UNE ROBE NOIRE POUR UN TUEUR
France – 1981
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : José Giovanni
Acteurs : Annie Girardot, Claude Brasseur, Bruno Cremer, Jacques Perrin, Catherine Allégret, Arielle Dombasle, Richard Anconina…
Musique : Olivier Dassault
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour sourd et malentendants
Durée : 107 minutes
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 17 mai 2024
LE PITCH
Florence Nat est une grande avocate du barreau de Paris. Parmi ses causes difficiles, elle a défendu Simon Risler condamné à mort pour le meurtre d’un inspecteur de la brigade des finances. Un témoin de ce meurtre, l’inspecteur Reynolds accuse Simon Risler d’un mobile qui n’est pas le vrai. Risler décide alors de s’évader afin de prouver le véritable mobile. Blessé, il demande asile à son avocate.
Les évadés
Signature importante, voir presque centrale, du cinéma français des années 60/70, José Giovanni se sera plié assez rapidement à l’exercice de la réalisation. Si Dernier domicile connu ou Deux hommes dans la ville sont restés à la postérité, Une Robe noire pour un tueur aura quasiment disparu des écrans et des souvenirs.
Film invisible depuis des lustres, ou alors dans des conditions très difficiles, Une Robe noire pour un tueur n’avait effectivement pas vraiment attiré les foules lors de sa sortie salle ou provoqué l’enthousiasme de la critique. Pourtant l’affiche était plus qu’alléchante avec une Annie Girardot en fière avocate bataillant conte la peine de mort et les injustices, Claude Brasseur en vieux délinquant aux airs de bouc émissaire, Bruno Cremer en ancien médecin reconverti en responsable d’un centre de réhabilitation pour jeunes drogués (où on reconnait le jeune Anconina et une Arielle Dombasle au naturel et donc méconnaissable) et Jacques Perrin toujours aussi parfait en flic sournois et froidement calculateur. Joli casting, solide et incarné qui livre effectivement de nombreuses performances très réussies, du monologue engagé et passionné de Girardot en ouverture, à quelques échanges à priori anodins dans les cafés parisiens ou dans les salles d’audience, cependant pas toujours au service d’un scénario des plus maitrisés et équilibrés.
Entre deux audiences
Associé à Monique Lange (La Prisonnière, Un Homme et une femme 20 ans déjà), Giovanni nous ressert ici ses habituelles obsessions, de la question de la peine capitale à l’évocation des trajectoires de vies brisés des criminels, et ici de jeunes toxicos, ou de l’absurdité du système judiciaire français, mais y ajoute aussi autant quelques élans romantiques peu convaincants entre l’avocate Florence Nat et son ancien amant, et une vaste trame policière autour d’un complot politico-industriel particulièrement nébuleux et franchement flou. Un ingrédient tout à fait dans le ton de l’époque, au sortir des années 70 et des années Giscard d’Estain plutôt riches en complots de ce type, mais que le réalisateur semble vouloir tellement garder à distance de la compréhension de ses protagonistes que cela en devient franchement accessoire et relativement caricatural. Le film ne manque ainsi pas de faiblesses, bordé d’une certaine naïveté dans la description du centre d’accueil par exemple, mais il reste suffisamment soigné et solidement tourné pour rester un petit polar à l’ancienne tout à fait recommandable. La lente descente de Brasseur vers la guillotine dans l’authentique maison d’arrêt de Corbeil, renvoie joliment à son Deux hommes dans la ville, les inserts d’entretien entre l’avocate et d’autres clients ne manquent pas de véracité, les rares scènes de poursuites ou d’échange de coups de feu sont toujours très efficaces, et l’ensemble baigne dans ce savoir-faire typique de l’époque, qui savait conjuguer divertissement populaire, petites ambitions politiques et sociétales et maitrise artistique.
Du début à la fin, on sait bien évidemment où ce chassé-croisé de juristes, de petits truands et de flic ripoux va nous mener et que la fuite vers la liberté de Simon Risler n’a qu’une seule issue, mais on se laisse aisément embarquer.
Image
Jamais ressorti en vidéo après sa première VHS, et a priori totalement invisible depuis des lustres, Une Robe noire pour un tueur revient directement au format Bluray grâce à Coin de mire et TF1 Studio avec un master inédit produit en 4K à part des scans des négatifs. Mais manifestement la source initiale devait vraiment être abimée car malgré les efforts de restaurations et de nettoyage des restes de griffures verticales bleutée persistent parfois, et l’utilisation de logiciel de degrainage aplatit certaines matières et arrières-champs. Rien de catastrophique au demeurant, les cadres sont tout de même très soignés, la photographie autrefois juste grisâtre retrouve un peu de profondeur du coté des teintes terreuses, et le petit grain persistant vient souligner un piqué bien creusé.
Son
Restauré par la même occasion, la piste audio française mono est redisposée dans un DTS HD Master Audio 2.0 clair et ferme. Les dialogues portent bien, sans perdition, et si les ambiances semblent parfois un peu fermées, les sorties musicales d’Olivier Dassault ajoutent un soupçon d’intensité.
Interactivité
En 1981, la belle époque des actualités au cinéma étant terminée, la fameuse « séance complète de l’éditeur » perd une partie de sa programmation. Reste donc la bande annonce de L’étoile du nord avec Noiret et Signoret (disponible dans la même collection) et une sélection de réclames de l’année 1981, tout à fait typique de ce début de décennie. Quelques grands moments de kitchs certainement (vive la réduction de la cellulite au laser !), de grands classiques comme le « pur arabica » de Nescafé, mais aussi quelques vraies créations comme le spot très stylisé pour la RATP avec Richard Gotainer à la musique.
En plus de cette option, on retrouve aussi une nouvelle présentation signée Julien Comelli. Un petit sujet où il replace le film dans les carrières de Giovanni et Annie Girardot et où il nous ressert sa petite marotte de la fin du grand cinéma français, voyant en Une Robe noire pour un tueur l’un des derniers vrais polars hexagonaux avant l’arrivée d’une production 80/90 qu’il n’apprécie manifestement que très peu.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque (10’), « Le Crépuscule des grands seigneurs » : documentaire de Julien Comelli (11’).