VIOLENCE À JÉRICHO
Rough Night In Jericho – États-Unis – 1967
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Arnold Laven
Acteurs : George Peppard, Dean Martin, Jean Simmons, John McIntire, Slim Pickens, Don Galloway, …
Musique : Don Costa
Image : 2.35 16/9ème
Son : Français & Anglais DTS HD Master Audio Mono 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 25 mai 2023
LE PITCH
Ancien homme de loi, Alex Flood a pris le contrôle de la ville de Jericho et règne par la violence. Propriétaire d’une diligence, Molly Lang est la dernière a s’opposer à Flood et va tout faire pour convaincre Hickman et Dolan, ses associés, de mettre cet homme cruel hors d’état de nuire, …
A History of Violence
1967. Ayant pris acte du succès foudroyant du western à l’italienne et de sa vision sale, cynique et désabusée de la conquête de l’Ouest, Hollywood consent peu à peu à bousculer les codes du genre. Exemple de ce revirement, Violence à Jericho oppose un Dean Martin impeccable en salopard intégral à un George Peppard indécis et ambigu dans un déchaînement de violence que n’aurait pas renié le Lucio Fulci du Temps du massacre.
La scène d’ouverture de Violence à Jericho interroge. L’attaque d’une diligence dans les plaines de l’Utah cadrée en Scope, le score de Don Costa qui imite (plutôt bien) les classiques de Dimitri Tiomkin et d’Elmer Bernstein, la complicité et l’humour qui sous-tendent la relation entre les personnages de George Peppard et John McIntire, pas de doutes, nous sommes en terrain connu. Ford, Hawks, Walsh et Sturges sont déjà passé par là plus d’une fois. Plusieurs détails laissent toutefois perplexe. La poussière, la sueur et la crasses omniprésentes, la gratuité apparente de la fusillade dont les motivations ne seront révélées que bien plus tard et le fait que l’assaillant soit interprété par Dean Martin, pas vraiment un habitué des rôles de méchant (et c’est un euphémisme). Quelque chose ne tourne pas rond dans le film d’Arnold Laven et ce n’est que le début.
Dès la scène suivante, l’affaire se corse. Dean Martin, comparse historique des pitreries géniales de Jerry Lewis, crooner ultra-populaire à Las Vegas et adjoint alcoolique de John Wayne en quête de rédemption dans le Rio Bravo de Howard Hawks n’est pas seulement un bandit de grand chemin, il est le despote craint de tous de la petite ville de Jericho. Et il le prouve en menaçant le shérif local sans que quiconque (ou presque) ne trouve à y redire avant d’organiser le lynchage et la pendaison d’un pauvre commerçant qui aura eu le malheur de ne pas se laisser intimider par un de ses hommes de main. Une démonstration de cruauté tout à fait glaçante dont Gene Hackman saura se souvenir pour sa prestation dans Impitoyable de Clint Eastwood. Au fil de l’intrigue, on en apprend davantage sur le personnage d’Alex Flood auquel Martin apporte un charme diabolique et une résolution terrifiante. Autrefois marshall au niveau fédéral, pistolero redoutable ayant passé du temps au sein d’une tribu indienne, il a été appelé à l’aide par les habitants de Jericho, en proie au banditisme. Sa mission terminée, motivé par l’appât du gain et la soif de pouvoir, il est passé de l’autre côté de la loi, imposant la sienne.
De Charybde en Scylla
Spécialiste du petit écran (les séries The Rifleman avec Chuck Connors et The Big Valley avec Lee Majors, c’était lui) davantage que du grand, Arnold Laven a malheureusement tendance à tirer Violence à Jericho vers le tout-venant, sa mise en image restant plus que fonctionnelle et son sens du rythme très épisodique. Et lorsqu’il tente d’insuffler un peu de légèreté à son film en incluant une scène de beuverie loufoque entre George Peppard et Jean Simmons, la rupture de ton est maladroite et tout à fait hors sujet. Sa direction d’acteurs, en revanche, est de tout premier ordre. Vêtu de noir comme le Sabata de la trilogie spaghetti de Gianfranco Parolini, George Peppard campe un anti-héros aux motivations obscures mais aussi cool, charismatique et souriant qu’un Terrence Hill ou un Steve McQueen. Et il forme un duo très efficace avec Jean Simmons, attachante en veuve courageuse et déterminée.
L’attrait majeur de Violence à Jericho réside bien entendu dans ses nombreuses explosions de … violence. À défaut de se montrer imaginative, la caméra de Laven ne perd pas une occasion de mettre en avant le sang, les blessures et la souffrance des protagonistes, ce qui fit s’étrangler la censure de l’époque, pas tout à fait habituée à voir des cowboys se faire cribler de balles avec sadisme quand il ne se prenne pas des décharges de fusil de gros calibre en pleine poire et à bout portant. Véritable morceau de bravoure (ou de folie furieuse, c’est selon), l’affrontement entre Peppard et Slim Pickens dans la cour du ranch de Jean Simmons est, à n’en pas douter, le clou du film. Usant d’un fouet qu’il manie avec un sourire de dément, Pickens maltraite son opposant avant que la vapeur ne s’inverse et d’être lui-même passé à tabac avec un tisonnier jusqu’à ce que mort s’en suive. Suffocante, la brutalité du moment fait encore son petit effet aujourd’hui et peut être vu comme l’élément déterminant de l’influence d’alors des westerns de Sergio Leone et de Sergio Corbucci tout en préfigurant le basculement irréversible qu’imposeront les œuvres sanglantes de Sam Peckinpah. Ce dernier se serait sans doute senti parfaitement à l’aise dans l’univers déliquescent de Violence à Jericho. En l’état, ce produit hybride et fascinant, à défaut d’être totalement convaincant, s’impose sans peine comme un marqueur de son temps.
Image
Déjà disponible en DVD dans la même collection dans deux éditions strictement identiques parues en 2007 et 2010, Violence à Jericho ne profite que modérément de son passage vers la haute définition. Le master est assez propre dans son ensemble mais le surcroît de définition ne saute pas aux yeux avec un grain et un fourmillement assez important.
Son
La piste française ne démérite pas face à une version originale claire et parfaitement équilibrée avec des dialogues qui occupent une bonne partie de l’espace et laissent ponctuellement s’exprimer les ambiances et les effets. Efficace.
Interactivité
La présentation de Jean-François Giré insiste sur la violence et le contre-emploi de Dean Martin tandis que celle de Patrick Brion insiste sensiblement sur le contexte de l’époque et le parcours du réalisateur Arnold Laven. Deux modules très complémentaires donc et qui sont complétés par un retour d’une vingtaine de minutes sur la carrière de Dean Martin où se mêlent photos d’archives et extraits de chansons ou de films dont une prestation désopilante aux côtés de Jerry Lewis.
Liste des bonus
Présentation de Jean-François Giré (12 minutes) / Présentation de Patrick Brion (7 minutes) / Portrait de Dean Martin (21 minutes) / Bande-Annonce.