WOLF
Etats-Unis – 1994
Support : Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Mike Nichols
Acteurs : Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, James Spader, Kate Nelligan, Christopher Plummer, Richard Jenkins…
Musique : Ennio Morricone
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais, français et allemand DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français, anglais et allemand.
Durée : 125 minutes
Éditeur : Sony Pictures
Date de sortie : 03 avril 2024
LE PITCH
Directeur de collection d’une prestigieuse maison d’éditions, Will Randall est menacé de licenciement. Sa situation personnelle n’est guère plus brillante puisque sa femme le trompe. Aussi, quand un soir de pleine lune, il se fait mordre par un loup qu’il a renversé en voiture, Randall s’empresse d’oublier l’incident. Pourtant, Randall ressent peu après les prémices d’une incroyable métamorphose…
Le loup avant Wall-Street
Après Gary Oldman en seigneur Dracula et DeNiro en créature de Frankenstein, c’était en 1994 au tour de Jack Nicholson de prendre la relève avec un film de loup-garou « nouvelle génération ». Un nouveau monstre à son palmarès, mais plus porté sur les regards pénétrants que les hurlements à la lune.
Devant l’énorme succès que fut le Dracula de Coppola, Columbia imagina tout logiquement moderniser les grands classiques du cinéma gothique. Une ambiance qui croisa ainsi le Frankenstein fastueux de Kenneth Branagh et une approche contemporaine du fameux Wolfman espérée depuis plus d’une dizaine d’année par l’acteur Jack Nicholson et son ami romancier Jim Harrison (Légende d’automne). Au-delà de leurs liens non officiels avec le panthéon des Universal Monsters, ces trois films ont surtout comme point commun de n’être aucunement de simples films d’exploitation, mais de porter, avec plus ou moins de réussite, un regard neuf ou tout au moins personnel sur le monstre en question. Ici donc le fameux loup-garou (terme jamais utilisé dans le film) mais qui est moins une créature maudite par les forces du mal ou quelconques objets de sorcellerie, qu’une exacerbation du monde professionnel libéral, ici concentré dans une grande maison de l’édition. On ne s’y jette en effet sur sa proie que de manière symbolique, on dévore ses victimes avec le sourire, on se vole les femelles comme des trophée et on violente le vieux mâle alpha pour qu’il laisse enfin sa place à un jeune loups aux dents longues. Séducteur trouble et étrange symptomatique de ce début des années 90 James Spader (Sexe, Mensonges et vidéos, Crash…) incarne à merveille toutes les dérives du système, arriviste fielleux, petit génie du léchage de bottes et du propre sur soit qui va se révéler un authentique sociopathe et violeur avec une amoralité qui n’est pas sans annoncer American Psycho. Jack Nicholson, imparable, est alors le mentor vieillissant, ancien dénicheur de talents avachis dans son confort, qui va devoir reprendre, littéralement, du poil de la bête et se réaffirmer au sommet de la chaine alimentaire sans perdre son identité d’homme civilisé.
L’esprit de meute
Pas totalement étonnant alors que la production soit allé chercher le vétéran du Nouvel Hollywood, Mike Nichols (Qui a peur de Virginia Woolf ?, Le Lauréat, Ce plaisir qu’on dit charnel…) et qui avait justement rencontré un regain d’élan avec son divertissant Working Girl, déjà au cœur de l’entreprise US. Associé au formidable chef opérateur Giuseppe Rotunno (Le Guepard, Amarcord, Les Aventures du Baron de Munchaüsen…) il donne corps avec fermeté et discrétion à un environnement froid et carnassier, à un jeu d’ombres où les plus bas instincts peuvent s’exprimer tout en gardant les costumes biens mis. Une approche en accord avec le décor donc, privilégiant toujours le cadre sobre et la violence distante (le plus souvent hors champs) a des pulsions plus spectaculaires. C’est certainement là que Wolf peut parfois décevoir. Autant dans un scénario qui n’ira jamais jusqu’au-bout de cette improbable histoire d’amour avec la sublime Michelle Pfeiffer, que dans un traitement extrêmement timide du fantastique. Si justement le film a l’intelligence dans un premier temps de rationaliser à l’extrême les habituels clichés de la lycanthropie, offrant un réalisme bienvenu à sa métaphore, il s’embarque dans son troisième acte (apparemment entièrement retourné et ayant occasionné un retard de six mois pour sa sortie) vers un affrontement beaucoup plus basique et démonstratif, vers des accents beaucoup moins maitrisés de blockbuster hollywoodien. Outre que les effets spéciaux et les maquillages ont quelques peu vieillis, ce sont surtout les gros plans intempestifs, les poses animales et les ralentis constant qui plombent l’ensemble, jamais très loin du ridicule, achevant le film sur une note bien plus contestable.
Inégale certes, mais grâce à son impeccable interprétation (Christopher Plummer est aussi de la partie), des dialogues bien tranchants et une approche stylistique plutôt originale, Wolf tire son épingle du jeu et reste tout à fait recommandable.
Image
Sony retrouve ici son édition épuisée de 2010 avec une ressortie qui permet surtout au retardataire de visionner le film sans débourser une fortune. Petit prix assez logique puisque le master est le même avec un transfert certes très propre mais qui montrait déjà il y a dix ans des fragilités dans la définition (petits amas et léger décrochages visibles dans les premières minutes et les scènes nocturnes) et un piqué un peu mollasson. En 2024 forcément ces défauts semblent plus dommageables encore. Une copie HD sobre, très correcte mais qui manque aujourd’hui de mordant.
Son
Là aussi le DTS HD Master Audio 5.1 commence à prendre de l’âge. Si la dynamique est bien présente et que les effets (bruitages et musiques) jouent une note massive, tout cela manque souvent d’un peu de subtilité et d’ambiances véritablement creusées.
Liste des bonus
Bandes annonces.