Dead Rising se distingue en effet d’un Resident Evil par l’aspect décalé de son action. Si la survie fait partie intégrante du système de jeu, on peut également y voir les protagonistes balayer les mort-vivants par dizaines dans ce qui pourrait faire penser à un Musô post-apocalyptique (à quelques subtilités près). Les zones visitées fourmillent en effet de zombies à perte de vue et, plutôt que de fuir, Franck et Chuck peuvent s’y donner à cœur joie et faire le ménage à coups de batte de base-ball ou de tondeuse à gazon. A partir du second volet, Dead Rising pousse même le délire un peu plus loin en s’appuyant sur un système de combinaison d’objets : avec une pagaie à deux pales, deux tronçonneuses et un peu de scotch, on peut, par exemple, créer un tout nouvel engin de mort pour moissonner dans la joie et la bonne humeur. Ce côté délirant n’empêche pourtant pas un parallèle évident avec le film Zombie de Romero, dont il s’aspire largement, au point d’avoir attiré quelques ennuis, réglés depuis, à Capcom.

La grosse armée des morts

Mais la question est toujours la même avec les versions remasterisées de jeu parus sur la génération précédente de consoles : les premiers Dead Rising valent-ils encore le coup aujourd’hui ? En imposant un temps limité pour venir à bout de la mission principale, le premier épisode impose un challenge corsé, ce qui avait divisé le public qui s’y était frotté à l’époque : quand certains regrettaient que quelques erreurs ou un coup de malchance condamnent à reprendre l’aventure depuis le début, d’autres louaient un jeu sans concession. Sa suite est arrivée avec un  système plus permissif et accessible, mais au grand dam des amateurs de sensations fortes. Dans tous les cas, il reste l’ambiance délirante et la galerie de personnages dérangés qui peuvent éventuellement faire oublier la maniabilité assez rigide. Une bonne occasion de voir le jeu de zombies autrement, en sommes. Il faut néanmoins faire l’impasse sur le troisième volet, dont Microsoft a sans doute verrouillé l’exclusivité pour quelques temps encore.

Deluxe Remaster

Huit ans pratiquement jour pour jour après sa précédente réédition, Dead Rising s’invite sur une nouvelle génération de console, cette fois dans une mouture dite Deluxe Remaster. Sous cette appellation se cache en fait une révision à mi-chemin entre la version remasterisée et le remake. Le titre de 2006 conserve ainsi son principe et sa structure en imposant à nouveau au joueur de survivre pendant 72 heures dans cet enfer infesté de zombies, ramassant tout ce qui lui passe sous la main pour faire le ménage pour, si possible, ramener le plus de survivants possibles avec lui. Mais la réalisation a tout de même bénéficié d’une refonte notable, avec des personnages plus détaillés et réalistes en plus d’être totalement doublés (et pour la première fois en français). Cette nouvelle sortie est aussi l’occasion de revoir certaines mécaniques de jeu pour une aventure plus abordable. Il est ainsi possible de se déplacer en visant lorsque l’on utilise une arme à feu ou un quelconque projectile et une roulade permet désormais de se faufiler au milieu des vagues d’ennemis. Les points de prestige, qui correspondent à l’expérience obtenue lors des combats ou en prenant des photos toujours plus sensationnalistes, s’accumulent plus rapidement, tout comme les améliorations de statistiques et les compétences supplémentaires, par conséquent. Ce dernier point fait de cette version Deluxe Remaster une option de choix pour ceux qui veulent découvrir la série sans trop d’encombres, mais les connaisseurs qui voulaient revivre les aventures de Frank West sur les nouvelles consoles risquent de regretter l’aspect sans concession qui en avait fait, il y a quelques années, un titre mémorable auprès des joueurs acharnés. Si l’on devait relever un véritable reproche, il se situerait néanmoins au niveau de l’aspect cloisonné de l’environnement : même si les temps de chargement sont extrêmement bref, on aurait pu croire à la possibilité de traverser l’ensemble du centre commercial sans aucune transition. Mais cela reste un détail finalement assez négligeable.