WICKED

Etats-Unis – 2024
Support : UHDK & Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Jon M. Chu
Acteurs : Cynthia Erivo, Ariana Grande, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum, Jonathan Bailey, Marissa Bode, Ethan Slater…
Musique : John Powell, Stephen Schwartz
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Digital Plus 7.1 Français et espagnol
Sous-titres : Français, Anglais, Espagnol…
Durée : 161 minutes
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 9 avril 2025
LE PITCH
WICKED suit le parcours des sorcières légendaires du monde d’Oz. Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l’Université de Shiz, dans le fantastique monde d’Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. Cependant, leur rapport avec le Magicien d’Oz va mettre à mal cette amitié et voir leurs chemins s’éloigner.
Sous le charme
Prolongement de l’une des œuvres fondatrices de l’âge d’or Hollywoodien, révision d’un classique de la littérature fantastique américaine et adaptation roborative d’un incontournable de la scène de Broadway depuis plus de vingt ans, Wicked avait tout pour se prendre un mur. Mais force est de constater que la magie est bel et bien là, servie avec ferveur par le formidable duo de performeuses : Cynthia Erivo et Ariana Grande.
D’une certaine façon, on peut difficilement faire plus américain que Le Magicien d’Oz, départ d’une grande saga littéraire imaginée par L. Frank Baum paru la première année du 20ème siècle et dont la mythologie innerve toute la culture anglo-saxonne. Une présence d’autant plus marquée avec la découverte de sa magnifique adaptation cinématographique signée Victor Flemming qui a son tour s’imprégna définitivement dans la culture mondiale. Un mythe, littéralement, auquel s’attaqua à son tour Gregroy Maguire en 1995 avec son roman Wicked : The Life and Times of the Wicked Witch of the West, prequelle révisionniste qui faisait de la terrible et vilaine sorcière la véritable héroïne du monde d’Oz, rebelle persécutée et activiste fantasy, qui devint à son tour une glorieuse comédie musicale à Broadway. Des racines aux longues et inextricables ramifications pour ce long métrage à grands frais produit par la Universal (reprenant le flambeau des studios Warner puis Disney) ce long métrage en est parfaitement conscient. Et d’ailleurs l’une des premières grandes réussites du film est justement de réussir à mêler constamment cette multitude de couches de références, d’époques, d’esthétiques et d’optiques dans une proposition tout à fait cohérente et clairvoyante. Du prologue virevoltant traversant, entre autres, la fameuse « route de brique jaune » empruntée par les silhouettes des quatre héros (5 avec Toto) jusqu’à la mise en abime réjouissante de la légende du magicien interprétée par les deux actrices originelles de Wicked, le métrage n’a certainement jamais peur des clins d’œil et des hommages, mais en intègre la nature directement dans sa volonté d’aller voir au-delà des traditions, des apparences, et d’écarter le fameux rideau.
The Wizard and Us
Une façon brillante d’approfondir un univers qui a toujours joué avec les notions du bien et du mal, mais qui le fait ici avec une maturité, et une actualité, nouvelle. Certes Wicked n’est pas le premier récit à jouer la carte de l’origin-story d’une méchante que l’on découvrirait victime d’un monde injuste (Disney s’en est fait une spécialité depuis deux décennies justement…), mais c’est clairement celui qui réussit le mieux à en justifier et crédibiliser le procédé, faisant d’Elphaba une porte-étendard de toute les victimes de ségrégations sociales ou raciales, renversant la balance en transformant le fameux Magicien d’Oz (Jeff Goldblum, à sa place) en figure politique faussement bienfaitrice, adepte dans la fakenews et de la propagande par l’entertainement. Un récit d’une modernité à toute épreuve, bien plus profond qu’attendu et aux métaphores éclairantes, mais qui justement n’oublie jamais la force du grand spectacle étalant fièrement son budget de 150 millions de dollars (et des brouettes) bardé d’images de synthèses toujours chiadées, de costumes et de décors grandioses, de séquences joyeusement spectaculaires et emballées par une photographie jamais très loin du Technicolor.
Difficile de résister à l’enthousiasme des tubes Dancing Through Life (avec un décor de bibliothèque à rotation et un mélange de parkour et de RnB bien senti), Popular (entrainant et hilarant) et bien entendu du revendicateur Defying Gravity, d’autant plus qu’ils sont interprétés par les talentueuses Cynthia Erivo et Ariana Grande. Elles s’avèrent aussi convaincantes en pures interprètes vocales qu’en amies improbables, transmettant autant de belles sensibilités que des instants de pures comédies qui ne font que concrétiser toute la sympathie qui nait presque immédiatement pour ces deux personnages féminins voués à devenir ennemies.
Une belle réussite au souffle indéniable, aux grandes séquences musicales particulièrement inspirées et modernisées où l’on n’attendait certainement pas le réalisateur Jon M. Chu (Sexy Dance, G.I. Joe Conspiration, Crazy Rich Asians…), qui pourtant à la manière de Paul King sur Wonka, démontre qu’il est tout à fait possible de célébrer les grands atours kitchs et colorés de la comédie musicale traditionnelle sans tomber dans la naïveté ou le cynisme. On attend fébrilement le second volet, Wicked : For Good tourné en simultané et actuellement en post-production.
Image
Sans grande surprise la copie de Wicked en met plein la vue et fait frétiller les mirettes. Avec sa source 6.5K au format Ultra Panavision 70 (comme à la grande époque), le film resplendit à chaque instant assurant un piqué vertigineux, une profondeur sidérante et une précision massive. Tout est visible, palpable, vibrant, et surtout harmonieusement composé entre les éléments réels (acteurs, certains décors) et les nombreuses images de synthèses embarquées, toujours convaincantes. Naturellement c’est essentiellement dans le traitement des couleurs que le format UHD fait véritablement la différence, développant à l’aide du Dolby Vision un panel de variables de teintes et des intensités décuplées et parfois assez hallucinantes il faut bien l’avouer. Une sacrée démonstration technique.
Son
Seule la version originale profite d’un mixage Dolby Atmos et c’est bien dommage tant, une fois encore, le standard permet d’imposer un spectacle sonore de très haute volée, assurant une restitution cristalline des nombreuses, et très belles, voix du film, tout en les mariant à un univers opulent, dynamique, énergique et puissant. La prestation est particulièrement enveloppante, riche et spectaculaire.
La version française semble un peu à la traine, certainement parce que le Dolby Digital Plus 7.1 ne peut assurer la même aisance dans les détails, mais aussi car les performances hexagonales, voix et traduction, semblent toujours bien moins éclatantes.
Interactivité
Universal propose là une édition plutôt complète qui renoue un peu avec l’opulence que l’on pouvait connaitre il y a quelques années sur les grands blockbusters (estivaux ou non). Elle délivre un long making of de 45 minutes revenant sur toutes les étapes de création du film à grand renfort d’interviews enthousiastes et d’images du tournage, des répétitions ou de fabrication des décors, qui est rejoint (uniquement sur le disque 4K) par trois featurettes thématiques (une visite des décors, l’hommage à la comédie musicale originale et quelques instants en compagnie du magicien). Le propos est toujours sage et cela reste bien poli, mais les informations sont là et la balade n’est jamais désagréable. Même sensation du coté des petites, mais nombreuses, scènes coupées qui ajoutent quelques instants volés de ci-delà sur l’univers d’Oz (le voyage en train beaucoup plus long à l’origine, l’arrivée de la gazette de l’université…).
Et la bonne humeur se poursuit bien entendu avec la version karaoké du film (uniquement pour la version anglaise déso les enfants) et le commentaire audio trop friendly des actrices. Pour plus de précisions techniques, de réflexions artistiques, il vaut mieux se tourner vers celui du réalisateur.
Liste des bonus
Version karaoké (en anglais, Commentaire audio du réalisateur, commentaire audio de Cynthia Erivo et Ariana Grance, Scènes supprimées et étendues (18’), Les Coulisses du tournage (45’), Découverte du monde de Wicked (8’), L’héritage de Wicked (4’), Le Merveilleux magicien (4’).