Sawaki Takeyasu n’est pas forcément un nom connu du grand public, mais c’est loin d’être un anonyme dans le milieu du jeu vidéo. Il a en effet travaillé en tant qu’artiste chez Capcom sur des titres tels que Devil May Cry, Steel Battalion et Ôkami, avant de se lancer en freelance. Ce qui l’amène au développement d’El Shaddai Ascension Of The Metatron pour lequel il occupe le rôle de réalisateur, en plus de diriger le design des personnages. À l’époque de sa sortie initiale, c’est un titre assez unique qui se distingue d’une part par l’univers qu’il visite. El Shaddai fait référence au Dieu Tout Puissant et, si le jeu ne revisite pas directement la Bible, il raconte l’histoire d’Enoch en s’inspirant librement d’un livre apocryphe, c’est-à-dire non reconnu comme canonique par l’Église. Les références bibliques demeurent nombreuses puisqu’il s’agit d’affronter des anges déchus pour sauver l’humanité. Le protagoniste est d’ailleurs assisté de l’ange Lucifer (avant sa chute) qui rend régulièrement compte de l’avancée de la mission pendu à son portable. Car El Shaddai marque aussi par son histoire qui transcende le temps et l’espace en faisant voyager le joueur tantôt dans des décors abstraits, tantôt dans une ville futuriste.

Une certaine idée de l’enfer

C’est ce voyage qui fait d’El Shaddai un jeu marquant pour les quelques curieux qui ont pris le temps d’y jeter un œil. Les développeurs ont d’ailleurs choisi de proposer un système de jeu simple pour laisser le joueur profiter des décors variés, travaillés et riches en références bibliques. C’est pourquoi il suffit d’une touche pour attaquer et d’une autre pour sauter ; le troisième est dédié à la garde, mais peut tout de même être combiné avec le bouton d’attaque pour lancer une technique supplémentaire. Enfin, un dernier bouton, à utiliser lorsqu’un ennemi est sonné, permet de lui voler son arme, sachant qu’il en existe de trois types : Arch pour lancer des attaques rapides, Gale pour le combat à longue distance et Veil, une arme lente mais puissante. Tout cela suffit largement, sur le papier, pour proposer des affrontements satisfaisants, surtout pour un titre de 2011. Mais en pratique, le jeu manque malheureusement d’énergie et de précision pour vraiment convaincre : le souci est accentué par de gros problèmes de ralentissements que l’on aurait aimé voir disparaître à l’occasion de ce portage sur Switch ; il vaut mieux alors se tourner vers la version PC pour retrouver ses sensations (un peu) meilleures. Enfin, les séquences de plateforme, alternant entre style 2D et 3D, sont souvent sources de crispation, notamment lorsque le parcours semble avoir été conçu sans avoir pris en compte l’arc de saut du protagoniste.

El Shaddai Ascension Of The Metatron est une vraie curiosité qui mérite le coup d’œil pour l’atmosphère qu’il dégage à travers sa musique et ses décors. Mais d’un point de vue purement ludique, les sensations ne sont pas vraiment au rendez-vous ce qui le destine à un public averti.