YETI LE GÉANT D’UN AUTRE MONDE
Yeti, il gigante del 20° secolo – Italie – 1977
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : Gianfranco Parolini
Acteurs : Antonella Interlinghi, Mimmo Crao, Jim Sullivan, Tony Kendall, Edoardo Faieta, John Stacy, …
Musique : Sante Maria Romitelli
Durée : 101 minutes
Image : 1.66:1, 16/9ème
Son : Français, Anglais, Italien Mono 2.0 DTS-HD
Sous-titres : Français
Distributeur : Éléphant Films
Date de sortie : 11 avril 2023
LE PITCH
Une équipe de scientifiques découvre au Groenland le corps d’un Yéti congelé. Morgan Hunnicut, un industriel, persuade son vieil ami le Professeur Waterman de superviser les opérations. Mais une fois décongelée et réanimée, la créature s’enfuit et emporte avec elle les petits-enfants d’Hunnicut…
Le très minable homme des neiges
Tentative ratée de profiter du succès du remake de King Kong produit par Dino De Laurentiis et réalisé par John Guillermin, Yéti, le géant d’un autre monde est un pur nanar cosmique, comme seuls les artisans du bis transalpin savaient jadis les confectionner. Effets spéciaux ratés de bout en bout, mise en scène neurasthénique, interprétations et dialogues risibles, le tout saupoudrés de grands moments de malaise surréalistes. Prise au premier degré, la chose est totalement indéfendable. Au 36ème degré, en revanche, c’est une toute autre affaire.
Réalisateur de la trilogie Sabata entre 1969 et 1971, honorables westerns spaghetti animés par Lee Van Cleef et Yul Brynnert, scénariste, romancier et producteur, Gianfranco Parolini fut l’un des stakhanovistes du cinéma populaire italien, de son essor au début des années 50 jusqu’aux prémices de son déclin à la fin des années 70. Sur le plateau de Yéti, qu’il délocalise en partie au Canada par souci d’économie, Parolini enfile plusieurs casquettes. Non content d’être l’un des nombreux auteurs du scénario et d’avoir investi de ses propres deniers dans cet improbable projet, il en signe aussi la réalisation, usant de son pseudo favori : Frank Kramer.
Autrefois capable de livrer des péloches de facture tout à fait correcte malgré les restrictions budgétaires et les plannings serrés, le cinéaste, en roue libre, fait ici preuve d’un amateurisme stupéfiant, foirant consciencieusement la moindre scène, le moindre cadrage, la moindre coupe. Tout à la fois hilarant et consternant, Yéti, le géant d’un autre monde est un véritable cas d’école et un sérieux prétendant au titre de pire film de tous les temps, juste derrière Plan 9 From Outer Space d’Ed Wood Jr et Les Rats de Manhattan de son compatriote Bruno Mattéi. Même le très beau thème principal composé par le discret Sante Maria Romitelli (quelques Trinita et Une hache pour la lune de miel de Mario Bava), sous haute influence de John Barry et de Miklos Rosza et unique réussite à mettre au crédit de la production, finit défiguré par une infâme relecture disco pop qui donne envie de se crever les tympans avec des aiguilles à tricoter rouillées. Quand ça veut pas, ça veut pas !
Fourrures et fou rires
S’ouvrant et se clôturant sur des stock-shots de la fonte des glaces au Pôle Nord (écolo ou rigolo, on sait pas trop), Yéti se distingue dès les premiers instants par sa galerie de personnages tous plus chibrés les uns que les autres. Il y a là le professeur Waterman, fils caché du Capitaine Cousteau et d’Yves Simon et dont le génie scientifique peut surprendre les non-initiés (« Pour qu’il puisse respirer, il va falloir lui donner de l’oxygène ! » – qui l’eût cru?), le milliardaire excentrique Morgan Hunnicut qui ne rencontre ses amis que dans un fauteuil en cuir suspendu à un hélicoptère et qui ira jusqu’à exploiter le yéti pour vendre de l’essence et des t-shirts (mais jusqu’où ira donc le capitalisme ?), l’adolescente chaudasse et crétine Jane Hunnicut, petite fille du riche ventripotent sus-mentionné, Herbie Hunnicut, gamin tout mignon devenu muet à la suite de la mort de ses parents (ou parce qu’on a oublié de lui écrire des répliques, ce qui est fort possible), le chien Indio, un colley qui a tout piqué à Lassie et le membre le plus intelligent du casting, et enfin le beau gosse et traître en puissance Cliff Chandler dont le trait singulier et de toujours laisser sa chemise ouverte pour que l’on puisse admirer son torse poilu et musclé, même en plein hiver.
Et le yéti du titre dans tout ça ? Pourquoi dépenser des sommes folles dans les effets spéciaux lorsqu’il suffit de coller des bouts de fourrure synthétique sur le corps d’un cascadeur tout nu pour en faire le cousin éloigné de Chewbacca avant de l’intégrer aux prises de vue avec les incrustations les plus pourries de l’histoire ? Et tant pis si la créature est censée être la star et l’argument principal pour attirer le spectateur dans les salles. Quant à son cri, supposé terrifiant, un rugissement de lion mixé par un ingénieur sourd d’une oreille avec un barrissement d’éléphant fera l’affaire.
Du grand n’importe-quoi ? Absolument ! Tout comme la taille du monstre d’ailleurs, qui change d’un plan à l’autre au mépris de la continuité et de logique ou encore le fait que la très jeune héroïne se retrouve à tripoter le téton du yéti par accident lors d’une parenthèse érotico-humoristique comme on en a rarement vu ailleurs et depuis. On dit que le ridicule ne tue pas mais la carrière de Gianfranco Parolini, elle, ne s’en est jamais relevée.
Image
Saluons le courage et l’abnégation d’Elephant Films qui s’est probablement donné un mal fou pour mettre la main sur une copie de qualité d’un long-métrage qui a traversé les décennies de VHS douteuses en DVD pirates vendus sous le manteau ou dans les bacs à solde de la Foirfouille. Le master est ici le même que celui du blu-ray US de Code Red, obtenu à partir d’un nettoyage du négatif original. Notez bien que l’on parle ici de nettoyage et non pas d’une restauration selon les règles de l’art. La photographie, hideuse, terne et souvent dénaturée par des incrustations maladroites a été passée au réducteur de bruit pour en gommer les défauts les plus visibles. La définition varie d’un plan à l’autre mais reste dans la bonne moyenne tandis que la compression fait de son mieux pour offrir un rendu aussi naturel que possible. Au regard de la source, c’est parfaitement suffisant.
Son
Riche idée que de proposer dans un souci d’exhaustivité les mixages anglais, italien et français d’origine aux dynamiques très différentes mais à la propreté indiscutable. Certains effets passent plus ou moins bien que d’autres mais les dialogues sont clairs et la musique est bien servie par une stéréo qui en a encore sous le coude.
Interactivité
Outre une bande-annonce et un packaging avec jaquette réversible, la journaliste Catherine Vié se tire plutôt bien d’une présentation certes brève mais tout à fait honnête quant à la « qualité » du métrage proposé, offrant au passage quelques informations sur le réalisateur Gianfranco Parolini et la tentative de collaboration peu fructueuse entre des producteurs italiens et canadiens.
Liste des bonus
Le film par Caroline Vié (4 minutes) / Bande-annonce.