VAMPIRE… VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ?
Fright Night– États-Unis – 1985
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Tom Holland
Acteurs : Roddy McDowall, Chris Sarandon, William Ragsdale, Amanda Bearse, Stephen Geoffreys
Musique : Brad Fiedel
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 anglais, français, allemand…
Sous-titre : Français, anglais, allemand, arabe…
Durée : 106 minutes
Éditeur : Sony
Date de sortie : 05 octobre 2022
LE PITCH
Amateur passionné de cinéma fantastique, Charley Brewster vit entre sa mère et sa petite amie. Son existence se déroule sans surprise, jusqu’à l’arrivée d’un mystérieux voisin dont le comportement l’intrigue. Il est bientôt persuadé que ce curieux personnage, Jerry Dandrige, est en réalité un vampire. Mais personne n’est prêt à le croire…
You’re still so cool Brewster !
Authentique classique du film de vampire ou objet nostalgique comme ultime témoin d’une décennie idéalisée, Fright Night est bien entendu entre les deux. Un petit objet de culte, malin et sincère qui traverse aisément les années grâce à la ténacité de Tom Holland, futur réalisateur du premier Chucky.
Monstre phare du cinéma fantastique des décennies durant, passant des mains expertes des expressionnistes du muet aux élégantes productions Universal avant de finir dans le velours rougeoyant du sanglant studio Hammer, les vampires étaient déjà hasbeen dans les années 80, relégués aux diffusions nocturnes sur les chaines locales américaines. Un projet comme celui de Fright Night, comédie horrifique refusant totalement les facilités de la parodie lourde, faisait clairement tache dans le paysage. Mais profitant d’une petite aura de scénariste malin grâce à ses participations à Class of 1984 (Mark L. Lester), Psychose II et Jouer c’est Tuer (tous deux de Richard Franklin), Tom Holland dont c’est ici la première réalisation, réussit à faire produire par la Columbia une série B à petit budget faisant appel à tout l’attirail envisageable : ails, pieux dans le cœur, chauve-souris, cercueil… Et même un chasseur de vampire de pacotille, Peter Vincent (Rody McDowall, alias Cornelius dans La Planète des singes) star déclinante des films d’épouvante aux airs de Peter Cushing du pauvre. Tout est là, mais avec une légère distance, une petite ironie qui n’empêche jamais le respect et la réactualisation délicate.
Douces morsures de rappel
Le film s’apparente ainsi tout autant à une version surnaturelle de Fenêtre sur cour (le voisin est un vampire mais personne ne croit le héros) qu’une comédie teen où le mal être du pote geek, Evil Ed, et la sexualité maladroite du couple Charley / Amy, trouvent un écho aussi libérateur qu’inquiétant dans la présence du prédateur Jerry Dandridge, vampire suave et menaçant auquel le sous-estimé Chris Sarandon prête une posture incroyablement sexy. Un éveil des sens et une sensualité omniprésente dans Fright Night, mélange troublant entre romantisme exacerbé (la piste de la réincarnation de la dulcinée bien avant le Dracula de Coppola) et la bestialité qui donne au film ses plus belles séquences, d’une scène de danse hypnotique dans une boite de nuit, à une transformation impressionnante et généreusement fournie en crocs de la douce Amy en maitresse vorace. Quelques années avant un Génération perdue qui lui doit beaucoup, dix ans avant la série culte Buffy contre les vampires, Tom Holland invoque le mythe vampirique pour servir de catharsis aux questionnements identitaires liés à l’adolescence, avec une sensibilité qui tranche outrageusement avec la débauche d’effets spéciaux physiques (maquillages, latex…) qui impressionnent aujourd’hui encore par leur efficacité et la puissance de leurs designs. Le retour déchirant du pauvre Evil Ed de sa condition de loup-garou à pauvre gosse terrorisé reste un intense moment qui doit autant à la créature de l’équipe de Richard Edlund (Star Wars, SOS Fantômes) qu’à la prestation du jeune Stephen Geoffreys (Comme un chien enragé, 976-Evil). Baigné dans les thèmes évocateurs d’un Brad Fiedel (Terminator) particulièrement inspiré dans son mélange de synthétique, de mystère et de mélodies gothiques Vampire, … vous avez dit vampire ? a des petits airs de miracle qui, comme le veut l’adage, a souvent été copié, mais jamais égalé.
Image
Après un passage remarqué par chez nous chez Carlotta, Sony reprend la main sur Fright Night et ressort la copie 4K du film mais cette fois-ci sur support UHD. Déjà très impressionnant sur Bluray malgré un traitement presque uniquement numérique, le master prend véritablement ses aises sur le nouveau format, délaissant la moindre imperfection, venant creuser plus consciencieusement le moindre élément de l’image, s’engouffrant dans les décors et les matières. Mais avec le traitement attendu HDR, ce sont les couleurs qui font vraiment la différence, les rouges et bleus assurant une vivacité inédite et les noirs prégnants faisant preuve de subtilités insoupçonnables. Seule encore une fois la définition est sans doute un chouia en dessous du potentiel. Ça nous laisse une marge de progression pour une pénultième édition ?
Son
Si les puristes noteront une disparition de la piste française stéréo d’origine au profit du seul DTS HD Master Audio 5.1 (mais assez bien fait cependant), la grosse nouveauté sonore de l’édition est l’ajout d’un Dolby Atmos anglais. Jamais de déception de ce côté-là, tout en préservant les sonorités d’origines et une dynamique pensée pour les enceintes avants, le mixage affine brillamment les ambiances, redessinent les sources et leurs effets. Il développe aussi des sensations spatiales percutantes que ce soit en appuyant les accents horrifiques classiques (hurlements, vent, craquements…) ou dynamisant les atmosphères réelles. La séquence nocturne s’achevant dans la boite de nuit est à ce titre un vrai régal.
Interactivité
Après le superbe Steelbook de Carlotta voici le superbe Steelbook de Sony avec bien entendu le même visuel de l’affiche. Au-delà de l’apparition du disque 4K, le coffret de Sony se montre plus généreux encore dans son interactivité, voir même semble bien décidé à jouer la carte de l’exhaustivité. Contenus sur le Bluray du film mais aussi sur un Bluray uniquement dédié aux suppléments, ces derniers compilent de nombreuses interviews croisées, conférences publiques, retrouvailles en réel ou en face time, venant forcément régulièrement plus ou moins la même chose, mais toujours avec un plaisir communicatif et de nombreuses anecdotes. On trouve aussi une discussion avec Amanda Bearse autour des symboliques sexuelles et homosexuelles du film ou un sujet sur l’adaptation officielle en roman (inédit chez nous malheureusement comme les suites rédigées par Tom Holland en personne) et même une lecture complète du scénario effectuée par les acteurs principaux et quelques guest stars dont Rosario Dawson et surtout Mark Hamill, absolument génial en Peter Vincent. Une drôle d’idée enregistrée affin de collecter des fonds pour le parti démocrate du Michigan, preuve que ces gens là ont beaucoup de goûts.
A ces déjà nombreuses heures de visionnage s’ajoutent les deux commentaires audios très complets encore inédits chez nous et surtout l’incontournable documentaire T’es tellement cool, Brewter ! Un making of rétrospectif impressionnant dans sa longueur (plus de deux heures), mais aussi dans son contenu car réunissant toutes les personnes ayant participé au film, des acteurs au compositeur en passant par les petits génies des effets spéciaux. Si on se serait bien passé des petits sketchs (heureusement pas trop longs) qui ouvrent chaque chapitre, le reste est un modèle de sérieux, de discours francs (les épisodes les moins glorieux de la production sont évoqués), de décontraction, de nostalgie et de précisions techniques. Incontournable pour les fans cela va sans dire. A part une copie de Vampire… vous avez dit vampire 2 ? on ne voit pas ce que l’éditeur pourrait trouver à ajouter.
Liste des bonus
Commentaire audio de Tom Holland, Chris Sarandon et Jonathan Stark, animé par Tim Sullivan (VOST), Commentaire audio de Tom Holland, William Ragsdale, Stephen Geoffreys et Randall Cook, animé par Jeremy Smith et Tim Sullivan (VOST), Storyboard d’une scène coupée présenté par Tom Holland (8’), « T’es tellement cool, Brewster ! » : documentaire détaillé sur le film (2016, 146’), « Vampire, … vous avez dit vampire ?, c’est quoi » : l’équipe technique et artistique parle du film (2016, 10’), « Tom Holland : l’écrivain de l’horreur » : rencontre avec le réalisateur et l’équipe du film (2016, 9’), Bande-annonce alternative présentée par Tom Holland (2’), Bandes-annonces (3’), Lecture du scénario pour le 35e anniversaire du film (2022, 157’), « Point de vue queer » : conversation entre Bryan Fuller et Amanda Bearse (2022, 43’), L’adaptation littéraire du film : entretien avec Tom Holland, John Skipp, Craig Spector et Mark Alan Miller (2022, 8’), « Roddy McDowall : du singe à la chauve-souris » : l’équipe du film se souvient de Roddy McDowall (2016, 21’), Tom Holland et Amanda Bearse parlent du film (29’), Table ronde avec Tom Holland, Stephen Geoffreys et William Ragsdale (16’), « Shock Till You Drop » : Tom Holland et Ryan Turek (28’), La première réunion de l’équipe du film au Fear Fest 2 (2008, 54’), Panel au « Weekend of Hell » avec Amanda Bearse et Stephen Geoffreys (2015, 13’), Images brutes des coulisses (94’), Étude des storyboards effets spéciaux (10’), Diaporamas (6′).