WOLF MAN

États-Unis – 2025
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur, Suspense
Réalisateur : Leigh Whannel
Acteurs : Christopher Abbott, Julia Garner, Matilda Firth, Sam Jaeger, Benedict Hardie, Zac Chandler…
Musique : Benjamin Wallfisch
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos, Français Dolby Digital Plus 7.1, Italien Dolby Digital Plus 7.1
Sous-titres : Français, Anglais, Italien…
Durée : 102 minutes
Éditeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 28 mai 2025
LE PITCH
À la suite de la disparition de son père, Blake hérite de la vieille ferme familiale nichée au cœur de l’Oregon. Son couple traversant une période difficile, il convainc sa femme Charlotte de quitter la ville pour s’installer quelque temps à la campagne, en compagnie de leur fille Ginger. Mais à peine arrivés sur place, leur première nuit vire au cauchemar : un mystérieux prédateur invisible les attaque. Réfugiés dans la maison, ils tentent de survivre jusqu’à l’aube… tandis que Blake commence à se transformer.
Loup des villes, Loup des champs
Après plusieurs tentatives ratées pour relancer les Universal Monsters – de Dracula Untold à La Momie version Tom Cruise – le studio au globe terrestre semblait avoir enfin trouvé la bonne formule avec Invisible Man (2020) de Leigh Whannell, thriller psychologique tendu, audacieux et moderne. Cinq ans plus tard, Universal joue la carte de la continuité en confiant à Whannell une nouvelle relecture, celle de The Wolf Man (Le Loup-garou par chez nous) de George Waggner, avec Lon Chaney Jr., sorti en 1941.
Le film débute sur une scène d’ouverture efficace, qui happe le spectateur par son rythme et son sens du mystère. Un sentiment de menace diffuse s’installe, nourri par une mise en scène élégante et une belle utilisation des paysages brumeux de l’Oregon (en réalité, tournés en Nouvelle-Zélande). Pas de doute : nous avons bien affaire au réalisateur malin de la dernière mouture de L’Homme invisible ! Puis nous faisons connaissance des personnages, un père au foyer fusionnel avec sa fille, une mère active ayant mis de la distance entre elle et les siens. Tous deux, pris dans le tourbillon infernal des grandes villes, cherchent dans les bois une forme de retour à l’authenticité, à une nature prétendument régénératrice, quitte à tomber dans des clichés un peu faciles. Le film oppose alors, sans grande subtilité, les citadins progressistes aux ruraux frustes, plus préoccupés par leurs terres et leur fusil que par les enjeux de société. Une caricature paresseuse, heureusement vite balayée par un basculement inattendu dans le survival pur jus. Et pourquoi pas ! Mais c’est malheureusement là que la mécanique se grippe. Car Wolf Man n’apporte rien de neuf à ce terrain balisé : les rebondissements sont convenus, les enjeux répétitifs. Le réalisateur tente bien quelques belles idées formelles – notamment ce parti pris d’alterner le point de vue humain avec celui de sa créature, ce qui accentue l’incompréhension entre les deux parties – mais on regrettera qu’il ne revienne à aucun moment vers ses personnages.
La pleine lune ? Mon c** !
La transformation de Blake, le père de famille, – incarné avec conviction par Christopher Abbott – se positionne dès lors comme la grosse attraction du film. Whannel prend soin de proposer une métamorphose la plus réaliste possible, s’inspirant ouvertement du travail de Cronenberg sur La Mouche (1986). On reconnaîtra un certain talent dans les maquillages à effets spéciaux conçus pour ce film, mais on ne cachera pas non plus notre frustration de fantasticophiles face à un résultat timoré, à mille lieues du jusqu’au boutisme d’un Hurlements ou Le Loup-garou de Londres. Cette approche témoigne d’un souhait de jouer la carte de la retenue, comme si le plaisir suscité par un film de monstres devait rester suspect.
Pire encore, la mythologie du loup-garou est épurée à l’extrême : pas de pleine lune, les termes « lycanthropie » et « loup-garou » ne sont jamais prononcés, et la filiation avec le film original est à peine esquissée. Le film a beau s’intituler Wolf Man, il ne semble jamais l’assumer. Pas de famille Talbot ici (présente dans le film de 1941 et son remake sous-estimé de Joe Johnston en 2010), pas d’héritage revendiqué. Tout juste voit-on surgir le thème de l’hérédité, unique trait d’union entre ces relectures. Le titre lui-même n’apparaît qu’après de longues minutes de générique de fin, comme si le film s’excusait d’appartenir à une mythologie dont il a honte. Le réalisateur justifie cette démarche par une recherche d’authenticité, mais cette épuration laisse un vide que rien ne vient combler. Ce refus du fantastique, au profit d’un pseudo-réalisme censé ancrer le récit dans le tangible, appauvrit l’imaginaire plus qu’il ne le renouvelle. En se tenant à distance de tout folklore, Wolf Man aseptise ce qu’il cherche pourtant à rendre plus crédible. On comprend l’ambition de traiter la métamorphose comme un phénomène organique, mais en refusant les symboles, les images, les mots même qui forgent la figure du loup-garou, le film devient un film de monstre qui ne croit pas au monstre.
En cherchant à désenchanter à tout prix le matériau d’origine, Wolf Man finit par l’amputer de ce qui le rendait fascinant. Malgré des qualités de mise en scène indéniables et une vraie envie de renouveler les codes du genre, le film de Leigh Whannell ne tient pas la promesse de son titre. Sans être foncièrement mauvais, il reste trop effacé pour marquer les esprits. C’est un film oubliable, qui passe sans laisser de trace.
Image
S’agissant d’un film sorti en 2025, l’image de Wolf Man se devait d’être en tout point excellente. Et elle l’est, malgré un défi majeur : l’obscurité constante qui enveloppe le film. Même en pleine journée, la lumière reste diffuse, étouffée par des cieux chargés ou la densité végétale des forêts. La colorimétrie, volontairement éteinte, limite les contrastes, même si quelques éclats de rouge ou de jaune percent ponctuellement, pour un résultat du plus bel effet. Quant à la définition, elle est irréprochable : visages, costumes, textures… tout est net ! On n’en attendait pas moins d’un film aussi soigné visuellement.
Son
La piste VO Dolby Atmos est immersive dès le début. Le film joue beaucoup sur les ambiances sonores : grondements, bruits de forêt, effets réalistes et puissants. Les dialogues sont clairs, et la spatialisation des sons est très réussie. Le point fort reste le traitement sonore des scènes du point de vue de Blake : un chaos auditif qui traduit bien sa perte de repères. Le mixage est soigné, précis, et participe fortement à la tension du film. La piste française (ainsi que l’italienne), proposée en Dolby Digital Plus 7.1, ne peut évidemment rivaliser avec la richesse et la verticalité de la version originale en Dolby Atmos. Cependant, elle s’en sort honorablement grâce à un mixage propre et dynamique. Les dialogues sont nets et bien centrés, les effets d’ambiance trouvent leur place dans les canaux arrière avec une belle précision, et les transitions entre les différents plans sonores restent fluides.
Interactivité
Le disque s’accompagne d’un ensemble de modules making-of au ton globalement très (trop ?) promotionnel. On alterne entre segments franchement intéressants — notamment sur la conception des effets visuels — et séquences d’autocongratulations bien dégoulinantes. Leigh Whannell y revient sur ses choix artistiques, avec une insistance un peu systématique sur son intention de proposer une relecture “réaliste” du mythe, quitte à en évacuer toute dimension surnaturelle. Mention spéciale au module Concevoir Wolf Man, qui revient en détail sur le travail impressionnant des maquilleurs et des techniciens effets spéciaux, avec plus de 600 prothèses utilisées pour donner vie à la créature. Le commentaire audio, assuré par le réalisateur lui-même, s’écoute sans déplaisir : Whannell partage anecdotes, convictions de mise en scène et clins d’œil personnels avec un enthousiasme palpable. Rien de révolutionnaire donc, mais un ensemble correct, à défaut d’être réellement indispensable.
Liste des bonus
Libérer un nouveau monstre (8′), Concevoir Wolf Man (9′), L’horreur en pratique (7′), Cauchemars et paysages (7′), commentaire audio du co-auteur/réalisateur Leigh Whanell.