ATELIER YUMIA : L’ALCHIMISTE DES SOUVENIRS ET LA TERRE RÊVÉE

ユミアのアトリエ ~追憶の錬金術士と幻創の地~ – Japon – 2025
Support : Playstation 5, PC, Nintendo Switch
Genre : RPG
Développeur : Gust
Musique : Konami Kukeiha Club
Durée de jeu : Elevée
Langue : Japonais et anglais (voix), Français (textes)
Editeur : Koei Tecmo Games
Date de sortie : 21 mars 2025
LE PITCH
Dans un monde où l’alchimie est devenue taboue et est considérée comme maléfique, Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvé suit les aventures d’une jeune alchimiste, Yumia Liessfeldt, et de ses compagnons dans leur quête pour comprendre la chute de l’Empire aladissien. Aladiss était autrefois une terre florissante grâce à l’alchimie dont l’histoire n’est désormais plus qu’un souvenir oublié. C’est à travers ce continent en ruines que Yumia, bien que confrontée à son passé et en proie aux incertitudes, tracera son propre chemin pour découvrir les raisons ayant conduit au cataclysme qui a détruit Aladiss.
Nouvelle cuisine
Imaginé par Gust il y a pas moins de 27 ans, la série des Atelier dépasse allégrement aujourd’hui la vingtaine de jeux canoniques auxquels il faut ajouter quelques poignées de spin off et dérivés. Pourtant l’engouement occidental ne fait que frémir depuis quelques années. Voici donc Atelier Yumia, nouvel épisode qui part à la conquête des derniers récalcitrants en modernisant concrètement ses fondamentaux. Risqué.
Ainsi comme nombre de sagas du RPG, Atelier achève ici sa mue d’un ancien système de combat au tour par tour à celui d’affrontements en temps réels. Des mécaniques qui avaient déjà été amorcées sur les chapitres précédents, mais le revirement est total ici avec des compétences accessibles directement sur les boutons en croix et un nombre d’utilisation limité pour chaque. Voilà qui oblige soit à prendre un peu de distance durant la phase de recharge, soit à alterner avec l’un des deux acolytes choisis pour accompagner l’héroïne et qui eux même pourront à leur tour exposer tous leurs talents au corps à corps, à distance ou en magie. Tout cela bien entendu en fonction de leur placement dans l’arène. Classique, mais efficace, avec une belle appréciation des combos et des enchainements, mais dont le dynamisme poussif peut parfois tourner un peu à la mêlée brouillonne, perdue dans les effets spectaculaires et les signaux des attaques ennemies pour mieux parer. De bonnes bases à développer pour la suite, mais qui ici perdent clairement en cours de route l’aspect stratégique que peuvent avoir les combats d’un RPG.
A la cueillette
Autre changement, et de taille, le nouvel univers d’Atelier Yumia n’est plus constitué de mini-zones plus ou moins interconnectées mais bien d’un véritable monde ouvert (avec des chargements invisibles ou extrêmement discrets). L’exploration des contrées d’Aladiss fait naturellement avancer le récit principal mais aussi permet de rencontrer quelques nouveaux compagnons, de dégoter des tonnes de quêtes secondaires et de collectionner tous les ingrédients nécessaires aux futures séances d’alchimie. Le continent s’avère qui plus est constituées de nombreuses régions bien distinctes, aux environnements et au bestiaires dédiés, et où peuvent se cacher de nombreux secrets, que ce soi derrière un fourré, sous un pont, dans une grotte, une ruine abandonnée ou une tour de mana à détruire. Au passage les développeurs se sont amusés à permettre sur quelques emplacements délimités la construction de maisons personnalisables donnant accès, là encore, à de nouvelles recettes et bonus inédits. Avec ses petites mélodies au piano et sa fascination pour la fantasy bucolique, Atelier Yumia n’est jamais bien loin d’un Breath of the Wild.
Une pincée de ci, une pincée de ça…
On en oublierait alors presque que l’essence d’un Atelier repose effectivement sur le crafting et la confection de centaines d’items et potions visant autant parfois à faire avancer la trame qu’à considérablement améliorer les avatars. Après les systèmes de puzzle plutôt inventifs croisés sur Atelier Sophie 2 ou Atelier Ryza 3, Gust revient ici à une approche un peu plus classique prenant l’apparence de constellations à aménager en utilisant diverses ingrédients choisis pour leur rareté, leurs effets annoncés ou leurs concordances, le tout boosté par du mana et autres petites gradations. En résulte des objets plus ou moins puissants, plus ou moins riches en potentiel (avec adjonction d’effets secondaires…), mais dont la fabrication à vite tendance à reposer systématiquement sur les mêmes procédés. Un peu terne donc et rébarbatif, le système peut cependant être partiellement automatisé (pour aller à l’essentiel), voir être extrêmement simplifié en exploration afin d’obtenir quelques attributs urgents (balles pour le fusil de Yumia…). Aucun doute que Gust s’efforce ici de marier à la fois les attentes des fans et de simplifier l’accès aux nouveaux venus, quitte à simplifier un peu trop le mur porteur.
C’est pourtant l’effet inverse que l’on découvre sur l’aspect souvent un peu délaissé des Atelier : l’Histoire. Sans en faire une gigantesque fresque épique complexe et bourrée de surprises, Atelier Yumia fournit effectivement un effort notable pour prendre un peu de distance avec la naïveté éprouvée d’autrefois en proposant une héroïne déjà plus marquée par la vie, orpheline, et dont les pouvoirs ne sont pour une fois pas forcément une bénédiction, puisque le monde d’Aladiss rejette officiellement les pratiquants de l’alchimie. De quoi proposer une atmosphère un peu plus tendue que d’habitude et un background moins girly et fleuri, et surtout amener des rencontres et des dialogues bien moins niais qu’à l’accoutumé.
Passage à l’adolescence donc pour les Atelier (il était temps), avec un nouveau chapitre qui prendre des risques, expérimente, n’hésite pas à se mettre en danger. Si tous les paris ne sont pas réussis, l’aventure et le voyage peuvent valoire le détour. L’esthétique toujours aussi animé fait certainement moins pauvre qu’autrefois et même si on est encore loin d’une production AAA pour dernière génération, les limites techniques (modélisations…) sont parfaitement gérées et impeccablement intégrées à ce très aguichant monde ouvert.