VENOM 2 : LET THERE BE CARNAGE
Etats-Unis – 2021
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique, Super-héros
Réalisateur : Andy Serkis
Acteurs : Tom Hardy, Woody Harrelson, Michelle Williams, Naomie Harris, Reid Scott, Stephen Graham, …
Musique : Marco Beltrami
Durée : 97 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Atmos True HD Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 Français, allemand…
Sous-titres : Français, Anglais, Italien, …
Editeur : Sony Pictures France
Date de sortie : 23 février 2022
LE PITCH
En quête d’un article pouvant lui faire retrouver le chemin du succès, Eddie Brock accepte de s’entretenir avec le tueur en série Cletus Kasady. Mais la situation dérape lorsque Kasady entre en contact avec le symbiote Carnage, rejeton de Venom, et s’évade le jour de son exécution, …
Du caca dans les yeux
Accident industriel dont le (faible) capital sympathie réside pour l’essentiel dans le cabotinage outré d’un Tom Hardy en roue libre, Venom premier du nom était parvenu à déjouer les pronostics en engrangeant pas loin de 900 millions de dollars au box-office de 2018. Un tel succès aurait dû permettre au réalisateur Ruben Fleischer de reprendre le contrôle du personnage imaginé par David Michelinie et Todd McFarlane pour signer une suite plus proche de ses intentions initiales. Pas vraiment sur la même longueur d’onde, Sony a préféré confier sa nouvelle poule aux œufs d’or à Andy Serkis, lequel a fait le choix de se vautrer dans le cynisme et la connerie la plus crasse qui soit pour accoucher d’un nanar aussi laid qu’antipathique.
S’il était sorti dans les années 90, nul doute que le destin de Venom aurait été de rejoindre des films tels que Steel, Judge Dredd ou Barb Wire dans le grand dépotoir des adaptations malades de comic books et qu’il serait devenu une curiosité défendue par une poignée de fans adorables mais branques et au mauvais goût affûté. Sorti d’un development hell de près de quinze ans par le réalisateur de Bienvenue à Zombieland et l’acteur Tom Hardy, le film partait pourtant d’une ambition louable : offrir une aventure solo à l’un des plus grands ennemis de Spider-Man qui soit à la fois méchante et drôle, violente et irrévérencieuse. Vite repensé et défiguré en post-production pour rentrer dans le rang des blockbusters Marvel, Venom a finalement débarqué dans les salles sous la forme d’un étrange nanar à 100 millions de dollars, traversé par un humour « autre », sorte de remake officieux d’Elmer le remue-méninges où le gore et les bouts de ficelles auraient été remplacés par des CGI foireux et un pétage de plombs de son acteur principal qui ne peut s’expliquer autrement que par une surconsommation d’alcool et de drogues diverses. Le tout sur une durée d’1h40 (presque une anomalie dans le paysage des films de super-héros) et à un rythme qui laisse penser que le montage était loin d’être terminé. Sans doute faut-il voir dans cette série de sorties de routes la raison d’un succès inespéré auprès d’un public fatigué des produits interchangeables livrés à la chaîne par Marvel Studios et Disney. L’effet de surprise, en quelque sorte. C’est du moins ce que Sony s’est dit.
Simple Eddie
Très consciemment, Venom 2 : Let There Be Carnage reprend à son compte toutes les tares de son prédecesseur pour en faire sa seule note d’intention : toujours plus con. Cynique jusqu’à la nausée, le « film » (impossible de faire l’impasse sur les guillemets) d’Andy Serkis sert donc de la merde à son public en capitalisant sur ses goûts de chiottes. Comment en est-on arrivé là ? À l’équivalent hollywoodien et pété de thunes d’un épisode de Alf revu et corrigé par Cyril Hanouna et sa sinistre bande juste après une petite session de nouilles dans le slip ? À une histoire sans queue ni tête où une simple morsure transforme Woody Harrelson en gloubi-boulga rouge en images de synthèse et où Tom Hardy se parle à lui-même dans une dynamique de buddy-movie où le même gag est répété ad nauseam (Venom veut manger des méchants, vous me le copierez 100 fois) ? Un film où les motivations de sa poignée de protagonistes sont balancées à la va comme j’te pousse sans la moindre logique apparente ? Inexplicable.
Affreusement laid malgré son budget une fois encore généreux et noyé sous une avalanche d’effets spéciaux, d’explosions et de bruit comme pour mieux abrutir le spectateur, Venom 2 n’est pas seulement un très mauvais film, c’est aussi et surtout une insulte permanente dont le clou est une longue scène de night-club où notre symbiote favori se ridiculise avec des bandeaux fluos devant un parterre de teufeurs. De quoi faire passer la fête d’anniversaire de Tony Stark dans Iron Man 2 pour un sommet du 7ème Art.
Et le plus rageant dans cette histoire, outre le fait d’avoir fait un carton dans un contexte de crise et de pandémie qui en a laissé plus d’un sur le carreau, c’est que la carrière et la crédibilité artistique d’Andy Serkis risquent difficilement de s’en remettre. Fidèle collaborateur de Peter Jackson, l’interprète inoubliable du Gollum du Seigenur des Anneaux avait pourtant laissé entrevoir un certain potentiel de cinéaste avec Mowgli, la légende de la jungle, premier long-métrage sacrifié en douce sur Netflix et dont le point de vue très personnel et la noirceur lui permettait de se démarquer du Livre de la Jungle de Jon Favreau. Il y a vraiment, vraiment, des baffes qui se perdent.
Image
La photographie du vétéran Robert Richardson a beau être très en deçà de ses plus grandes réussites (Casino, Né un 4 juillet, Kill Bill), le transfert Dolby Vision sublime ostensiblement les nombreux détails des affrontements nocturnes et incandescents de Venom et Carnage. Une copie de référence et une preuve supplémentaire des prouesses du format UHD, en dépit d’un film raté dans les grandes largeurs.
Son
Robuste et dynamique, la piste française ne peut pourtant pas rivaliser avec un Dolby Atmos bluffant de précision et de puissance et qui donne envie de pousser ses équipements dans leurs ultimes retranchements.
Interactivité
Réservés au disque blu-ray standard inclus dans l’édition 4K, nous n’avons malheureusement pas pu y avoir accès. Mais le menu semble copieux avec une sélection de featurettes touchant à de nombreux aspects de la réalisation, des prévisualisations, des scènes coupées et un bêtisier. Pas sûr que cela suffise à transformer le plomb en or mais on peut toujours espérer y glaner quelques (bonnes ?) surprises.
Liste des bonus
« Que l’action soit » (7 minutes), Bêtisier (3 minutes), 6 scènes coupées et alternatives (9 minutes), « Eddie et Venom » : le drôle de couple (10 minutes), « Une toile emmêlée » : easter eggs (4 minutes), « Cletus Kasady, malade et tordu » (5 minutes) , « Une belle histoire d’amour : Cletus et Shriek » (5 minutes), « Du concept au Carnage » (4 minutes), 3 prévisualisations de scènes (8 minutes), Bande-annonce.