VIVRE
Living – Royaume-Uni – 2022
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Oliver Hermanus
Acteurs : Bill Nighy, Alex Sharp, Aimee Lou Wood, Adrian Rawlins, Hubert Burton, Oliver Chris, Michael Cochrane…
Musique : Emilie Levienaise-Farrouch
Durée : 102 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Distributeur : Metropolitan
Date de sortie : 25 mai 2023
LE PITCH
1953. Londres panse encore ses plaies après la Seconde Guerre Mondiale. Williams, fonctionnaire chevronné, est un rouage impuissant dans le système administratif de la ville qui doit se reconstruire. Il mène une vie norme et sans intérêt, mais tout change lorsqu’on lui diagnostique une maladie grave qui l’oblige à faire le point sur son existence. Rejetant son quotidien banal et routinier, Williams va alors se dépasser et enfin vivre sa vie.
Les jours comptés
Soixante-dix ans après la sortie du Ikiru (Vivre) en 1952, Oliver Hermanus et le scénariste Kazuo Ishiguro nous proposent un remake de l’œuvre de Akira Kurosawa. Transposée dans le Londres de l’après Seconde Guerre Mondiale, cette adaptation fidèle qui évite subtilement le sentimentalisme vaut vraiment la découverte, ne serait-ce que pour admirer la performance d’un Bill Nighy impérial.
A l’instar du « Monsieur William » chanté par Léo Ferré ou Serge Gainsbourg, le héros de Living, Mr. Williams, est « un ouvrier modèle, toujours exact et toujours plein de zèle. », qui gère un service des travaux publics londoniens, particulièrement actif au sortir de la Seconde Guerre Mondiale pour œuvrer à la reconstruction de la ville. Autant craint que moqué pour son sérieux et sa morgue, celui qui se fait surnommer « Mr. Zombie » par ses collègues va pourtant finir par déserter les bureaux et sa vie monotone et routinière après avoir appris que sa fin était proche…
Somptueux film d’époque, sobre et élégant, Living (Vivre) est en fait un remake de Ikiru (Vivre), sorti en 1952. Comme l’avait fait avec justesse Akira Kurosawa en son temps, le réalisateur Oliver Hermanus et le scénariste Kazuo Ishiguro (Les Vestiges du jour) réussissent à ne pas sombrer dans le chantage aux pleurs malgré un sujet aussi grave. Plutôt que de s’appesantir sur la fin tragique d’un homme, Vivre s’intéresse au contraire à ce qui le maintient en vie en dépit de l’ultimatum donné par son médecin. Car finalement, à quoi beau vivre si on ne sait pas pourquoi ? Incarné avec brio par Bill Nighy (Pirates des Caraïbes, Good Morning England…), qui fut d’ailleurs nommé pour l’Oscar du meilleur acteur pour ce rôle, le bureaucrate Williams s’évertue à trouver un sens à sa fin de vie tout en constatant avec amertume que les fondements de son existence, le travail et la famille, ne lui apportaient pas l’épanouissement nécessaire, à l’instar du chaudronnier joué par Salvo Randone dans Les Jours comptés de Elio Petri. Toutefois ici la perspective d’une mort prochaine transforme le travailleur docile en un homme entreprenant qui décide de s’investir pour les autres en aidant les habitants d’un quartier défavorisé.
Seul sur la balançoire
Malgré l’apport « exotique » du sud-africain Hermanus et du romancier britannique né au Japon Ishiguro, Living s’avère bel et bien un film « britannique », personnifié par le flegme de Nighy, un humour de bon aloi et la ville de Londres omniprésente et bien mise en valeur par la photographie de Jamie Ramsay. Outre la nomination de Bill Nighy, le scénario du Prix Nobel de Littérature 2017, qui avait écrit le Best-seller Les Vestiges du jour en 1989 adapté au cinéma par James Ivory en 1993, a également concouru pour l’Oscar du meilleur scénario adapté en 2023. Son adaptation très fidèle de l’œuvre de Kurosawa situe de nouveau l’intrigue après le chaos de la guerre et reprend maints éléments comme cette extraordinaire séquence d’un homme seul sur une balançoire au soir de son existence. Cette chronique douce-amère doit aussi beaucoup à la délicieuse partition musicale signée Émilie Levienaise-Farrouch et à un casting solide rehaussé par la présence solaire de Aimee Lou Wood (Sex Education), véritable révélation du film.
Avec ces deux nominations aux derniers Oscars, sa Bande Originale majestueuse ou encore sa belle retranscription du Londres des années 1950, Living, tout en rendant hommage au film de Kurosawa, nous offre un joli moment de cinéma subtil et « so british » à l’image de son acteur principal Bill Nighy.
Image
Malgré son origine numérique, la copie proposée présente un grain particulier, rajouté par un filtre en post-production. Cela donne effectivement un cachet au film de Hermanus, qui se signale aussi par un joli contraste des couleurs et des ambiances nocturnes très réussies.
Son
A l’image du film, le son s’avère sobre et discret pour un confort d’écoute optimal. Les dialogues sont ainsi aussi clairs que intimistes. A noter, une VF de qualité avec des qualités techniques équivalentes à la VO.
Interactivité
Parmi les deux bonus vidéo proposés, on retrouve de courtes interventions des différents intervenants du film (acteurs, scénariste, réalisateur, décorateur…) où Hermanus rappelle avoir voulu faire « un film d’époque, mais vivant, contemporain ». Enfin, on retrouve un bonus caché (signalé par un chapeau sur le menu du Blu-Ray) qui nous permet d’avoir accès à des images de tournages, principalement en extérieur londonien.
Liste des bonus
Questions et réponses (16’), « Making-Of » (23’), Bande-annonce (2’).