourire ne partage pas d’ingrédients scénaristiques primordiaux avec les softs originaux. L’occasion pour les nouveaux joueurs (nombreux) de tenter l’expérience et de s’efforcer de démêler les entrelacs tortueux d’une terrible affaire criminelle dans laquelle un tueur au visage caché par un sac en papier arborant un inquiétant sourire étrangle ses jeunes victimes dans la nuit et les abandonne affublés à leur tour d’un sac en papier identique. Tout démarre par la découverte du corps d’un pauvre lycéen, mais rapidement les faits vont se révéler lier à une autre enquête vieille de 18 ans où se multiplient les disparitions et les faits troublants.
Un crime après l’autre
Bien charpenté, le scénario se montre très généreux en dialogues et en fausses pistes, et repose de manière bien maligne sur une bonne dizaine de personnages secondaires aux caractère bien trempés (l’intransigeante détective Junko Kuze, son collègue maladroit, un professeur qui gère mal les sentiments de ses élèves, des lycéennes trop curieuses…), mais ne va jamais se complaire dans ses notes d’humour (au final présentes mais discrètes) au profit d’une histoire aux détours de plus en plus sombres et cruels. Étonnant de la part d’un titre Nintendo qui ne va pas hésiter à plonger dans les détours du thriller psychologique presque glauque… toutes proportions gardées cela va de soi. Assez prenant donc, L’Homme au sourire est un thriller bien efficace qui profite au passage d’un habillage particulièrement réussi avec ses décors bien dessinés, ses personnages d’anime expressifs et ses petits effets d’animation sommaires mais bien placés. Finalement le seul véritable problèmes du jeu viennent justement de son manque d’inspiration ludique, l’épisode restant définitivement ancré dans les règles vieillottes des Visual Novel d’autrefois avec un gameplay (faut le dire vite) uniquement centré sur le choix restreint dans l’ordre de quelques dialogues et la rare recherche d’indices dans l’écran, avec qui plus est de nombreuses aides (comme la commande « réfléchir ») au cas où. Très limité et rébarbative, l’expérience touche des sommets lorsqu’à chaque fin de journée nos deux héros reprennent point par point les nouveaux éléments découverts et interrogent littéralement le joueur sur son attention avec des QCM de bas niveau… Et cela sans aucune incidence sur le développement de l’histoire en prime.
Alors que le genre a depuis longtemps joué la carte de la fusion et du mélange de genre pour se renouveler (au hasard les Ace Attorney ou les Danganronpa), Famicom Detective Club se cale confortablement dans sa zone de confort. Univers, personnages et récit fonctionnent parfaitement, mais pour les sensations et l’expérience récréative cela reste très limité.