C’était une sorte de rituel pour toute une génération : les grandes chaînes de télé française profitaient du congé du mercredi des élèves de primaire pour proposer des films d’action orientés grand public (ou, du moins, considérés comme tel à l’époque). La sélection proposée alors puisait abondamment dans la filmographie de Carlo Pedersoli, alias Bud Spencer, et de Mario Girotti, alias Terence Hill, parfois en solo, mais la plupart du temps associés dans des long-métrages tels que la série des Trinita ou celle des Super Flics, entre autres. Parler de grand cinéma serait peut-être un peu exagéré ici, mais il s’agit souvent de films sympathiques, au moins pour un jeune public, rythmés par des gags, et surtout des bagarres, d’une géniale débilité. Pas d’effusion de sang ou d’image choquante, mais des baffes distribuées par dizaines et des sbires qui volent à travers le décor, le tout souligné par des bruitages fantaisistes pour encore faire ressortir l’aspect grotesque et jouissif de ces séquences. A cela s’ajoute les interactions entre deux personnages qui s’entendent comme chien et chat, le premier cachant un grand cœur derrière son allure d’ours grincheux, tandis que le second ne peut généralement s’empêcher de jouer le joli-cœur en toutes circonstances, qu’importent les affaires pressantes en cours.

Salut l’ami, adieu le trésor

Le studio italien Team Trinity avait déjà voulu rendre hommage au duo dès 2015 avec une démo conçue au cours d’une game jam  ; cette dernière est ensuite devenue le premier volet de Slaps & Beans, paru sur PC en 2017, puis sur consoles un an plus tard. Malheureusement, qu’il s’agisse du jeu d’origine ou de cette suite, les qualités ludiques sont loin d’être au rendez-vous. Slaps & Beans 2 arrive pourtant avec une réalisation affinée  : les tronches des deux lascars, toujours reconnaissables au premier coup d’œil, ont gagné en finesse, tout comme leurs animations qui rappellent immédiatement leurs plus grands exploits, à l’image des volées de gifles et des coups de pied acrobatiques de l’un et des coups de poings marteau de l’autre. Les bruitages directement issus des films font également leur petit effet, accompagnés par des thèmes retravaillés par le groupe Oliver Onions qui a longtemps mis en musique ces aventures inoubliables. Enfin, la trame scénaristique écrite spécialement pour l’occasion multiplie les clins d’œil et fait voyager le joueur, de la savane africaine visitée dans Banana Joe aux quartiers malfamés de Miami dans Deux Super Flics. Cependant, le jeu se manque sur l’essentiel  : la maniabilité rigide et les collisions hasardeuses rendent les combats particulièrement fastidieux et les mini-jeux proposés au cours de la campagne ont plus tendance à casser le rythme plutôt que d’offrir une respiration à cause de leur intérêt limité. Si d’aventure ces épreuves, qui consistent par exemple à avaler plus de nourriture que ses camarades en entrant une série de touches ou à tricher au cours d’une partie de poker, trouvaient quelques amateurs, on note qu’il est possible de les lancer directement dans un menu dédié pour y prendre part jusqu’à quatre simultanément.

Dans le meilleur des cas, l’enrobage de Slaps & Beans 2 pourrait peut-être faire vibrer la corde nostalgique de quelques joueurs peu regardant. Mais en termes de sensations, les amateurs expérimentés de bagarre virtuelle ne devraient malheureusement pas trouver grand-chose à se mettre sous la dent, surtout après des concurrents comme Streets Of Rage 4 ou le dernier TMNT.