WINNIE THE POOH : BLOOD AND HONEY 2
Etats-Unis – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Rhys Frake-Waterfield
Acteurs : Scott Chambers, Tallulah Evans, Ryan Oliva, Peter DeSouza-Feighoney, Eddy MacKenzie, Lewis Santer, Marcus Massey, Simon Callow…
Musique : Andrew Scott Bell
Durée : 95 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 25 septembre 2024
LE PITCH
Au cœur de la Forêt des Rêves Bleus, une rage destructrice grandit alors que Winnie l’Ourson, Porcinet, Maître Hibou et Tigrou voient leur foyer et leur vie menacés après que Jean-Christophe a révélé leur existence. Ne voulant plus vivre dans l’ombre, le groupe décide de mener le combat jusqu’à la ville d’Ashdown, là où vit Jean-Christophe, laissant derrière eux une trace sanglante de mort et de chaos.
Le foret a des yeux
Après un premier opus pour le moins médiocre, Winnie the Pooh : Blood and Honey est de retour pour une séquelle globalement plus ambitieuse et aboutie. Sans pour autant que le résultat ne soit totalement emballant, tant la pente qualitative s’annonçait ardue.
On peut estimer que c’est une idée saugrenue mais amusante. On peut aussi considérer qu’il s’agit d’une démarche opportuniste et naturellement vouée à l’échec. Adapter Winnie l’Ourson, icône de l’enfance dans l’inconscient collectif, à la sauce horrifique semblait avoir tout du concept de petit malin. C’est pourtant l’idée machiavélique qui a germé dans l’esprit du réalisateur britannique Rhys Frake-Waterfield quand les droits du personnage et son univers, détenus jusqu’alors par The Walt Disney Company, sont passés dans le domaine public, début 2022. Waterfield planche donc sur un scénario avant de mettre en scène cet étrange projet hybride. De fait, le film, au budget rachitique, est une foirade qualitative quasi totale qui ne se repose que sur son concept, si l’on excepte les effets spéciaux et un jusqu’au-boutisme dans le gore assumé. Mais son buzz gigantesque sur internet lui permet de s’offrir une sortie en salles aux États-Unis et d’enregistrer un modeste succès surprise. De quoi légitimer l’envie de créer une suite. Le phénomène Winnie the Pooh : Blood and Honey prend de l’importance avec cette séquelle dotée d’un budget plus conséquent et d’un casting totalement renouvelé. Et, osons le dire, une ambition de cinéma un peu plus présente que dans le précédent opus, sorte de brouillon technico-narratif du concept. Dans cette séquelle, on retrouve le personnage de Jean-Christophe qui reprend une place centrale (après être passé au second plan dans le premier opus), traumatisé par son passé et ses relations pour le moins bizarres avec les créatures de la Forêt des Rêves bleus. Le mec est en thérapie, d’autant que s’ajoute à son désordre psychologique le souvenir d’un jeune frère enlevé par un inconnu à son plus jeune âge.
Séquelle sanglante, concept opportuniste
Rhys Frake-Waterfield (à qui on doit jusqu’alors des bisseries absolues comme The Area 51 Incident ou Firenado), à nouveau auteur du scénario, s’emploie à concevoir un film plus abouti, tant sur la forme que dans son aspect narratif, avec des personnages un peu plus fouillés. A l’image d’un Damien Leone qui a su alimenter les composantes de son univers horrifico/référentiel Terrifier dans une séquelle plus ambitieuse (en attendant un troisième volet sous peu…), Waterfield décide de développer une histoire à priori mieux charpentée. Ça reste bien évidemment au ras des pâquerettes, avec des personnages on ne peut plus clichés et pas très bien interprétés, des situations et traumas revus mille fois, des embranchements scénaristiques légèrement prévisibles sur les bords… Ainsi, le film légitime le postulat de départ WTF de ses créatures mi humaines, mi animaux en lorgnant vers les expériences d’un certain Docteur Moreau… Mais l’effort est notable. Tout comme la mise en scène de Waterfield qui gagne elle aussi en ampleur, en quittant la Forêt des Rêves bleus pour investir d’autres décors plus variés et urbains. Globalement, ce Winnie the Pooh 2 est nettement supérieur à son prédécesseur. Et culmine, après de longues scènes dialoguées pas toujours très inspirées, dans un long dernier acte qui prend le pari de mettre les pieds dans le plat de l’étal boucherie-charcuterie, lorsque Winnie et ses congénères, Tigrou et Maitre Hibou, débarquent dans une rave party pour trucider une colonie de jeunes fêtards. Mais est-ce que cela suffit pour en faire un bon film. Pas vraiment. Si les scènes d’attaque dépotent toujours autant dans le crado et la cruauté, d’autant que le réalisateur prend soin de montrer toujours plus, le concept opportuniste de l’entreprise ne cesse de revenir tel un boomerang. Car de toute évidence, si l’on extrait l’univers très décalé de Winnie l’Ourson appliqué sur le canevas horrifique, on se retrouve face à une série B lambda et au rabais, un slasher corsé niveau hémoglobine, mais qui ne vole pas très haut. Ça pourra cependant suffire pour certains, car il faut reconnaître une efficacité certaine, une générosité dans l’horreur et une cohérence que ne possédait pas l’épisode précédent. L’annonce d’un troisième opus, toujours bigger and louder, et la mise en chantier en parallèle d’autres films autour de personnages sortis du giron légal de Disney comme Pinocchio ou encore Bambi (!) en version horrifico/trash, laisse à penser que l’entreprise pue réellement l’opportunisme à plein crins…
Au petit jeu de la relève du cinéma horrifique, on mettra plutôt une pièce sur la saga Terrifier et son réalisateur que sur ce multiverse aux talents moindres, et qui risque de vite tourner en rond…
Image
Comme dans le précédent opus, la définition 4K permet d’envelopper l’image du film d’un solide enrobage technique, avec une excellente gestion des contrastes, notamment des noirs, des effets de lumière variés et solides, avec des teintes chaudes aux sources nettes et sans bavure. Le résultat est à la hauteur du support pour un film toujours assez fauché.
Son
Les deux pistes sonores DTS HD Master Audio 5.1 dépotent bien, mettant en avant les effets horrifiques et la musique très présente d’Andrew Scott Bell. On n’est pas dans la finesse, évidemment, mais la dynamique générale du son occupe la place que l’on est en droit d’attendre d’un tel film.
Interactivité
ESC délivre une édition Steelbook collector limitée comprenant la galette UHD et le Bluray. C’est celui-ci qui comporte par ailleurs une interactivité assez fournie à défaut d’être renversante dans sa pertinence. On commence par un court making-of (8’) un peu rigolard, montrant des scènes de tournages brutes ou mettant en valeur certains techniciens. Cependant, ça a beau être très détendu, ça parle plus que cela ne montre d’instantanés du tournage. Outre quelques scènes de meurtres coupées (2’) assez dispensables pour un film qui en est déjà bien pourvu, cette édition propose un module (5’) donnant la parole au réalisateur et à son acteur principal et coproducteur, Scott Chambers, qui évoquent le multivers « Monster Assemble », et ses futures déclinaisons qui font froid dans le dos. Avec en cerise sur le gâteau (!), les premières images de la déclinaison de Bambi, qui semble être un Jaws/Razorback-like dans les bois. Outre les bandes-annonces du film, le bonus le plus intéressant et sympathique demeure le journal de bord du compositeur Andrew Scott Bell (25’) qui offre un aperçu de sa phase de création, mais également ses expérimentations sonores avec des instruments conçus avec les moyens du bord, comme ce violon/ruche assez improbable, pour composer le score du film.
Liste des bonus
« Behind the Scenes » : making of, « L’Arrivée du PoohniVerse » : discussions sur l’avenir de la Monster Assemble, « Behind the Score » : derrière la musique de Winnie The Pooh 2, Scènes (de meurtre) coupées, Bande-annonce censurée, Bande-annonce non-censurée.