TRUE DETECTIVE : NIGHT COUNTRY
Etats-Unis – 2024
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Issa López
Acteurs : Jodie Foster, Kali Reis, Fiona Shaw, Finn Bennett, Isabella Star LaBlanc, John Hawkes, Christopher Eccleston…
Musique : Vince Pope
Image : 1.78 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 anglais, français, allemand, tchèque
Sous-titres : français, néerlandais, danois…
Durée : 379 minutes
Editeur : Warner Bros. Home Entertainment France
Date de sortie : 10 juillet 2024
LE PITCH
Alors qu’une longue nuit d’hiver tombe sur la ville d’Ennis, en Alaska, les huit hommes en charge de la station de recherche arctique de Tsalal disparaissent sans laisser de traces. Pour résoudre l’affaire, les détectives Liz Danvers et Evangeline Navarro vont devoir affronter leurs propres démons et creuser les vérités à la recherche des secrets les plus enfouis.
Cold Case
Dix ans après une première saison inoubliable et deux « suites » moins percutantes mais toujours prenantes, True Detective revient avec Night Country. Changement de cadre, changement de scénariste (Nic Pizzolatto n’est que producteur exécutif et la bien fait savoir) et passage à une production majoritairement féminine (actrice, créatrice et réalisatrice…) pour une enquête aux confins du monde et parfois de la raison.
Tache relativement ardue donc pour la mexicaine Issa López, réalisatrice remarquée du film Les Revenants, qui doit ainsi prendre une relève que le créateur initial n’avait pas vraiment envie de transmettre. Pourtant celle-ci multiplie les petits hommages (mais quel est ce symbole ?) et reprend très naturellement cette construction autour d’un duo d’enquêteurs aux méthodes antinomiques, hantés par leurs propres fantômes, mais obsédés par leur affaire au grand dam de la hiérarchie. Une ambiance toujours aussi lourde, une enquête aux détours particulièrement tortueux et, bien entendu, lié à une vieille affaire que tout le monde aurait préféré oublier, Night Country ne manque pas effectivement parfois de donner dans le trop appliqué ou à s’empêtrer parfois un peu trop dans des vies personnelles bien trop complexes et préoccupantes pour une saison de seulement six épisodes. Mais la série sait aussi se nourrir d’autres influences en particulier tout une tradition de thriller du grand froid avec en ligne de mire le The Thing de John Carpenter (on voit même le DVD trôner sur une étagère) avec sa station scientifique dont presque tous les habitants sont retrouvés congelés, dans des positions digne d’un tableau baroque, 30 jours de nuit pour son utilisation de la parenthèse ténébreuse et peut-être même encore plus généreusement des X-Files et du trop discrédité I Want To Believe qui détournait les attentes SF et fantastique pour opter sur un polar glauque, parano et émotionnel.
Cœur de glace
Si True Detective avait régulièrement flirté avec le fantastique, Night Country le fait plus ouvertement transformant sa petite ville défraichie d’Alaska en véritable frontière au bord du monde, lieu devenant durant cette longue nuit le territoire des visions, des revenants et de visions cauchemardesques. Ennis n’est pas qu’un décor, mais bien l’un des personnages principaux, donnant véritablement la sensation d’un lieu hors du temps, primitif, apocalyptique dont la fonte du permafrost libèrerait désormais les effluves maléfiques. Une réalisation soignée et inspirée, quelques vrais grandes séquences chocs (le tournant sec et terminal du 5eme épisodes), des partis-pris parfois assez risqués dont un refus constant du spectaculaire et un climax droit dans les yeux, Night Country use parfaitement de son environnement pour crédibiliser son scénario et une affaire criminelle reliant (et c’est prévisible) meurtres sadiques et mensonges industriels et écologiques, et les rattacher de manière naturelle à la place des populations autochtones… et des femmes dans cette Amérique isolée.
Une proposition de grande qualité, prenante et intelligente, où le ne peut à nouveau que tomber sous le charme de Jodie Foster, livrant comme toujours une performance impeccable, ici dans la défroque de la flic cynique, casse-burne et qui assume pleinement ses travers avec une ironie réjouissante. Bien moins connue, la boxeuse Kali Reis vue dans Catch the Fair One et Black Flies, s’en sort plus qu’honorablement en jouant sur sa masse et ses contours de dure à cuire, pour délivrer un personnage à fleur de peaux. Un duo effectivement dans la veine des saisons précédentes de True Detective mais qui ne démérite pas. Bien au contraire.
Image
Tourné en très haute définition (avec une source 8K et 4K) cette nouvelle saison de True Detective aurait largement pu, comme les précédentes, être proposée sur format UHD. La saison reste pourtant encore prisonnière du support Bluray même s’il faut avouer que celui-ci le lui rend bien. La définition est d’excellente facture, les teintes sombres et chaudes sont parfaitement gérées et la compression HD est pratiquement invisible. Carré.
Son
Les pistes sont proposées de la même façon dans des DTS HD Master Audio 5.1 parfaitement calibrés avec des ambiances plutôt amples et enveloppantes et une clarté toujours plus prononcée accordée aux dialogues. Même si la série n’est pas vraiment portée sur l’action, la dynamique peut se montrer plus énergique à besoin et creuser l’atmosphère souvent inquiétante et oppressantes des épisodes.
Interactivité
Les six épisodes sont répartis sur deux disques Bluray avec pour chacun les récapitulatifs disposés en début d’épisode à la télévision, et quelques featurettes internet aussi courtes (pas plus de 3 minutes) qu’anecdotiques. Certes il y a un bien un sujet sur le thème de la saison et sur l’implication d’acteurs et technicien inuit dans le show, mais on trouve aussi deux présentations assez ridicules servies par Jodie Foster et Kali Reis en mode promo. Un peu gênant.
Liste des bonus
À la rencontre des « True Detectives » (3’), Nouveau Chapitre (3’), Exploration de la culture Inuit (3’), Test de Rorschach (3’), Le Décor (3’), Récapitulatifs des épisodes.