Même si Claude Berri avait été de bons conseils en poussant Yvan Attal à opter pour son premier film pour une comédie bien sentie sur le couple, avec Ma Femme est une actrice, sa carrière de cinéaste reste du coup fondé sur un malentendu. Car loin des happy end et des grands sourires, les films qu’il signent traitent, surtout et durement, finalement du devenir du couple, de sa difficile résistance sur la durée et de son épreuve face au temps et aux drames de la vie. Et il en est forcément question dans Un coup de dés dans cette amorce de double portrait de couples amis pour la vie, en particulier les deux hommes proches depuis l’enfance et désormais associés, dont les équilibres vont voler en éclat avec l’arrivée de la maitresse de Vincent. Les femmes sont sans pitié et Maïwenn, l’épouse trompée, ira même jusqu’à l’agresser en public, tandis que Marie-Josée Croze droit dans ses bottes fustige généreusement la caste masculine. Reste Mathieu (Yvan Attal) et Vincent (Guillaume Canet) eux sont liés par une dette passée sous silence, mais le premier ne supporte pas la trahison d’un pote idéalisé, avant de s’effondrer lui-même dans un vaudeville tristement prévisible. Et les choses ne s’arrangent pas lorsque la jeune femme est retrouvée morte dans son appartement.

L’étau

De l’habituel marivaudage sérieusement bourgeois (maison de luxe, soirées sur les yacht et fils qui font de grandes études…), Attal aimerait alors nous faire croire à un croisement contemporain entre le suspens implacable à la Hitchcock, où le protagoniste et le spectateur connaissant le coupable quêtent l’instant où les masques vont tomber, et l’atmosphère lourde à la Chabrol. Et le compositeur Dan Levy joue bien entendu les émules de Bernard Hermann. Malheureusement embourbé dans des personnages terriblement vides (et des acteurs souvent en roue libre) et des effets de style d’une pesanteur édifiante, Un Coup de dés rate à peu près toutes ses cibles, constamment plombé par la voix off d’un protagoniste / réalisateur effrayé à la possibilité de faire perdurer la moindre ombre ou once de mystère à l’écran. Tout est sur-expliqué, sur-décrit, sur-préparé, sur-cliché et donc sans la moindre trace restante de suspens.

Rendez-vous manqué pour Yvan Attal après le bien plus réussi Les Choses humaines, drame intense sur le consentement et les répercussions de ce type de fait divers sur la cellule familiale, qui justement persistait grâce à sa mise en place d’une zone grise dérangeante. Celle-ci est brièvement présente dans Un coup de dés via une séquence d’ouverture alléchante, ambiguë et plutôt bien vue, mais dont le réalisateur ne saura malheureusement jamais vraiment quoi faire par la suite. Dommage.