WILLOW
Etats-Unis – 1988
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantasy, Aventure
Réalisateur : Ron Howard
Acteurs : Val Kilmer, Warwick Davis, Joanne Whalley, Jean Marsh, Billy Barty, Patricia Hayes, Kevin Pollak…
Musique : James Horner
Image : 2.39 16/9
Son : DTS-HD Master Audio 5.1 Anglais, DTS 5.1 Français, Allemand, Italien…
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand, Italien…
Durée : 126 minutes
Editeur : 20th Century Studios
Date de sortie : 18 décembre 2024
LE PITCH
Il était une fois un royaume peuplé de petits habitants appelés les Nelwyns. Ce peuple paisible était dominé par les Daikinis, gens de grand taille gouvernés par la cruelle reine Bavmorda. Or il advint qu’un prophète annonçât la naissance d’une princesse appelée à détrôner Bavmorda. La terrible reine ordonna alors de tuer tous les nouveaux-nés du royaume. Elora échappa au massacre et ce fut Willow, un jeune Nelwyn féru de magie, qui la recueillit. Mais Bavmorda n’avait pas dit son dernier mot…
There and Back Again
Il y longtemps, bien longtemps…. Bien avant Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux, l’Heroic Fantasy avait pour tout le monde le visage de Willow, autre représentant des petites gens qui se retrouvait plongé dans une aventure trop grande pour lui. Et malgré ce que certains peuvent baver, non Peter Jackson n’a pas écrasé le nelwyn sous son talon (ou talent).
George Lucas aura longtemps recherché un succès aussi imposant que celui de la saga des Star Wars. Pour cela, via LucasFilm, il avait déjà produit un Howard The Duck deux an avant d’après un de ses scénarios et s’était mémorablement planté au box-office même si l’objet mais vaut nettement mieux que sa réputation. En parallèle, Ron Howard (Backdraft, Da Vinci Code) réussissait tranquillement en ce milieu des années 80 à trouver son public avec les sympathiques Splash et Cocoon. Sans esbroufe, ni génie, il y démontre un talent sincère pour la comédie, le fantastique familial et la gestion d’effets spéciaux (déjà concoctés par ILM), faisant sans doute penser à Lucas qu’il tenait là le parfait petit technicien (comme Marquant sur Le Retour du Jedi) qui lui permettrait de réaliser sa version à lui du Seigneur des anneaux sans se casser les pieds avec la gestion de plateaux et ces satanés acteurs. Car il est évident que Willow est bel et bien un film de George Lucas. Un sentiment appuyé par la vision du making of (présent sur toutes les éditions) qui le montre déambuler dans les coulisses, donner des indications à droite à gauche… Faisant d’ailleurs dire à Howard “ J’ai parfois le sentiment d’être non pas le réalisateur de ce film, mais vice-président des affaires cinématographiques de Lucasfilm ”.
C’est l’histoire d’un peck
Le film porte irrémédiablement sa patte dans une réutilisation poussée des thèses narratives de Joseph Campbell (Le Héros aux mille et un visages était déjà à l’origine de La Guerre des étoiles), les gimmicks de montage hérités d’Akira Kurosawa et dans une multitude de détails qui peuvent transformer le film en jeu de pistes pour cinéphiles : la romance Matt Mortigan / Sorsha calquée sur celle de Han Solo / Princesse Leïa, la sorcière Bavmorda et son General Kael tout juste remaniés de La Bataille d’Andor (second long métrage des Ewoks), les références bibliques (Moïse) ou Arthurienne et une structure globale conçue comme un mélange du premier roman de Tolkien et de Un Nouvel espoir (le mercenaire, la princesse…). Le monomythe et les schémas archétypaux comme principale constituante d’une grande aventure au demeurant parfaitement réussie. Car Lucas avait en ce temps encore un grand savoir-faire et fournit un spectacle particulièrement attachant et entrainant usant de paysages enchanteurs (la Nouvelles Zélande déjà), d’acteurs en pleine forme (Val Kilmer avant pétage de plombs et Warwik Davis à la naïveté désarmante), d’une des plus subtiles bandes originales de James Horner (Avatar) et d’une féerie visuelle qui usait des prouesses d’ILM. Le must du must en termes d’effets spéciaux en ces temps-là, qui personnifie d’ailleurs le dernier sursaut d’une croisée des chemins où maquillages, stop-motion, animatronics, illusions et matte-paintings cohabitaient magnifiquement avec les premières grandes prouesses de l’infographie (le morphing de Fin Raziel). Le symbole d’une époque, tout comme cet étonnant mélange d’épique premier degré, d’humour galvanisé (certaines répliques sont authentiquement culte) et d’une surcouche sombre et inquiétante typique des divertissements 80’s.
Forcément aujourd’hui très proche du Hobbit de Peter Jackson (lieu de tournages, reprise picturale de certaines gravures issues du roman), Willow n’en est pas moins une performance unique et mémorable, pleine de charmes et de poésie.
Image
Dix bonnes années après une belle prestation sur support Bluray, Willow revient au Home Cinema avec une nouvelle édition 4K. On ne cachera pas que le master utilisé pour produire cette nouvelle copie est le même que celui de la galette bleue, alors supervisé par Lucas en personne, retravaillé avec soin via les standards HDR10 et Dolby Vision pour s’offrir un nouveau petit coup de fouet. Le film paraissait déjà merveilleux il y a dix ans, les nouvelles technologies et la définition décuplée lui donne une énergie inédite dans la restitution des couleurs (chaudes, pleines, variés et délicieusement automnales), dans l’installation de noirs immaculées et de lumières vivaces. En ajoutant à cela un piqué extraordinaire révélant nombre de panoramas grandioses et une foultitude de détails sur les costumes ou les visages, Willow semble avoir été tourné la semaine dernière. Même le mélange d’effets spéciaux et les compositions disparates (les brownies, les fées, le dragon à deux têtes) semblent s’intégrer mieux que jamais au spectacle, sans jamais que le grain, marqué, ou les textures ne soient abimées dans le procédé.
Son
Pas de changement pour les pistes sonores qui se voient bouder une prestation Dolby Atmos. Reste heureusement un DTS HD Master Audio 5.1 anglais toujours aussi performant. Du tonnerre qui fait trembler la salle de visionnage dès l’ouverture aux envolées lyrique et sublimes de la BO de James Horner jusqu’au cliquetis des épées et mêmes à quelques sonorités kitchs (les gerbes de flammes du dragon), l’ensemble emporte l’auditoire dans un flot d’effets dynamique, de rebondissements et de notes gracieuses (les paysages à la Tolkien). La version française, reste tristement rivée à son DTS stéréo, certes très propre et équilibré, mais sans vraiment d’envergure ou de souffle plus ample. Dommage pour le doublage qui est vraiment excellent.
Interactivité
10 ans donc après l’édition 25eme anniversaire (faites le calcul) Willow revient en steelbook (encore une fois épuisé) et édition standard avec un combo 4K / Bluray. Pas de supplément inédit sur la première et la seconde est tout simplement une reprise de l’édition précédente qui était plutôt joliment fournie et qui reprenait déjà en partie le contenu du bon vieux DVD collector. Le programme s’ouvre naturellement sur le fameux Making of d’époque assez sympathique et laissant filtrer une présence envahissante d’un certain George et le segment sur le morphing présenté par Dennis Murren. Outre des petites introductions pour ces bonus (avec un Ron Howard nostalgique d’un cinéma plus « aventureux »), les fans retrouveront aussi une interview inédite de Warwick Davis agrémentée d’extraits de son journal de bord tournée sur le plateau de tournage et une petite sélection de matte painting. Le plus aguicheur est clairement la série de scènes coupées commentées par le réalisateur. D’une trame parallèle complète autour du père de Sorsha totalement évacuée à une séquence spectaculaire (et coûteuse) dans laquelle Willow affronte une sorte de piranha géant (oui, bon peu convaincant), les documents sont surprenants et avaient de quoi rajouter une bonne demi-heure au film. Manque tout de même toujours au programme l’ancien commentaire audio de Davis et un vrai documentaire rétrospectif avec les participations de toute l’équipe du film.
Liste des bonus
Scènes coupées avec Ron Howard (12’), « Willow : un héros improbable » : journal Vidéo de Warwick Davis (11’), « Making of : les coulisses d’une aventure » (23’), L’aube du numérique au cinéma : du « Morf » au « Morphing » (17’), Matte Paintings (1’).