BAYONETTA 3
Support : Nintendo Switch
Genre : Action
LE PITCH
Une nouvelle menace pèse sur l’humanité. Mais, cette fois, elle ne vient ni de l’Enfer, ni du Paradis : les homonculus sont des armes biologiques conçues pour détruire les réalités alternatives du multivers.
Le bal des sorcières
Comme toutes grandes vedettes, cette chère Bayonetta sait se faire désirer. Après un premier épisode au succès d’estime presque inversement proportionnel à son bilan commercial, le sort de sa suite était plus qu’incertain, jusqu’à ce que Nintendo s’en mêle.
C’est d’ailleurs le géant de Kyoto qui a à nouveau permis au troisième volet de voir le jour, d’où une sortie exclusive sur la dernière machine en date du constructeur. Malheureusement, les développeurs semblent se sentir de plus en plus à l’étroit dans les entrailles de la Switch, comme en témoigne une réalisation quelque peu décevante. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer d’en mettre plein la vue aux joueurs : les équipes de PlatinumGames ont voulu aller encore plus loin dans la démesure qui caractérise la série. Ce sont en effet des villes toutes entières qui sont balayées lorsque la sorcière invoque ses démons face à des boss toujours plus gigantesques, donnant lieu à de véritables combats de kaiju qui devraient donner des frissons aux mordus de tokusatsu. Même les environnements se font plus variés, puisque le jeu propose un voyage entre les rues de Shibuya, la Grande Muraille de Chine et même les Champs Élysées, entre autres. Malheureusement, tout cela est offert au détriment d’un frame rate sacrifié, bien loin des 60 images par secondes qui offraient (la plupart du temps) aux portages des volets précédents cette fluidité si appréciable. C’est d’autant plus regrettable que, au niveau des modélisations, il est difficile de relever un progrès notable depuis la sortie de ces derniers.
Jeanne, au secours !
Ce n’est malheureusement pas la seule déception engendrée par le désir d’en proposer plus. Après deux excellents premiers volets, les concepteurs, sous la houlette d’un nouveau duo, Yusuke Miyata (réalisateur) et Yuji Nakao (producer), ont tenté de renouveler l’expérience en repensant les combats et en proposant plus de séquences annexes. Ces passages ont toutefois le souci de casser le rythme du jeu, en imposant des phases de jeu confuses, à l’image, justement des duels de kaiju cités plus tôt ou encore des interludes mettant en scène Jeanne et inspirées par le classique de l’arcade signé Taito, Elevator Action. Même les combats à proprement parler ne bénéficient plus de la quasi perfection que l’on a connu auparavant : si l’on doit composer avec le même déluge d’effets visuels, les schémas d’attaques ennemis ne sont plus aussi lisibles, à cause d’animations plus difficiles à identifier. Après avoir attendu aussi longtemps le retour de cette saga aussi appréciée, les fans espéraient certainement des retrouvailles à la hauteur de la patience dont ils ont fait preuve. Mais, heureusement, tout n’est pas à jeter dans ce Bayonetta 3.
Dix bayonetta ? Bonjours les dégâts !
Car, si les connaisseurs devraient très certainement trouver à redire face aux écueils soulignés plus tôt, surtout après un DMC5 qui a totalement satisfait les attentes des amateurs de jump-cancel et autres joyeusetés, Bayonetta 3 a tout de même quelques friandises à distribuer. Non seulement, les développeurs s’en sont donné à cœur joie au niveau du nouvel arsenal en proposant une petite dizaine d’armes pas piquées des hannetons. Mais, en outre, la nouvelle gestion des démons vient rafraîchir les sensations de jeu. D’un côté, les techniques dites Mascarade permettent à Bayonetta de prendre la forme de l’esprit enfermé dans l’arme qu’elle utilise pour effectuer une attaque spéciale ou devenir plus mobile, en planant dans les airs ou en augmentant sa vitesse de déplacement, par exemple. De l’autre, elle peut directement appeler l’une des créatures géantes qui étaient uniquement invoquées pour achever un boss dans les épisodes précédents. Si les contrôler directement n’est pas toujours aisé, le nouveau système de « follow-up » qui les fait intervenir à la fin d’un enchaînement (à la Metal Gear Rising ou Transformers Devastation) ou lors d’une contre-attaque devient vite jouissif. Enfin, Bayonetta 3 introduit une sorcière jouable inédite, en la personne de Viola. Cette apprentie armée d’un sabre et de fléchettes offre moins d’options que son aînée, mais peut-être montrera-t-elle tout son potentiel dans un quatrième volet qui a déjà germé dans la tête de Kamiya, le créateur originel. De là à ce qu’il voit vraiment le jour…