XTRO
Royaume-Uni – 1982
Support : Bluray
Genre : Science-fiction, Horreur
Réalisateur : Harry Bromley-Davenport
Acteurs : Philip Sayer, Bernice Stegers, Danny Brainin, Maryam d’Abo, simon Nash, Peter Mandell…
Musique : Harry Bromley-Davenport
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 86 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Dans la campagne anglaise, au début des années 1980 – Alors qu’il joue dans le jardin avec son fils Tony et leur chien, la nuit survient subitement et Sam Phillips disparaît, happé par un rayon lumineux. Rachel, son épouse, refuse de croire à cette histoire et part à Londres refaire sa vie avec un autre homme, Joe Daniels. Elle engage une fille au pair, Analise Mercier, pour s’occuper de Tony, marqué par cet événement. Trois ans plus tard, une voiture heurte une créature extraterrestre sur une route de campagne. Après une série d’agressions sanglantes, Sam reparaît. Transformé, il possède désormais d’étranges pouvoirs, qu’il transmet à son fils…
E.T. Go Home !
Petit classique du cinéma d’exploitation des années 80, grand gagnant d’un Grand Prix du Festival du Film Fantastique de Paris et passé pas loin d’être marqué du sceau des video nasties, Xtro aura longtemps fait le bonheur des vidéoclubs et des amateurs de SF déviante.
Après quelques décennies particulièrement florissantes, avec la chute de la Hammer, le cinéma de genre est devenu moribond au Royaume Uni. Pas de chance pour le jeune réalisateur Harry Bromley Davenport, grand fan de gothique à l’ancienne et de séries B qui rêvait justement de s’inscrire dans ce type de cinéma. Il réussit tout de même à mettre en boite un très modeste et débrouillard Whipsers of Fears, très marqué par cet héritage, mais espère pouvoir passer à la vitesse supérieure avec son second projet, intitulé dans un premier temps Monstro. Une idée qui lui est venue à la découverte de Rencontre d’un troisième type : raconter le destin d’un homme enlevé par des extraterrestres, mais bien entendu par un prisme beaucoup moins heureux. Si le producteur anglais Mark Forstater (Sacré Graal !) apporte rapidement son soutien, c’est en allant chercher du coté des USA et la participation de la toute petite société de production New Line, alors très fières de son Alone in the Dark signé Jack Sholder, que l’entreprise va véritablement décoller. Cela ne se fera cependant pas sans mal puisque Robert Shaye, qui enchainera avec un certain Les Griffes de la nuit, exige cependant de nombreuses réécritures par de multiples intervenants afin de tirer le métrage vers des accents beaucoup plus horrifiques.
Mutations
Des remaniements opérés par un défilé d’intervenants (toutes ne sont pas crédités au génériques) qui aboutissent un peu forcément à un drôle de film brassant des éléments piochant directement dans les grands classiques de la SF parano de années 50, avec ce père qui revient transformé comme premier émissaire d’une invasion prévue, s’enfonçant joyeusement dans l’horreur la plus graphique possible, dérivant parfois vers le fantastique onirique lorsque le petit Tony découvre ses pouvoirs naissant et même le drame familial. Interprété par des acteurs plutôt solides et franchement convaincants où l’on reconnait la Bernice Stegers de Baiser macabre et la mignonne Maryam d’Abo futur James Bond Girl dans Tuer n’est pas jouer, Xtro peut tout à fait s’aborder comme une extrapolation autour d’une famille éclatée et recomposée, où se jouent la confrontation de deux pères (l’ancien revenu et le nouveau) pour l’attention de la femme et de l’enfant. Étonnant pour le moins mais naturellement souvent très confus, bricolé, sorte de collage baroque où l’insidieuse contamination de l’intime s’expose à l’écran par le bais de scènes chocs aux effets spéciaux aussi gores que scabreux. De la créature humanoïde qui insémine par son appendice visqueux une pauvre demoiselle dans la campagne anglaise avant que celle-ci n’explose pour donner naissance à un homme adulte, jusqu’à la mignonne fille au pair que se retrouve transformée en pondeuse alien Xtro sait frapper fort, mais peut tout aussi bien jouer la carte de l’humour noir en envoyant un Action Man à taille humaine se débarrasser d’une voisine trop gourmande. Si on ne comprend pas tout (y a-t-il vraiment une raison à tout cela ?), on ne s’ennuie jamais dans Xtro qui multiplie les idées improbables et croise généreusement les genres, empêchant systématiquement l’ennui de pointer.
Une série B généreuse et particulièrement originale où l’on préfèrera toujours la première fin, évoquant clairement le Chromosome 3 de David Cronenberg, que celle exigée par les américains, plus démonstrative mais totalement incompréhensible. Bonne nouvelle les deux montages sont proposés sur le Bluray du Chat qui fume.
Image
Largement exploité sur format vidéo mais pas toujours dans de très bonnes conditions (pour le dire gentiment), Xtro se dote enfin d’un master de belle tenue. Une restauration effectuée avec l’aval du réalisateur, qui en a profité pour signer une sorte de Director’s cut avec sa première fin prévue et à priori quelques petites modifications sur la photo, et qui offre effectivement une image très propre, fine et ciselée. La définition est très solide, même si quelques arrière-plans peuvent parfois se montrer plus plats, et le grain généralement discret peut effectivement se faire plus envahissant avec un léger bruit bleuté dans les passages les plus sombres, mais rien de vraiment gênant ni de franchement surprenant au vu des origines du film.
Son
Version anglaise et française son ici disponibles avec des DTS HD Master Audio 2.0 relativement équivalents. Le doublage est plutôt efficace mais écrase très légèrement les ambiances, là où les voix originales gagnent plus de naturel. A noter que dans les deux cas les compositions électroniques assez horripilantes du réalisateur jouant à John Carpenter, sont bien trop audibles.
Interactivité
Limité à 1000 exemplaires, l’édition de Xtro se présente sous la forme d’un digipack trois volets avec fourreau cartonné au design épuré dans la plus pure tradition du Chat qui fume.
Outre la possibilité de choisir au lancement du film entre les deux montages existants, le disque Bluray contient aussi un vrai making of de près d’une heure qui fait intervenir réalisateur, producteur, actrice, critiques et responsables des effets spéciaux (très réussis) pour raconter toute la création du film, ses transformations régulières, délivrer quelques anecdotes de plateau et évoquer bien entendu sa sortie et son remontage forcé. Très lucide et franc, Harry Bromley-Davenport garde un attachement profond à ce drôle de film et revient d’ailleurs très brièvement dans le segment « Beyond Xtro » sur les deux suites qu’il a tourné et introduit surtout une bande démo d’un quatrième opus qu’il espère toujours mettre en boite.
On est un peu plus circonspect devant le troisième item, intitulé « le Monde d’Xtro » qui laisse surtout la parole à un bonhomme auto-proclamé « plus grand fan du film » et qui délivre une vision enthousiaste et un regard amoureux sur quelques éléments du métrage.
Liste des bonus
« Explorer Xtro », avec Harry Bromley-Davenport, Mark Forstater, Bernice Stegers, Susie Silvey, Tim Dry, Sean Crawford, Robert Pereno et les critiques Alan Jones et Craig Lapper (57’), « Le Monde d’Xtro » (27’), « Beyond Xtro » (7’), Bande-annonce.