UN HOMME EN COLÈRE
Wrath of Man – Royaume-Uni, Etats-Unis – 2021
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Guy Ritchie
Avec : Jason Statham, Holt McCallany, Rocci Williams, Josh Hartnett, Jeffrey Donovan, Scott Eastwood…
Musique : Christopher Bernstead
Durée : 118 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Films
Date de sortie : 28 septembre 2021
LE PITCH
Un convoyeur de fonds fraîchement engagé étonne ses collègues par l’incroyable précision de ses tirs de riposte quand ils sont attaqués par des braqueurs expérimentés. Tous se demandent désormais qui il est et d’où il vient…
Get Statham
Il avait été fragilisé par les contre-performances de The Man from UNCLE et de son King Arthur : Legend of the Sword, deux blockbusters pourtant bien au-dessus du tout venant. Les succès d’Aladdin et, dans une moindre mesure, The Gentlemen l’ont remis en selle. Guy Ritchie est donc à nouveau libre d’aller de l’avant et il s’attaque aujourd’hui à un remake du Convoyeur de Nicolas Boukhrief dont il tire un thriller hargneux et minéral dominé par un Jason Statham plus taiseux et charismatique que jamais. Hardcore, mate !
Comme c’est souvent le cas, il est amusant de comparer la bande annonce d’Un homme en colère au film en lui-même. Non content de spoiler une partie du film de manière assez agaçante (tous les twists sont grillés, sauf un), le montage promotionnel de deux minutes tente de nous vendre ce qui n’existe pas tout à fait, à savoir un vigilante flick de petit malin, violent et rythmé par les répliques lapidaires d’un Jason Statham toujours prêt à froncer les sourcils, à botter les culs et à faire parler la poudre, accent cockney et guttural à l’appui. Du pur Guy Ritchie. Du pur Statham. Sauf que non.
Rythmé par le score grave et percussif de Christopher Bernstead, Un homme en colère ouvre une fenêtre sur un Guy Ritchie plus sombre qu’auparavant, nageant avec la rigueur d’un vieux loup de mer dans les eaux impitoyables du polar hardboiled des 70’s. On pense à Richard Fleischer, Michael Winner, John Carpenter ou Mike Hodges (période Get Carter plutôt que Flash Gordon, ça va sans dire). En dehors d’une narration déconstruite en quatre chapitres multipliant les allers retours dans le temps pour mieux lever le voile sur la vraie nature et les motivations de ses nombreux protagonistes, Ritchie se débarrasse ici de la totalité de ses tics stylistiques d’antan, troquant son joyeux bordel post-Tarantino sous acide pour une mise en scène de métronome à l’intelligence redoutable. Filmé en plan séquence à l’intérieur d’un fourgon avec une caméra dont la mobilité se limite à une poignée de panoramiques gauche-droite, le braquage qui ouvre le métrage force le respect par son économie de moyens et sa violence sèche.
Death Wish
La différence fondamentale entre Le convoyeur de Nicolas Boukhrief et cet Homme en colère tient davantage à la carrure de son acteur principal qu’à un changement de décor, Ritchie filmant les rues de Los Angeles à l’épure, soulignant seulement l’extrême dangerosité de cette mégalopole de bêton et de verre sans avoir recours à ses contours emblématiques. Là où Albert Dupontel composait un personnage ambigu, sociopathe déterminé et inquiétant mais faillible et pas forcément rompu à l’art de la guerre, Jason Statham impose une lecture forcément à l’opposé. Ritchie l’entoure d’une aura quasi-mythologique et le filme d’un seul bloc. H est une putain de légende et l’ange de la mort en personne, un homme revenu de la mort pour appliquer une vengeance aux proportions bibliques. Ce n’est bien évidemment pas la première fois que Statham joue les vengeurs indestructibles mais l’intensité de H lui permet de franchir un nouveau palier. Chaque fois que le personnage semble avoir mordu la poussière sous les balles de ses adversaires, Ritchie prend le temps de filmer son regard, fixé sur sa prochaine cible, un regard qui n’a plus rien d’humain. Dans ces courts instants, Un homme en colère flirte avec l’horreur pure.
Mais Statham n’est pas le seul à sortir gagnant de la mise en scène au cordeau de son pote Guy Ritchie. L’écriture et la caractérisation sont absolument impeccables. Il en faut peu au réalisateur de Snatch pour rendre immédiatement crédibles les convoyeurs de fonds servant d’appât dans la croisade de H. Quelques dialogues bien sentis dans des vestiaires où la solidarité le dispute à une rancœur sous-jacente et les trognes des toujours indispensables Holt McCallany et Josh Hartnett suffisent. Et il en va de même pour le mystérieux agent campé par Andy Garcia, complice silencieux de H, ou pour le braqueur ambivalent auquel un Scott Eastwood enfin digne de son paternel prête ses traits de beau gosse frondeur.
Culminant dans une fusillade dévastatrice et douloureuse au bodycount spectaculaire, Un homme en colère frappe fort avant de s’achever sur une note amère, à la fois sinistre et émouvante et où le meurtre d’un enfant ne peut recevoir comme justice que l’application la plus stricte de la loi du Talion.
Image
L’UHD apporte stabilité à toute épreuve et définition pointue à une photographie sombre et grisâtre et au grain discret tout en faisant ressortir les rares couleurs (les dominantes bleu et rouges du bar, le rouge du repaire des pédophiles). La profondeur de champ des plans aériens est stupéfiante.
Son
La version française accorde un soupçon de présence aux dialogues, doublage oblige. La version originale est plus cohérente avec une acoustique oppressante avec des basses qui prennent aux tripes et des coups de feu traversant l’espace avec force et précision.
Interactivité
Deux featurettes qui, mises bout à bout, n’atteignent même pas 4 minutes. C’est tellement riquiqui que même le message promo n’a pas le temps de passer.
Liste des bonus
Le casting, Le réalisateur.