URBAN LEGEND
États-Unis – 1998
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Jamie Blanks
Acteurs : Jared Leto, Alicia Witt, Rebecca Gayheart, Michael Rosenbaum, Loretta Devine, Joshua Jackson, Tara Reid, John Neville, Robert Englund, Brad Dourif, Danielle Harris
Musique : Christopher Young
Durée : 98 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 01 juin 2022
LE PITCH
Les étudiants de l’université de Pendleton suivent assidûment les cours consacrés aux légendes urbaines qui évoquent des histoires terrifiantes dont on ignore l’origine. Lorsqu’une élève est sauvagement assassinée et que d’inexplicables disparitions surviennent, seule Nathalie Simon soupçonne un lien avec les légendes. Elle tente de donner l’alarme, mais personne ne veut la croire. Paul Gardener, un jeune journaliste avide de sujets à sensation, se décide à explorer cette piste.
papuche ?
Rejeton direct d’une saga Scream naissante, Urban Legend fait partie de la poignée de neo-slashers qui ont réussi à garder une petite aura vingt ans plus tard. Pas un classique loin de là, mais un film d’horreur teen relativement malin et surtout particulièrement bien troussé.
Sorti sur les écrans à peine un an et demi après le succès du Scream de Wes Craven et Kevin Williamson, Urban Legend est cependant déjà le deuxième film du genre produit par Neal H. Moritz, (désormais fier tonton de la saga Fast and Furious) juste après le plus classique Souviens toi l’été dernier. Opportuniste forcément, surtout lorsqu’il voit passer le script du débutant Silvio Horta (Ugly Betty) qui, en définitive, ne fait que remplacer les multiples références cinématographiques de Scream par celles à de fameuses légendes urbaines, elles-mêmes bien souvent à l’origine de film d’horreur bien connus comme Black Christmas ou Terreur sur la ligne, eux-mêmes cités dans… Scream. On y revient toujours. D’ailleurs les cours en histoire du cinéma de Scream 2 sont remplacés par ceux sur ces légendes urbaines donnés par un certain Robert Englund. Du coté des guest de cet acabit on notera aussi celle de la jeunette Danielle Harris (nièce de Myers dans Halloween 4 et 5) en colloc gothique et autodestructrice et bien entendu Brad Dourif (entre autre célèbre voix de Chucky) en propriétaire inquiétant d’une station essence. Un personnage qui apparait dans une séquence d’ouverture choc et bien tendue, annonçant parfaitement la couleur puisque n’étant pas sans rappeler le sketch signé par John Carpenter pour la mini anthologie Bodybags.
Appels de phares
Une parenté avec le maitre de l’horreur que n’a jamais caché Jamie Blanks, ici lui aussi débutant, véritable admirateur du créateur d’Halloween, et dont on retrouve, toute proportion gardée, un véritable respect pour le genre. Si références il y a, elles sont sans cynisme aucun, le réalisateur préférant marier comédie de campus et horreur avec un sérieux presque inébranlable. Ses personnages d’ados, tous interprétés par des jeunes gueules échappées de la télévision comme Alicia Witt (Cybill), Jared Leto (Angela 15 ans), Joshua Jackson (Dawson), Rebecca Gayheart ou Michael Rosenbaum (Smallville), s’avèrent mieux incarnés et crédibles que la moyenne et déjouent avec une certaine sobriété les figures archétypales habituelles. Le whodunnit attendu fonctionne plutôt bien et si les meurtres, gentiment brutaux voir spectaculaires, développent la thématique « urban legend » avec une mécanique parfois un peu forcée, c’est surtout le travail de Jamie Blanks qui assure la réussite de l’ensemble. Il s’appuie ainsi sur une photographie léchée, sur une construction de la tension parfaitement gérée, des atmosphères parfois à la lisière du fantastique voir du giallo (sillon qu’il creusera avec le suivant Mortelle Saint Valentin) portées par la bande originale tortueuse et inquiétante d’un Christopher Young particulièrement inspiré. De quoi faire oublier en effet un petit manque de profondeur justement sur la raison d’être et la portée de ces fameuses légendes urbaines (on reste ici dans le gimmick), et une approche plus adulte du slasher manifestement un peu étouffée dans l’œuf par la production de l’époque.
Sans prétention, mais divertissant, efficace et solidement mis en scène, Urban Legend connaitra comme ses petits camarades ses propres suites, en l’occurrence bien moins recommandables, tandis que Jamie Blanks continuera de démontrer un temps son approche farouche du cinéma d’horreur avec Mortelle Saint Valentin, Storm Warning et le remake de Long Weekend… Eux non plus pas vraiment jugés à leur juste valeur.
Image
Le précédent Bluray édité il y a une bonne dizaine d’années par Sony étant épuisé, ESC a toute légitimité pour ressortir le film sur format HD. Un peu tristement cependant, tout comme la ressortie collector US chez Shout, le master est toujours le même. Soit une remasterisation uniquement numérique, sans retour à la source, qui affiche certes toujours la même propreté d’affiche, la même stabilité et dans l’ensemble un rendu tout à fait appréciable, mais qui manque aujourd’hui encore plus, d’un peu de mordant dans sa définition, de profondeur dans le piqué.
Son
Les deux pistes DTS HD Master Audio 5.1 n’ont eux pas pris une ride avec une dynamique des plus présentes, venant musclés les petits moments de tensions et les diverses confrontations, et des ambiances parfaitement rendues, amples et enveloppantes, idéales pour ce genre de spectacles.
Interactivité
Là où justement les USA ont eu les honneurs d’une édition double disque 20ème anniversaire avec un gigantesque making of et des scènes coupées inédites, la France doit malheureusement se contenter de beaucoup moins. En l’occurrence avec les suppléments déjà disponibles sur la précédente éditions (c’est déjà ça) à savoir un commentaire audio très détendu et bourré d’anecdotes enregistrées par le réalisateur, le scénariste et Lex Luthor, ainsi qu’un petit making d’époque avec quelques images de coulisses, le bêtisier et une petite scène coupée montrant une partie de jambes en l’air plutôt rigolote entre Parker et Sasha.
ESC a tout de même produit un bonus en interne, dont on retrouvera apparemment le prolongement dans les prochains blurays d’Urban Legend 2 & 3, à savoir une petite conversation en compagnie de Marie Casabonne, Guillaume Le Disez et Claude Gaillard, auteurs (entre autres) de l’ouvrage « Slashers – Attention, ça va couper… ». Retour sur les néo-slasher et leurs particularités, sur la genèse du film, le casting jeune et sa mise en image des fameuses légendes urbaines, évocations des scènes les plus réussies… On reste malheureusement un peu trop en surface ici.
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur, du scénariste Solvio Horta et de Michael Rosenbaum, Table ronde inédite autour de la trilogie Urban Legend, avec Marie Casabonne, Guillaume Le Disez et Claude Gaillard, Making of (7’), Scènes coupées, (2’), Bêtisier (2’), Bandes annonces.