DISCIPLES : LIBERATION
Canada – 2021
Support : Xbox Series, Playstation 5, PC
Genre : RPG, Stratégie
Développeur : Frima Studio
Editeur : Kalypso
Musique : Stéphane Arseneault
Durée de jeu : Élevée
Langue : Français
Date de sortie : 21 octobre 2021
LE PITCH
Libérez les terres de Nevendaar et découvrez d’innombrables histoires dans ce monde riche en détails où aucune décision n’est exempte de conséquences.
Du disciple au maître
Petite licence de Jeux de rôle stratégique profondément marquée par les racines D&D avec papier et crayons, Disciples atteint seulement son quatrième chapitre en vingt ans. Mais un retour gagnant qui vient faire la nique aux cadors du genre et proposer une aventure incroyablement vaste.
Pas forcément important d’avoir arpenté ou non les précédents Disciples: Sacred Lands et ses suites pour accéder à cette résurrection signée par l’équipe québécoise de Frima Studio (Chariot, Illusion: A Tale of the Mind). Une équipe qui clairement change drastiquement d’échelle ici en proposant un voyage épique et approfondi sur les terres de Nevendaar en compagnie d’Avyanna, héroïne unique, mais méchamment charismatique, projetée dans la cité perdue d’Yllian afin d’échapper à une mort certaine. Les raisons de cet assassinat raté, de sa venue et de sa volonté de redonner aux lieux leurs grandeurs d’antan ne se dévoileront pas si facilement, laissant longtemps et efficacement le joueur dans l’ombre, l’obligeant à rechercher les indices aux milieux des nombreuses rencontres, dialogues et pas loin de 300, vraies, quêtes. Disciples : Liberation n’a ainsi pas forcément un scénario construit et épaissi, mais se constitue comme un puzzle fragmenté qui se développe devant les yeux du joueur en fonction de ses intérêts, de son timing et de ses nombreux choix, tactiques, souvent moraux, toujours assez drastiques. Rare sont ainsi les missions qui s’achèvent par une simple cible éliminée ou un trésor rendu à son propriétaire, car celles-ci prennent souvent en compte de nombreux facteurs comme l’existence propre de la cible, ses raisons, ses qualités…
Mon empire pour un cheval
Une écriture impressionnante de richesse, que l’on retrouve bien évidemment dans les nombreuses interactions qu’aura l’héroïne avec les différentes factions et peuples qui occupent et s’étripent sur ces terres. Il n’est ainsi jamais vraiment pertinent de foncer dans le temps et de ravager l’armée adverse, parfois le dialogue permet d’arrondir les angles, de créer de véritables alliances… quitte à se mettre à dos les autres nations au passage. Jamais seule, Avyanna se constituent rapidement dans le jeu une petite troupe de héros variés et colorés, avec lesquels elle pourra ou non approfondir des relations professionnelles, amicales ou plus profondes. Troupe là aussi façonnée au grès de ses pérégrinations libres et de ses constantes décisions. Passage obligé de ce type de jeu, la restauration et l’évolution de la « base », allie alors l’exploration à la recherche de nouvelles ressources présentes sur l’importante carte du monde, mais aussi sur les accords passés avec les voisins, les nouveaux alliés et plus généralement l’aura et l’autorité que saura prendre Avyanna tout au long de la fresque. Rien n’est anodin et tous ses points relèvent de la plus grande pertinence dans la structure même des combats.
Que ceux qui m’aiment me suivent
Un système de combat au tour par tour mais avec damier hexagonal qui rappelle forcément les Heroes of Might and Magic ou le plus récent King’s Bounty II, avec la même importance des placements et des déplacements. L’aspect Échec de ces phases, l’importance d’encercler l’ennemi ou de le prendre à revers est tout aussi fondamental finalement que les équipements choisis et les techniques spéciales de chacun. Toujours au cœur des batailles, Avyanna est aussi accompagnée de diverses factions plus anonymes mais qu’elle peut disposer sur des cases de soutien en arrières, avec des actions passives ou actives. Là encore un système particulièrement riche, qui a en plus le mérite d’être parfaitement lisible et dynamique. De toute façon Disciples : Liberation affiche une très belle tenue technique, pas si évidente pour ce type de proposition, avec des modélisations 3D particulièrement soignées, des personnages et des peuples bien définis, des environnements variés et évocateurs et un moteur on ne peut plus solide. Pas de grandes cut-scenes, de cinématiques et d’envolées lyriques, le titre s’accroche à l’essentiel, imposant un récit riche et passionnant et un système de jeu « classique » mais peaufiné qui dépasse tranquillement les 80 heures de jeux et propose une poignée de fins alternatives. Et comme le dit le sage : L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage.