UN ÉTÉ EN LOUISIANE
The Man in the Moon– Etats-Unis – 1991
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Robert Mulligan
Acteurs : Reese Witherspoon, Sam Waterston, Tess Harper, Emily Warfield, Jason London, Gail Strickland…
Musique : James Newton Howard
Durée : 99 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 4 juin 2024
LE PITCH
Une jeune fille, Dani, et sa sœur l’ainée Maureen, ont toujours partagé leurs secrets. Mais lorsqu’un beau garçon emménage dans la maison à côté, les deux sœurs deviennent des rivales…
Dans la chaleur de l’été
La carrière de Robert Mulligan n’est pas de celles qui font la une des rétrospectives. Plutôt discret il n’a réalisé qu’une vingtaine de films étalés sur quatre décennies. Pas toujours des films marquants, certes mais une ligne directrice suffisamment cohérente pour s’y attarder quelque peu.
Son été en Louisiane est son chant du cygne. Le dernier film qu’il réalisera à un automne déjà bien avancé de sa vie. Pourtant, son film parle de la jeunesse, des premiers émois face aux battements d’un cœur amoureux, de ces sentiments qui n’ont pas de prise sur l’âge. En cela, son film se rapproche d’Un été 42 son grand succès avec Du silence et des ombres même si ceux-ci ont déjà trente et quarante ans d’âge.
C’est poussé par le réalisateur Alan J. Pakula que Robert Mulligan trouve assez de confiance en lui pour oser prendre son envol. Il a beau avoir un pedigree solide à la télévision, le passage au grand écran est toujours compliqué. Mulligan est un amoureux des acteurs, pour lui, plus que la mise en scène leur direction est l’étape primordiale qu’il chérit le plus et ça se sent. Que ce soit avec des stars confirmées comme Rock Hudson, Gregory Peck ou Steve MacQueen ou de jeunes débutants comme ici Reese Whiterspoon, il ne change pas son fusil d’épaule. Il consacre régulièrement plusieurs semaines aux répétitions avant tournage pour ne rien laisser aux hasards en termes de jeux. Si le réalisateur sait aborder différents sujets de société dans les genres qu’il a explorés, c’est dans le drame que son savoir-faire émerge le plus facilement. Quoi de plus logique pour lui de clôturer sa carrière sur un film comme Un été en Louisiane.
A cœur battant
Il n’est pas étonnant de retrouver Mark Rydell (La maison du lac) au poste de producteur. Les deux hommes ont l’air de partager la même sensibilité, la même approche des sentiments troublés qui accompagnent leurs personnages respectifs. Le titre en version originale est plus représentatif car Man on the Moon peut être une parenthèse dans la vie de Dani Trant. La toute jeune Reese Witherspoon découverte lors d’un casting sauvage déborde de naturel. Elle a le même âge que son personnage, 15 ans. L’âge où elle s’éveille à l’amour face à son beau voisin plus âgé qu’elle. Le film aborde le fameux passage vers l’âge adulte, celui où l’on se sent assez armé pour décider d’arrêter de déballer ses sentiments, ses états d’âmes comme Dani le fait à l’esprit invisible qui semble l’observer depuis la lune du titre. La jeune fille grandit, s’émancipe, tire les posters de son idole dans sa chambre. Elvis est remplacé, un autre homme a pris sa place. Mais l’amour n’est jamais simple, le jeune homme en pince pour la grande sœur. Robert Mulligan arrive à donner toute la sensiblerie à son film sans jamais tomber dans la mièvrerie ; s’il filme l’adolescence avec beaucoup de délicatesse, il n’en oublie pas les adultes. Eux aussi traversent des moments peu paisibles mais jamais larmoyants. Le dernier acte plonge le spectateur tout comme son casting vers d’autres sentiments, s’ils sont difficiles, ceux-ci ne sont pas gratuits. Les personnages apprennent, grandissent, pour mieux se comprendre sans forcément avoir à l’exprimer. Pour cela, il est toujours plus facile d’en parler à l’homme dans la Lune, car quelles que soient les parenthèses de la vie, il sera toujours là pour écouter.
Robert Mulligan achève son film avec la même délicatesse qu’il l’a débuté. Si la musique de James Newton Howard est un tantinet trop appuyé, l’équilibre reste juste. La photo du génial Freddie Francis (habitué de Joseph Losey et de David Lynch), va dans ce sens, un écrin visuel entre rêve et réalité. Un film tout doux qui avance doucement pour rester dans le cœur de ses personnages comme un vieux sentiment empreint de mélancolie.
Image
Sorti en 2017 aux États-Unis, le master semble provenir de la même source. Une copie lumineuse qui fait la part belle aux extérieurs et aux contrastes. La photo de Freddie Francis est bien mise en valeur avec sa texture ouatée. Le grain lui aussi est agréable et le piquet de l’image est très satisfaisant.
Son
Si le son est propre et non entaché de souffles, la piste audio a tendance à privilégier les dialogues aux ambiances dans les moments de conversation. En dehors de cela, la dynamique est très acceptable.
Interactivité
Nicolas Cébile se frotte à l’exercice du bonus. Professeur de cinéma et documentariste, il évoque la carrière de Robert Mulligan avec beaucoup d’amour et de passion. Un complément des plus agréable pour découvrir ce cinéaste que beaucoup ont oublié.
Liste des bonus
Interview de Nicolas Cébile, enseignant à l’université Rennes 2 (31’), Bande-annonce (3’).